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Re: [rue] Un intermittent au point


Chronologique Discussions 
  • From: Amandine Thiriet < >
  • To: Le Galpon < >
  • Cc: Amandine Thiriet < >, Franck Halimi < >, Liste Rue < >
  • Subject: Re: [rue] Un intermittent au point
  • Date: Tue, 30 Oct 2012 00:39:44 +0100

Il n'a pas lu l'article, c'est ce qu'il dit.
Il a juste réagi à cette couverture très provoc :

http://www.lepoint.fr/html/lepoint/en_kiosque.php

Ca vaudrait peut-être donc le coup d'aller démonter l'article lui-même et de
ne pas s'arrêter aux gros titres, histoire d'avoir encore plus d'arguments et
de vraiment démonter un système de pensée hélas trop répandu...

D'autant qu''il y a quelques années on chipotait sans cesse entre nous sur le
fait que l'intermittence n'était pas un "statut" mais un "régime", un mode
d'organisation du travail et par conséquent d'assurance chômage, ni plus ni
moins ... et là, on brandit de nouveau le drapeau " statut" ? je ne comprends
pas très bien...

Juste des remarques en passant.... Evidemment, c'est déjà bien que quelqu'un
prenne sa plume pour réagir, on est d'accord....

Bonne soirée,
Amandine





Le 29 oct. 2012 à 23:44, Le Galpon
< >
a écrit :

