Liste arts de la rue

Archives de la liste Aide


Re: [rue] je t'écris de chez toi, je ne suis sûr de rien


Chronologique Discussions 
  • From: laurent driss < >
  • To: Prévost Pierre < >
  • Cc: , FABIENNE QUEMENEUR < >
  • Subject: Re: [rue] je t'écris de chez toi, je ne suis sûr de rien
  • Date: Fri, 3 Aug 2012 00:25:17 +0200

Moi je trouve qu'il est intéressant ce débat, mais j'ai pas encore le temps pour le nourrir...
Mais ça fait du bien, je trouve de parler des questions de fond qui animent notre rapport à la société.
Merci, jacques, et tous les autre, vieux ou pas, fielleux ou non.
laurentdriss

envoyé d'un salon squatté
Le 27 juillet 2012 10:41, Prévost Pierre < " target="_blank"> > a écrit :
Complètement d'accord avec toi Fabienne. C'est un des sujets que nous mettons en avant, avec cette particularité de notre métier que les processus de création s'y font souvent à ciel ouvert et avec un public qui, de facto, contribue à nos productions. La société à tout à gagner de ces frottements créatifs. Une alternative à développer aux fameux et moins intéressants labos de boulot à l'écart du monde.
Ce qui nous fait demander qu'à côté de la culture du "résultat" (la mise en lumière de l'oeuvre qui ne touche finalement que les sempiternels mêmes) s'adjoigne et soit reconnue une culture de la démarche.

Amitiés
Pierre




Le 26/07/2012 18:53, FABIENNE QUEMENEUR a écrit :
Salut Boueb,

Cette idée d'une vingtaine de dates pour roder un spectacle dont parle aussi souvent Jacques serait peut-être à questionner. Nous avons présenté un spectacle trop frais à Chalon l'année dernière et durant cet hiver où de nombreux "partenaires" demeuraient tout à coup injoignables, j'ai eu le temps d'y cogiter : on manque sérieusement de moyens de création. Quand je vois des amis qui bossent dans le théâtre en salle et qui font leur statut d'intermittent qu'avec des cachets de répets et sortent des spectacles certes un peu fragiles, qu'on aime ou pas mais qui correspond à ce qu'ils voulaient faire, je me dis qu'on a encore du chemin à faire pour être moins dépendants de la diffusion. Le fait qu'il y ait trop de propositions démago ou animatoires est aussi lié à ça. Il faut que ça tourne sinon la barque coule. Dans le théâtre en salle ils répètent parfois six mois pour jouer cinq dates et passer à une nouvelle création. Attention je ne les envie pas, c'est bien dommage de ne pas rencontrer le public après tout ce boulot.

Quelque chose me dit que le vent est meilleur, donc il faudrait vraiment mettre l'accent là-dessus. On a besoin de plus de sous pour creuser, peaufiner, vernir. 

... Il faudrait aussi avoir plus de moyens pour se mettre en jachère de temps en temps....

Et on le mérite !

A demain à Mulhouse (et ça y est on les a nos vingts dates au compteur)

Fabienne Quéméneur

Le 26 juil. 2012 à 07:52, boueb a écrit :

Le 26 juil. 2012 à 07:52, boueb a écrit :

Bonjour !

On m'avait encore redit : "A Chalon, ça passe ou ça casse !"
En fait, pour les grands moyens et notre Grève du crime, comme pour beaucoup d'autres : Chalon, ça passe ET ça casse.

On m'avait encore redit : "Ne va pas à Chalon l'année de ta création... si c'est trop vert, ça ne prendra pas !"
Nous avions déjà réussi l'improbable pour une jeune compagnie : vendre en pré-achat 8 représentations.
Ce n'est pas suffisant pour aller au bout du processus de création.
Ce n'est pas, non plus, suffisant, pour espérer faire 20 dates la saison suivante...
Alors nous tentons Chalon pour trouver des partenaires, avec qui nous partagerions des risques pour parfaire notre travail.
Nous n'allons pas à Chalon pour chercher des acheteurs qui saisissent une chance, un ticket gagnant, après que nous ayons pris tout les risques, artistiques et financiers.

La Paperie, notre co-producteur principal, a eu l'intelligence et la folie de nous ACCOMPAGNER depuis 2010 et jusqu'en 2013, depuis l'écriture jusqu'à la deuxième saison. C'est une des clefs de l'évolution des Arts de la Rue, une des solutions contre le formatage. Sans une implication forte et durable des co-producteurs, nous ne tenterons rien de plus que de faire un truc qui tourne, un truc court, drôle avec des prouesses spectaculaires, un truc qui ne coûte pas cher ni à créer, ni à tourner, tant pis si le son est trop fort et pas très bon, tant pis si nous allons à la pêche au rire : pourvu que ça morde..., un truc sans prise de risque artistique, sans la saveur du défi, sans le goût de la nouveauté, sans l'excitation d'une conviction, ni la trouille de l'invention.

