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Re: [rue] sans subs ajoutées


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  • From: ART SONIC INFO < >
  • To: Carnage Productions < >
  • Cc: Thierry Decocq < >, " " < >
  • Subject: Re: [rue] sans subs ajoutées
  • Date: Sun, 6 Apr 2014 07:37:18 +0200

Comme quoi tout est relatif, 140 dates + 35 vendues  la vie est belle  …...




Le 5 avr. 2014 à 12:27, Carnage Productions < "> > a écrit :

Bonjour,
 
Ce qui devient inquiétant en fait, c'est que les enveloppes allouées à la programmation sont soit dans le meilleur des cas maintenues, soit elles sont en baisse (chute libre ?).
En général le partenaire acheteur va préféré opter pour une baisse de la somme allouée à chaque spectacle et maintenir ainsi son nombre de spectacles programmés... Difficile de lui jeter la pierre, je ne sais ce que je ferais dans son cas avec un cahier des charges à respecter mais moins de moyens.
 
Depuis 6 ans, je ne constate dans les circuits de vente (qu'ils soient institutions ou pas, du CDN en passant par la petite mairie) une baisse des prix d'achat des spectacles qui me sont bien souvent maintenant imposés ! C'est ça ou rien ! Et encore, c'est du Carnage ou du Martin Petitguyot donc on y fait attention...
 
Là où je vendais un spectacle à 6000 HT, il part désormais à 3500 dans le meilleur des cas. Un spectacle à 2000 va basculer à 1800, celui à 1500 à 1200, celui à 1000 à 750...
Tant qu'il y avait une petite marge pour la cie et réinjecter dans la création, on va dire que ça allait encore. Mais désormais ce sont les salaires qui sont directement attaqués. Il n'est même plus question de marge pour une future production...
La Culture est mise à mal à tous ses niveaux.  Et le niveau le plus fragile c'est celui de la création...
 
L'émiettement a atteint des sommets ! Elle a commencé au niveau des subventions et maintenant elle concerne y compris la production, coproduction et la diffusion et donc les salaires des créateurs. ca va vous faire rêver que je vous dise que fin des années 80 en part de coproduction j'arrivais à obtenir d'une boutique quasi 45000 euros... On en est loin désormais ! La moyenne ne tournerait elle pas désormais entre 5000 et 15000 ?
 
Hier avec 3 partenaires financiers, tu créais ton spectacle en payant correctement tout le monde, aujourd'hui il te faut 17 à 18 partenaires et tu as du mal à boucler ton budget.
je vais taire également ce que je pense de toutes les structures intermédiaires pondues en région et qui émargent sur des fonds culturels et ne servent à rien. J'aimerais comme dans un rêve que les artistes réintégrent les théâtres et n'y soient plus de passage mais puissent y développer une vraie action culturelle. Quoi de mieux comme relation publique qu'un comédien qui va boire son café tous les matins au bistrot du coin et va remplir une salle grâce aux contacts du quotidien car c'est lui qu'on viendra voir et il pourra faire découvrir alors des univers insoupçonnés... Tous les beaux dossiers ou discours d'un monde ne seront jamais à la hauteur de cela.
 
Tant que les institutions seront dirigées majoritairement par des administratifs et pas par des créateurs, ça n'ira pas !
 
J'ai fait le choix pour ma part de travailler avec des équipes de création (ce qui n'est pas franchement faire un choix carriériste). Désormais  ma place pour aider au mieux un artiste est là où se situe sa part d'autofinancement - les ventes- car n'importe quel crétin peut se faire chier à monter et trouver des subventions, que ce soit par un vrai travail ou du copinage.  Les ronds de jambe ça n'a jamais été mon truc. J'ai tenu le choc 20 ans, c'est déjà un exploit ! La vente est plus compliquée car c'est une vraie bagarre, une vraie défense d'un artistique et ça fait exister directement un spectacle auprès d'un public.
 
La chute des revenus au sein des équipes de création est vertigineuse depuis 6 ans.  J'ai 25 ans de métier derrière moi, j'étais mieux payée il y a 25 ans que maintenant. De 2000 euros nets par mois, je suis passée pour ma part à 1400. Donc oui désormais quand on me dit que les spectacles sont trop chers car sur un solo on est 4 à être payé, je fais quoi ? je garanti un salaire à peine décent ou je dis merde et perds une date si difficilement trouvée...
 