> et ledit article auquel il répond, on peut le voir quelque part ?
>
> Colin
>
>
> Le 29 octobre 2012 16:20, Franck Halimi
> < >
> a écrit :
>> Salut, c'est Franck de Bourgogne.
>>
>> Pour info, je vous prie de trouver ci-dessus une missive en tout point
>> intéressante envoyée au rédacteur en chef du Point
>>
>> Voili.
>>
>>
>> Ami calmant.
>>
>>
>> @+ Franck de B.
>>
>> ------------------------------
>>
>>
>> À l'attention de Monsieur le rédacteur en chef du magazine LE POINT
>>
>>
>> La vie facile de l’intermittent : il est temps de (se) faire le point
>>
>> Jacques-Emmanuel Astor - Dimanche 28 octobre 2012
>>
>>
>> Ce matin, comme tout bon intermittent gâté pourri qui se respecte, je me
>> suis levé tard, je me suis fait un café et, conscient de ma vie facile,
>> j’ai
>> décidé de me la couler douce en glandant sur Facebook.
>>
>>
>> Et là, oh surprise, je tombe sur le titre de votre journal. Nous sommes
>> dimanche, on vient de passer à l’heure d’hiver, il pleut, ça sent la
>> journée
>> "Drucker" à plein nez alors oui, c’est bon de rire parfois.
>>
>>
>> Alors comme ça, pendant que la France trime et croule sous les impôts,
>> l’intermittent du spectacle lui, se la joue tranquille et se la coule douce
>> ? Si vous le dites, c’est que cela est sûrement vrai, je ne doute pas de
>> vos
>> qualités d’investigation à l’heure où vous avez ébauché cette couverture.
>> Vous êtes journalistes, un métier noble, respecté, intègre, sans régime
>> spécial, abattements professionnels intouchables et autres. Vous êtes la
>> France qui travaille, qui informe, qui guide... Vous êtes à des milliers de
>> kilomètres de la réalité du monde qui vous entoure et que vous ne croisez
>> plus depuis longtemps dans les salons de vos rédactions.
>>
>>
>> Je suis intermittent du spectacle, oui, mais ce n’est pas mon métier, c’est
>> un statut. Mon métier ? Technicien du cinéma, plus précisément assistant
>> réalisateur chargé de la figuration. Je fais, je travaille dans le cinéma,
>> cette activité qui occupe encore quelques pages dans votre hebdomadaire et
>> dont certains de vos collègues se targuent de connaître, de comprendre et
>> de
>> juger en pages culture. Je suis en charge de recruter les figurants, les
>> acteurs de compléments, ceux qu’on ne voit pas, ceux qu’on ne connaît pas,
>> ceux qui viennent pour une journée de tournage, parfois deux, salariés en
>> CDD pour des salaires qui ne dépassent pas vos notes de frais. Ceux sans
>> qui
>> une séquence de foule n’existerait pas, ceux sans qui la vie et l’ambiance
>> du film serait bien démunies en leur absence. Ce sont donc des "acteurs de
>> compléments", des hommes, des femmes anonymes qui cumulent 43 cachets en 10
>> mois et demi pour vivre de leur métier, à raison d’une brève apparition par
>> film en attendant un rôle, une pièce de théâtre où ils ne seront pas
>> rémunérés durant les mois de répétitions précédant les représentations. Ca
>> n’a rien de pathétique, rien de glorieux, c’est leur métier avant d’être un
>> statut.
>>
>>
>> J’emploie en moyenne 300 personnes par film, je reçois en moyenne 2000
>> candidatures. Je crée des foules, des "chorégraphies" de passants qui
>> passent, je place, habille des gens comme un enfant déballe sa boite de
>> Playmobils. Avec envie, avec plaisir. Souvent je trouve le figurant idoine,
>> parfois je sauve juste le statut d’un comédien en manque de travail. Ca n’a
>> rien de confortable, rien de pathétique, rien de glorieux. Le seul point
>> commun qui nous anime eux et moi est l’envie de faire le métier, ce métier,
>> toujours, tout le temps, le plus souvent possible.
>>
>>
>> Je ne connais pas d’assistant-réalisateur, d’assistant-caméra, d’ingénieur
>> du son ou autres professionnels de la profession, qui ont choisi ce métier
>> par confort du statut, je ne connais que des techniciens, artistes qui,
>> tout
>> jeune, ont choisi par passion ce mode de vie, sans connaître pour la
>> plupart, les tenants et les aboutissants des calculs unedics à leur
>> encontre. Non messieurs, mesdames les journalistes, au même titre que le
>> journalisme, on n’entre pas dans ce métier par hasard, par intérêt, on y
>> entre uniquement par envie, par passion, quitte à tirer un trait sur une
>> vie
>> classique, facile, rangée, confortable. Mais on l’assume, on ne revendique
>> rien, on ne se plaint pas, on aspire juste à un peu plus d’objectivité de
>> votre part.
>>
>>
>> Oui, nous bénéficions d’un statut spécifique qui peut choquer en ces temps
>> de crise, mais ce n’est pas nouveau, c’est le prix à payer pour qu’un
>> semblant de culture subsiste aujourd’hui. Connaissez vous un autre moyen
>> pour qu’une exception culturelle survive aujourd’hui ? Pour que certains
>> réalisateurs, metteurs en scène continuent de créer des films, des
>> spectacles, dans cet océan de médiocrité culturelle qui nous submerge
>> aujourd’hui ?
>>
>> De tout temps, la culture a eu besoin des élites et des états pour vivre.
>> Le
>> ménestrel mangeait grâce à la générosité du seigneur du château, qu’en
>> serait il aujourd’hui des pièces de Molière sans l’aide de Louis XIV ? Un
>> Michael Haneke existerait-il aujourd’hui sans subventions et sans des
>> techniciens confirmés ?
>>
>> Alors vous pouvez titrer sur les gabegies de l’état, sur les facilités des
>> intermittents, oui vous pouvez, vous avez la chance de pouvoir profiter
>> d’une liberté d’expression que vous ne cessez de revendiquer au même titre
>> que nous pouvons revendiquer une aide à la création pour que cette dite
>> création continue d’exister chaque jour que Dieu fait.
>>
>>
>> Au lieu de tirer sur des cibles faciles, d’aborder des sujets qui divisent
>> les gens au lieu de les amener à se rencontrer, à se comprendre, posons
>> nous
>> ensemble la question que personne n’ose aborder aujourd’hui : "Qu’est ce
>> que
>> la culture aujourd’hui ? Quelle est sa place dans notre société ?
>> L’importance que nous lui accordons et le soutien que nous lui apportons ?"
>>
>>
>> Offusquez vous des facilités accordées à moins de 100 000 artistes et
>> techniciens en France à condition de soulever cette hérésie, cette
>> supercherie de notre société moderne qui se plaint de l’augmentation de
>> l’essence, mais qui patiente en foule des heures durant devant des
>> magasins,
>> pour posséder des smart phone à plus de 600 euros ou le dernier jeu vidéo à
>> la futilité indispensable. Qui crache sur des artistes intermittents mais
>> qui s’extasie devant une miss météo ou une bimbo de bas étage enfermée dans
>> un loft en prime time. Aujourd’hui un film de cinéma est vu par 100 000
>> spectateurs, soit 100 foins moins qu’une vidéo sur Youtube, d’un mannequin
>> qui flatule dans un jacuzzi.
>>
>>
>> Oui, la culture mérite le soutien de la société, mais à vous lire et à voir
>> ce qui nous entoure, la société mérite-t-elle encore qu’on la cultive et en
>> a-t-elle encore envie ?
>>
>>
>> Ce matin, comme tout bon intermittent qui se respecte, je me suis levé
>> tard…
>> Pour la première fois depuis deux mois. Je viens de finir un tournage
>> auquel
>> je suis heureux et fier d’avoir participé, un film avec peu de subvention
>> où
>> chacun a fait l’effort financier pour que ce film existe.
>>
>> Je me suis fait un café et je suis tombé sur la première page de votre
>> journal. Je suis déçu de voir que des hommes de lettres et d’écrit puissent
>> tirer à boulets rouges sur une catégorie qui pourtant au départ, n’est pas
>> loin de leur ressembler. J’ai lu votre couverture… Je lirais l’article au
>> hasard d’une salle d’attente de médecin ou dans le hall de la CAF et du
>> Pole
>> emploi. Là où finissent fatalement vos œuvres.
>>
>>
>> Demain matin, lundi, je vais tenter de joindre mon Pôle Emploi pour
>> renouveler mon statut. L’hiver approche ainsi que ma taxe d’habitation, je
>> ne bénéficie pas d’allocation de rentrée scolaire pour mon fils et je
>> compte
>> bien lui apprendre à lire, à discerner l’écrit, les lettres, de la diatribe
>> poujadiste. Plus tard, il aura un vrai métier à l’avenir assuré :
>> journaliste au Point ou footballeur, qu’en pensez vous ?
>>
>>
>> L’intermittent est plus fourmi que cigale par les temps qui courent.
>>
>>
>> Jacques-Emmanuel Astor
>>
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