Sur la route de Chalon, j'avais l'impression d'approcher de la fin de "Tournez Manège" (rappelez-vous, l'émission télé avec Evelyne Leclerc). Là, à la place d'une demi-heure de questions/réponses entre célibataires, c'est après trois ans et demi de travail (recherche, montage de production, écriture, création, diffusion...), que le rideau s'ouvre face aux 18 programmateurs (pour la plupart debout au fond avec les bras croisés) qui ont eu la bonne idée de venir nous voir à la première de Chalon (la cinquième représentation au compteur de Grève du crime !). Oui, le rideau s'ouvrait, non pas seulement sur l'espoir d'une chaude aventure d'un soir, mais sur un partenaire avec qui passer aussi des longues nuits d'hiver à rechercher des instants de vérité théâtrale de rue. D'une part, ça nous fait très plaisir d'avoir éveillé autant de curiosité, d'autre part ça nous enthousiasme que certains posent des options et que d'autres laissent leurs portes entre-ouvertes et leurs porte-monnaie sous la main pour soutenir les deux sessions de boulot que nous devrons réaliser dans les mois qui viennent. Si nous avions donné un spectacle aussi bon qu'à la deuxième, ces programmateurs auraient pu tenter d'être les initiateurs d'un buzz. L'instant de vérité est passé (et pas trop mal), une expérience théâtrale ne pourra jamais se contenter d'un seul moment de vérité, que d'une seule chance. La prochaine fois nous raterons mieux... nous ne sommes pas idiots, à force d'essayer...

Avec la Fédé, nous devons faire comprendre aux directeurs et co-directrices de CNAR, ainsi qu'aux Régions et aux DRAC, que la création d'un spectacle n'est pas terminé avant, au moins, la vingtième représentation. Si, à nos yeux, bons nombres de créations ne sont pas aboutis, partageons-en les responsabilités. Le premier soir, Bruno de Beaufort me glisse  qu'il "ne pense pas prendre Grève du crime, mais [qu'il aimerait] accompagner le prochain projet". Super ! Merci, j'y penserais (quand j'aurais le temps de relire mes notes, mais j'y penserais). Le lendemain, il s'aperçoit que le CNAR qu'il dirige a coproduit Grève du crime, avant qu'il n'en devienne directeur. Pourvu qu'il plonge tout de suite, en se disant : "le jeu en vaut la chandelle !" (_expression_ théâtrale de l'époque des bougies, qui coûtaient chers et que l'on remplaçaient par des neuves à la fin de chaque acte...).

Bref, nous ne cherchons pas des acheteurs, mais des partenaires...

J'avais depuis le dépot de candidature dédouané Pierre Boisson (directeur du Off à Chalon) du bide que nous aurions pu prendre en pleine gueule à Chalon, et dont "les compagnies mettent du temps à se relever". Après réfléxions, nous avons candidaté au Off. Nous ne risquions pas une grosse chute, c'est la chance qu'ont les jeunes compagnies : ne pas tomber de haut. Alors, merci et bravo à toi Pierre, et bonne route ! (envoies nous ton CV, si tu cherches du boulot, nous avons nos entrées dans une cantine SOGERES pour la période d'essai !). Merci et Bravo aussi à Chloé, Sébastien et John, qui font un énorme boulot, et à toute l'équipe du Off (avec un clin d'oeil à Rebecca et Tof'). Off chalonnais qui dépasse les limites soulevées par Pascal et qu'il faut réinventer, comme il faut réinventer les relations entre les artistes, les "pros" (comme si nous, ne l'étions pas) et les spectateurs.

Le Théâtre de L'Unité nous offre en ce moment quelques jours de répit. Nous bivouaquons au Château d'Eugène Peugeolt, au programme : repos, ostéo, mises au point et répétitions. Bbientôt, nous rejoindrons Mulhouse (festival Scène de Rue), où Fred Rémy (pourtant discret) prend des risques pour proposer une programmation de caractère (à quand le label : "festival de caractère" ?). Fred est attentif et sensible aux parcours des artistes et aux errances de leurs expérimentations. D'ores et déjà "Bravo Fred ! Pourvu que ça marche, et pourvu que ça dure !"

Alors à toutes et à tous :
Merci, Bravo et Bon Courage !

Boueb

www.lesgrandsmoyens.com


> Message du 24/07/12 12:50
> De : "Jacques Livchine"
> A : "Liste Liste rue"
> Copie à :
> Objet : [rue] je t'écris de Chalon, je suis sur un banc
>
>

>
A toi qui lis encore des mels, un petit peu de verbiage

>
Je n'ai pas l'impression   que pour  les festivals ont puisse parler de cru. Ils se suivent et se ressemblent pas mal, avec des  évolutions, mais pas de révolution;

>
Ce qui est fou, et incroyable, c'est le public, il y a un uniforme de festivalier, ça y est les quinquagénaires ont leur siège pliant accroché dans le dos, ils  portent des bardas avec des thermos, ils ont des nu- pieds, ils sont rouges à cause du soleil, ils ont des vêtement amples, ils sont à l'aise, à l'aise, et ils ont le journal à la main. 

