Le vivant au prix du mort

De et Avec : Bernard Llopis

« A n’importe quel prix pour ne pas finir mort »

Notre homme – dit le Boxeur – a installé son barnum sur la place publique.

Il a lancé l’invitation et bientôt il va ouvrir la toile.

Il est prêt à recevoir ceux qui auront bien voulu se déplacer.

C’est une belle bête : 2 mètres – 1 quintal – 50 ans.

Une peu dégarni – grisonnant mais en pleine forme !

Vous pouvez tâter le mollet, empoigner la cuisse, vérifier les dents.

Son dernier test d’effort est impeccable.

Il fume mais il va arrêter : promis !

Il a vu ça à la télé : des diplômés sans travail qui louent un bureau à la journée pour recevoir de potentiels employeurs.

Lui aussi faut qu’il travaille. Qu’il s’use à la tâche. Peut pas rester en place. Peut pas rester sans rien faire. Sans quoi il tourne en rond – il tourne maboule : ça lui donne envie de cogner.

Et ça c’est fini : promis !

Le boxeur s’est entraîné durement.

Il a mis toutes les chances de son côté.

Il a même un site web perso. C’est encore sur papier mais il peut vous le montrer.

Il est plein de ressource.

Il est dégourdi.

Pas manchot.

Sait se servir de ses 10 doigts … et pas que pour cogner non !

Il pourrait faire la manche. Mais non pas vrai ? Travailler c’est mieux !

Par exemple – qu’est ce qu’il pourrait faire par exemple ?

Ben par exemple, il pourrait être représentant de commerce.

C’est bien ça : tu vois du paysage – tu vois des gens.

De porte en porte, tu cognes : « bonjour c’est pour… ». C’est pas grave, tu frappes à la porte d’à côté. Tu frappes jusqu’à ce qu’on te reçoive : allez cogne !

…

Quoi d’autre aussi ?

Homme politique en campagne !

Ça lui irait bien ça : serrer des pognes – dire bonjour et en promettre.

Serrer la main aux vieux des hospices, aux gamins des maternelles, aux forains des marchés, aux jeunes des banlieues « casse toi pauv’con ».

Fais gaffe à qui tu parles ! Si tes parents ont pas su t’élever je vais te montrer comment on fait chez moi  – de père en fils …

…

Il pourrait faire pute parce que les coups il sait aussi les recevoir.

Videur en faction devant une boite de nuit : non toi tu rentres pas, allez s’il te plait me cherche pas…

…

Faut qu’il trouve autre chose.

Quelque chose qui donne pas envie de cogner.

Parce que ça c’est fini : promis !

Il lui a promis depuis qu’elle est en cloque : il se servira plus d’elle comme d’un punshing ball.

Il va faire vendeur de poiscaille à la criée – au vieux port de Marseille – comme cette vieille Nona qui gueulait quand il était petit :

« le vivant au prix du mort ! ».

Jamais il se vendra au prix du mort – jamais il se bradera – c’est pas fait pour lui les têtes de gondoles, le coin des bonnes affaires, les deuxièmes démarques, les prix discounts, les liquidations totales…

…

Font tous chier ! Pourquoi faut toujours discuter le prix ? Pourquoi quand t’annonces la couleur tu sais d’avance que ça va négocier ? Que celui qui va devoir ré évaluer le truc à la baisse c’est toi ?

Font chier !

Ça donne envie de cogner.

…

CREation pREvue pour le printemps 2012

Contacts :

Bernard Llopis +33(0)6 15 79 62 43

Doreen Vasseur +33(0)6 82 91 24 22