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Re: [rue] Aurillac pétille et chronique hollandaise


Chronologique Discussions 
  • From: JL des Goulus < >
  • To: Livchine < >, Liste Liste rue < >
  • Subject: Re: [rue] Aurillac pétille et chronique hollandaise
  • Date: Sat, 24 Aug 2013 17:21:25 +0100 (BST)
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Tu as raison, Monsieur Jacques et j'en fais autant : je laisse ce vieux grincheux de Jean Luc grincher à son aise,
pour te dire que les propos de "ton Aurillac pétille" sont magnifiques. D'ailleurs ton mail précédent ne l'était pas moins.
Dans les confidences que Jean Luc m'a faite sur l'oreiller que nous partageons, il m'a dit (à propos de ce mail précédent)
 "tu vois comme on était en avance avec la Main Jaune à Chalon ?"
Et de me dire que Julie, responsable de la communication de Chalon dans la rue, à l'époque avait eu conscience d'être passée à travers.
Mais le passé est le passé, lui ai je rétorqué, sans penser que je disais une chose très originale.
Pour clore sur lui, il serait en train de faire la collection de tous les adjectifs et de tous les noms dont tu l'affubles régulièrement.
En sortira t il un spectacle novateur ? Je n'en sais rien.

Je suis en Hollande, à quelques douze heures de voiture d'Aurillac, dans la région la plus pauvre de ce pays. Petite ville qui organisait son quatrième festival.
Originalité : tout le monde est bénévole. De la programmatrice au bénévole de l'armée du salut, personne ne touche une tune.
Ils sont quarante à se démener en tout sens pour faire exister le truc. Le pognon, ils sont allés le chercher auprès des rares fondations culturelles et ensuite, sont allés leur maire, en leur disant "on met tant sur la table, qu'est ce que vous amener ?"
Le Maire était scié parait il, et du coup, s'est (un peu) mouillé. Ce n'est pas encore ça, mais vu le succès qu'ils ont remporté et les jauges hallucinantes sur les spectacles, l'équipe des fous est plutôt optimiste pour l'an prochain et parle de faire le festival sur trois jours plutôt que deux. 
Tango Sumo avec les Paddocks (treize ans de tournées), Jacques et Benoît (ex Nouveaux nez), la Salamandre et nous, étions la partie Frenchie du festival, mais américains, anglais, belges et surtout néerlandais étaient aussi de la fête. 
Pourquoi parler de ce petit festival suite à ton mail, Jacques ? Parce que le public. Un public absolument pas habitué aux spectacles de rue. la ville est déserte jusqu'à 10' avant le début du festival et tout à coup, ils surgissent de partout. Quel public ! Mou à bouger. Lent dans ses réactions. Bavard, indiscipliné, ne sachant pas ou se placer, feignasse aux applaudissements. Mais au bout du compte un sacré public. Etre ensemble, regarder ensemble, toute la ville est là, rieuse, contente, admirative, et totalement fan du boulot de ses bénévoles. Ce public découvre... et ça, c'est génial pour nous tous. On se prend à penser que le public éduqué est finalement sans surprise. Le street walking act ou déambulation n'a plus vraiment d'intérêt dans les endroits ou le public est un habitué. C'est la limite de l'éducation et le début de l'entre soi, non ? Mais là, je serai content de revenir avec nos trios déambulatoires, l'effet de surprise sera total. 
Et c'est bien ça, le drame, la perte de l'effet de surprise, d'ou ta justesse d'analyse quant à "l'enfadage" subi, et le bonheur qui en découle.
Finalement, c'est bien sur l'aventure et les aventures à vivre, donc à la prise de risque sur lesquels l'inventivité des arts de la rue pourrait trouver un avenir, non ? 
Ton Macbeth dans une forêt, avec un public restreint et qui se n'est pas précipité, en est une preuve. Mais bon, qui détient la vérité ? 
Allez, je te laisse avec le Final de Générik Vapeur ? Si c'est le même Waterlitz que j'ai vu à Great Yarmouth, tu ne vas pas pouvoir t'empêcher de nous en toucher deux mots.
Je t'embrasse

Jluc


 
Les GOULUS
34, rue Gaston Lauriau
93100 Montreuil
Tél Bureau : 01 48 58 78 78 (79 pour le fax)
Portable JL : 06 80 73 94 40
mail :
Site : http://www.lesgoulus.com


De : Livchine < >
À : Liste Liste rue < >
Envoyé le : Samedi 24 août 2013 13h28
Objet : [rue] Aurillac pétille


Aurillac phosphore

bizarre, ce jardin de l'école Jules ferry à Aurillac est un nouveau verger d'Avignon. 
Oui, Avignon, Vilar causait au verger, il avait de la prestance, et de la hauteur de vue. 
Vilar c'est fini, 
Py ,Schiarretti, Françon, Baudrillier, Pommerat, Brochen, Braunshweig,  même additionnés, ce sont un peu les chefs de l'idéologie du théâtre public, 
n'ont pas de vraie vision du monde, pas de hauteur de vue, pas de pensée réelle sur l'art, ils ne m'augmentent pas. 