>
Ils regardent leur montre,  ils savent qu'à 17 H c'est au point 4, ils prennent le plan, et se mettent en route pour le point 4. Ils ne savent pas ce que c'est, mais si on arrive à l'heure, on n'a pas de place, alors ils anticipent.  Il ne faut pas être à l'heure mais une ou deux heures avant l'heure.

>
Pour ce qui est de l'Unité, à 18 H on aurait pu commencer, c'était plein alors que c'est inscrit à 19 H sur le journal.  (Jadis Royal c'était 3 H à l'avance). Incroyable cet appétit de spectacle. 

>
Ils seraient 1000,  on s'en fout, on ne veut pas de larsen, on refuse le micro, ça tue le jeu, tant pis t'entendras rien , comme ça t'auras un manque. 

>
Le public de Chalon est dangereux, ils te poussent à la vanne, ils veulent se fendre la pêche, alors nous tombons dans le piège pour leur plaire , et partout règne une démagogie galopante,  que je déteste.  On va chercher les applaudissements entre deux numéros. etc. 
Le public est gentil : au moindre saut de carpe, il est déjà en état d'orgasme, il est naïf, il est encore étonné par un jongleur à 3 balles. L'effet indésirable, c'est que l'artiste se croit bon et drôle, or il ne l'est pas du tout, mais le curseur est vraiment placé bas. Pour ne pas avoir de succès à Chalon, faut être fort, jouer du Koltes, du Gatti ou du Jan Fosse. 

>
Le public de Chalon veut être complice dans le jeu de la compagnie. Il attend avec impatience le moment,où il va être sélectionné, même si tout le monde va se moquer de lui, il a été choisi.  Il est heureux.  Ah ça, l'interactivité  ça marche. Il est prêt à tout. Se faire déshabiller, barbouiller de chocolat , il est promu au rang d'acteur. Le bémol,c'est quand c'est déjà un acteur, alors cet imbécile va surjouer montrant qu'il est comédien   et ça gâche tout. 

>
Parfois on atteint la fête Rousseauiste, tout le monde est acteur, ça prend la parole dans le public truffé de barons on ne sait plus, et c'est bien. 

>
Ensuite , c'est mon désespoir, ils viennent te dire qu'ils ont passé un excellent moment , nous sommes leurs amuseurs alors que je voudrais être leur poète. 

>
Et moi qui ai sué sur le scénario  et l'équilibre le dosage du vulgaire pour entendre dire "j'ai passé un bon moment". Quand tu lis du Baudelaire tu ne dis pas j'ai passé un excellent moment". 

>
Alors on avait dit au bureau "faut emmener cent dossiers". 
J'avais dit non, je suis superstitieux, quand je pars aux champignons, avec un grand panier, je n'en ramène aucun. 

>
Alors on a préparé   10 dossiers de vente. J'en ai ramené neuf. 

>
 Tout le monde te  parle d'un Art qui dérange, qui décoiffe, qui ose, y en a  un seul qui a osé me le dire  "j'adore ton spectacle, mais tu comprendras bien qu'avec la Mairie que j'ai, cela pose problème de te programmer". 

>
Ce qui signifie que les Scènes nationales auraient plus le goût du risque que les festivals ? On a joué aux scènes nationales de Calais, Chateau Gontier, Montluçon,  aux déferlantes de Noirmoutiers sans aucune plainte, sans aucun problème, bon, c'est désolant, cette frilosité, mais c'est vrai perdre sa place pour une libido qui a du mal à monter, c'est pénible.  
je le sais bien à Audincourt, ils ont refusé Cacahuètes comme trop dérangeant, et là, ils ont peur de notre Bit Haïtienne, trop noir et ça parle de la mort . 
Oui, c'est dans notre propre ville, qu'ils nous ont demandé de faire du théâtre de rue, mais pas dans la rue. 

>

>
Merci amis lecteurs d'être arrivés jusque là, une autre fois je ferai un petit billet sur la fabuleuse expérience de la Franc-comtoise- de rue. 

>

>

>

 

 


>

Jacques Livchine
metteur en songes 

>
Le théâtre de l'Unité c'est toujours autre chose

>

>

>

>

 
 

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

>

Jacques Livchine
metteur en songes 

>
Le théâtre de l'Unité c'est toujours autre chose

>

>

>

>

 

> >
> [ message-footer.txt (0.2 Ko) ]


Pour acceder aux archives, a l'aide, a la conversion de mail, a la page de desinscription : http://www.cliclarue.info/#tabs-8
Et pour tout probleme, vous pouvez raler aupres de " target="_blank">




---------------------
Fabienne Quéméneur
Impressariote
Fred Tousch
Chargée des opérations spéciales
Le Nom du Titre
& Agent de liaison
L'ANPU
www.lenomdutitre.com
www.anpu.fr
06 61 84 44 81





Pour acceder aux archives, a l'aide, a la conversion de mail, a la page de desinscription : http://www.cliclarue.info/#tabs-8
Et pour tout probleme, vous pouvez raler aupres de ">







  • Re: [rue] je t'écris de chez toi, je ne suis sûr de rien, laurent driss, 03/08/2012

Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.

Top of page