"Je suis désolé mais ton spectacle à 1500, les autres le proposent à 1000, coût du plateau." je ne peux plus rien face à cela, surtout quand il n'y a désormais plus aucune marge et même si je redis mon laïus sur l'autofinancement, en face, on s'en fout royal, il y a un budget à tenir... Le mien, celui de la création, ben il s'y plie ou pas. Je ne suis pas la plus forte, je n'en ai pas les moyens.
 
Cette année entre 140 dates vendues pour Carnage et 32 pour Martin et donc environ 150 négociations, j'ai dû dire non à une quinzaine de propositions qui frôlaient l'indécence et bien souvent sous couvert d'une proposition égalitaire (tout le monde est payé 120 euros bruts sur mon festival, c'est un principe de base). Bref, aucune reconnaissance de la structure etc etc et une systématique de fonctionnement au nivellement par le bas.
 
J'ai envoyé à mon équipe pour illustrer les difficultés de négocier un exemple tenu par mail avec une petite structure qui m'a fait passer le prix du GIGN de 2000 à 1450... Et c'était ça ou rien. Suis devenue marchand de tapis...
 
Suis entièrement d'accord avec Thierry sur ce réseau de création en France qui n'est reconnu par personne... L'intermittence est pour l'instant son seul allié même si parfois une équipe vend 140 dates dans la saison. 140 dates pour 8 spectacles, ça ne garanti l'intermittence à personne, permet juste à 25 artistes d'avoir une part de leurs heures trouvées pour le renouvellement de leurs droits futurs
 - et de faire vivre de jolis moments au public.
 
Ma récompense : pour Tintin que sa parole sur la culture tzigane soit entendue un maximum et pour Carnage, que Steph nous fasse aussi bien rire que pleurer. Y'a rien de mieux que le sourire ou l'interrogation dans le regard d'un spectateur. J'aime entendre un public qui respire.
 
Marie-France Pernin
Chargée de diffusion
00 33 (0)6 80 33 80 23
www.carnageproductions.com
Le Samedi 5 avril 2014 0h31, Thierry Decocq < "> > a écrit :
Salut Stéphane,

Tu ne fait là que rappeler quelque chose que les syndicats qui ont négocié l'accord inter branche de 2008 et les conventions collectives du public et du privé refusent d'entendre (je me suis pris plus d'une fois le bec sur ce sujet - la dernière fois lors d'une table ronde sur l'intermittence organisée par "les amis de là bas si j'y suis" de Lille): à côté d'un secteur public subventionné et d'un secteur commercial, il existe un tiers secteur qui est au cœur même de la création artistique dans notre pays.

Ce secteur est riche culturellement, mais fragile économiquement. Il n'existe que parce que l'intermittence existe. Mais tant qu'il ne sera pas compris et pris en compte dans les politiques artistiques, tant que les partenaires sociaux ne s'y intéresseront pas, il sera en péril.

Si à cause d'une conjoncture de plus en plus difficile les subventionnés et les non subventionnés se dressent les uns contre les autres, on est mal!

@+

Thierry




Le 04/04/14 22:11, stef filok a écrit :

Alors voilà  je me trouve confronté à un problème  dont je n'aurai jamais soupçonné l'existence,

On a du mal à vendre nos spectacles parce qu'ils sont chers !!!
 je m'explique  n'étant pas subventionné c'est une partie des contrats qui part à l'administration à la diffusion et à la part compagnie qui nous permet de nous auto financer sans rien demander à qui que ce soit 

la concurrence  ,... je parle des cies subventionnées ont elles la possibilité d'utiliser leur budget de fonctionnement pour payer ces parts,...  

inutile de vous dire que je trouve ça grotesque d'être pénalisé sous prétexte de ne pas rentrer dans le moule ( au singulier)  et de ne pas adhérer au fonctionnement ministériel du principe des subventions

alors 2 possibilités  passer notre temps à remplir des dossiers faire des ronds de jambe et faire bonne figure pour dépendre de politiciens sans scrupules qui se permettront d'exercer sur la compagnie un droit de vie ou de mort  même si je généralise un peu  mais si peu,... 

ou nous continuons comme ça à essayer de produire des spectacles avec les moyens du bord et les programmateurs acceptent que certains ne soient pas dans la "norme" 
on est peut être un peu plus chers mais éthiquement on a rien à se reprocher,   c'est comme si acheter carnage était un peu commander un produit made in france, et cautionner un fonctionnement qui n'a aucune couleur ...   cocorico,... 







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