Guenoun, Renucci, Claude Régy, Stiegler, Mondzain,  disent des choses,  

 j'ai été élevé au sens d'élévation  par Kateb Yacine,  Vilar, Planchon, Langhoff, Grotowski Pina Baush, Eugénio Barba, Mnouchkine, le living ,  il y avait de l'aspiration.

Dans l'univers de la rue, nous n'avons pas eu  notre Vilar. Excuses à Michel Crespin, pas loin, mais pas Vilar. 

Donc débat du verger, sur les émergences, donc discours convenus, et consensuels et ceci et cela et bla bla parce que voilà c'est bien, les résidences, la création, les diffusions les projets A 4, l'aide à l'écriture, les dispositifs, le ministère la Faiar etc. 
Tant pis, les pieds dans le plat c'est pour moi. 
Emergences, émergences, 
je dis : au début pour nous c'était le désert, tout ce que l'on faisait c'était neuf , émergent
 n'importe quoi était nouveau et neuf,  donc émergent
il y avait un parfum de découverte continuel

mais aujourd'hui ça plafonne gravement , parce qu'on a atteint un seuil
on pourrait encore essayer de faire 1 million de personnes à la fois comme le pape 
on est sur le plat, on ne sait plus quelle route il faut prendre
tout a été dit tout a été fait 
le ciel, la terre, les sous- sols,  tout a été fait 
L'émergence, je ne  sais pas où  elle est l'émergence
 il nous reste les trous du cul et la bite  à explorer, 
c'est à peu près tout,  on  commence, 
Mais il faut appeler le marquis de Sade à l'aide pour que cela devienne un peu subversif


Le théâtre est comme dans un creux 

le cirque c'est bien, on a le nouveau cirque ( qui commence à plafonner d'ailleurs)
mais la presse qui a  toujours 20 ans de retard, est en train de le découvrir, article dans Libé sur Trotolla, sur Plume dans le Monde.
puis la danse :  Pina a ouvert une brèche énorme avec sa danse- théâtre,  
Le théâtre, Bob Wilson l'a rendu muet,  Kantor l'a donné aux morts
Bartabas a inventé le cabaret équestre, 
et puis vint la rue
 
Jean Marie S. doit  faire appel à Pommerat  Gwenaël Morin, les chiens de navarre pour nous  dire là où il pense que  le théâtre bouge encore
 
pourtant c'est de la facture assez classique assez académique, mais des valeurs sûres. 

IL y a  Macaigne  qui fait dans le sang et le gore, ça boostait un peu, mais 
personne ne veut plus de lui dans le théâtre
alors voilà,
 
je disais  émergences , 26 000  ?   Opéra Pagaï ?  on me dit, ce dont des déjà vieux ceux-là
 Mais qui d'autre cependant que Generik  puisse clôturer le festival ? 

Je sens le jean Luc Prévost sur les dents, ce vieux grincheux, 
"livchine , rejoins donc le cimetière le plus proche au lieu d'étaler tes insanités". Oh Jean- Luc moi je lis avec intérêt tes chroniques sur le Djjdjikiustan, ou l'Australie, alors tes injures garde les pour Larderet. 


Hier je suis allé au hasard des rues d'Aurillac,  de pastilles en pastilles, toute cette misère  me donnait un furieux mal de tête que je calmais au  doliprane  mais il est vrai que parfois il y avait foule, et je ne voyais
 rien,   Il y avait quelques artistes qui ne dépassaient pas 10 personnes,  des solos avec un tabouret, et un nez rouge,  

Le théâtre de rue aura eu ses cancers : les échasses, il ne reste plus que 2, ou 3 métastases,  incroyable, 3 échassiers de belle tenue, avec sono, n'attiraient pas le moindre regard, 
Les conteurs, second cancer,  je n'y arrive pas,  je les fuis, ils débarquent de plus en plus, avec leurs solos, le problème c'est qu'ils font des cachets avec les bibliothèques et les écoles, donc ils sont intermittents,  et cela va se développer gravement ,  se perpétuer, pourtant le conteur est pacifique, gentil, végétarien, écolo, doux, je ne devrais pas avoir cette allergie, mais la gentillesse des conteurs  me révolte, Anarkao c'était un conteur aussi mais âpre et venimeux. 

La plaie la plus grave, le troisième cancer de la rue,   ce  sont les clowns, je sais bien, il y avait deux filles, au niveau le plus bas du clown, quatrième jour de stage,   eh bien elles arrivaient à faire rire trois vieilles sur un banc, trois vieilles qui passent l'après midi place st Géraud, et qui étaient  ravies de se faire chiner par les clowns, donc puisqu'on fait rire les 3 vieilles on continue. 

Sois tolérant, Jacques, tout ça ce sont des jeunes qui se lancent et qui essayent, Aurillac c'est une immense expérimentation. 
Oui, mais c'est trop, je sature, 

je voudrais être surpris et étonné. 

Mais je l'ai été en fait, mais je n'ai pas envie de pointer  ça , ça et ça, parce que cela serait trop facile , tu comprends, il y a ceux qui mangent les tripes, les rognons et les andouillettes, et ceux qui ne supportent pas. Il y a ceux qui adorent les lectures, les clowns les conteurs, et ceux qui ne supportent pas, il y a ceux qui écoutent Bach et ceux qui  trouvent ça chiant. 

J'adore les impostures, par exemple, réussir une imposture à Aurillac, là où tout se dissout et tout s'évente, faut le faire, quelqu'un l'a fait, si je dis qui,  c'est foutu, mais les gens se sont vite passés le mot, cela devient le spectacle où on doit arriver une heure avant pour voir quelque chose, mais ceux qui y vont ne savent pas qu'ils vont être sur une énorme imposture, moi qui ai côtoyé les 26 000 , je devrais être un peu expert en imposture, il m'a fallu au moins 40 minutes avant de comprendre que j'avais été grugé, mais quel bonheur , quand c'est si bien fait. 

Hervée dit qu'elle déteste les impostures,  parce que c'est un dosage subtil et il faut laisser entrevoir par des signes adéquats, qu'il y a imposture. Moi cela m'intéresse beaucoup, mais voilà, hier rue des buis un clown s'écroule, tout le monde rigole, mais on sent qu'il reste à terre et que c'est moins drôle que prévu, pas mal de gens continuent leur chemin en évitant le corps, sauf un homme qui veut en avoir le coeur net,  et dix minutes après j'entendais le klaxon de l'ambulance.   Infarctus, oui à Aurillac tu ne distingues pas le vrai du faux. 

Alors où ça va la rue ?   Quelqu'un me dit, il y a festival d'un côté  et implantation territoriale, ce n'est pas pareil. 

Est ce que la Rue est en panne ? On nous dit que c'est bientôt la fin du pétrole, et juste après  on nous dit que les USA exploitent d'énormes gisements de gaz de schistes en pleine mer et qu'ils ont devenir premier producteur du monde avant l'Arabie saoudite. 
La Rue va t-elle rebondir ? Tel le pétrole. 

Boueb veut savoir si Aurillac 2013 est une bonne cuvée ? Comment évaluer ?  700 propositions par jour,  en 4 jours , on en voit une quinzaine.  Je peux juste dire qu'en matière de bière, ça a beaucoup bu. j'ai pris une navette parking à minuit, 150 personnes totalement bourrées,  impressionnant. Ils hurlent, tapent des pieds, c'est Aurillac la teuf. 
 
Et puis moi sur cet énorme tas de fumier, j'ai découvert deux petits bijoux, cela fait du bien, bon ce ne sont pas des événements artistiques majeurs,  ce ne sont pas de nouvelles pistes pour l'avenir, mais voilà.

Et puis, tout le monde se parle, échange, la Rue reste un milieu bien sympathique.

A ce propos la co- directrice de Pommerat me fait passer le message, 36 000 € ce sont 13 représentations du petit chaperon rouge, pas 3 comme j'ai dit, et la compagnie n'a absolument pas deux ans de tournées prévues. J'ai fonctionné sur des rumeurs de queue. Merci Anne

Mon dieu, que c'est dur de réfléchir, de penser, d'imaginer la suite, le temps est gris, les canards du hameau croassent, les poules brament, les tiques attendent dans les arbres, Le jour il fait 26°C, le soir 15°C, pas facile de bien s'habiller. Le cantal vieux est à 12,90 € le kg, moins cher que le comté, l'épicerie Vival près de la place Gerber a fermé,  On a aperçu Jean Marie directeur avec son bébé dans les bras. 
J'ai croisé une fille aux yeux bleus dont je ne me souviens plus du nom, peut être la copine de Didier Super, pouvez- vous me le dire ?   Le soir, je dois jeter tous les tracts récoltés dans la journée, j'essaye de donner 5 € aux manches quand cela me plaît, 2 € quand c'est moche. 
J'ai demandé à un groupe déambulatoire combien rapportaient leurs manches : premier jour 6 € , second jour 12 €. 

J'arrête de vous ennuyer, je ne comprends pas ma manie de vouloir partager mes états d'âme, mais je vous rappelle que je n'ai jamais été en psychanalyse, sans doute parce que je vide mon cerveau tous les jours,





Jacques Livchine
metteur en songes 

 

 
L'homme descend du songe






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