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[rue] Pour saluer Livchine !


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  • From: Luc Amoros < >
  • To: Jacques LIVCHINE < >
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  • Subject: [rue] Pour saluer Livchine !
  • Date: Tue, 08 Jul 2014 15:30:25 +0200

On entend de plus en plus souvent, et c'est sans doute tout à fait vérifiable et même déjà largement vérifié, que la culture (vous savez, ce mot-valise, que dis-je ce mot-malle de voyage, ce grand fourre-tout pour tout dire) est aujourd'hui un vecteur du développement économique de nos territoires, ruraux en particulier. Et les artistes, concernés au premier chef, comme il se doit, par la diffusion de la culture, ne sont pas les derniers à reprendre à leur compte cet argument de poids. Dans un monde de marchands, comment ne pas être tenté par un alibi pareil ? Je suis là et j'occupe le terrain, je suis incontournable, alors pas-touche ! Parce que moi, l'artiste, je contribue à la richesse nationale.
Personnellement, cet argument ne m'a jamais servi. Enfin, juste un peu, bien-sûr quand ça m'arrangeait, c'est humain. Mais il faut dire qu'avec mes spectacles, je ne l'ai pas beaucoup servi non plus, cet argument. Mais, bon, l'un n'empêche pas l'autre. Et inversement, toutes choses étant égales par ailleurs, comme aurait dit Pierre Dac.
La culture, vecteur du développement économique ! Très bien ! Mais qui doit être le véritable bénéficiaire de ce développement économique ?
- Les commerçants du secteur qui régalent les consommateurs de culture en boîte ? Sauf le respect que, naturellement je leur dois, je n'ai pas voulu faire l'artiste pour faire vendre de la moutarde ou des saucisses.
-les élus locaux qui spéculent sur l'antique slogan du pain et des jeux ? Sauf le respect que je leur dois par ailleurs, et notamment parce qu'ils sont souvent les mêmes que les premiers, je n'ai pas voulu faire l'artiste pour flatter l'ego du moindre petit ambitieux potentat de terroir.
Ou, comme je le pense, le citoyen, l'ensemble des citoyens, catégorie qui comprend d'ailleurs les deux premières citées, (imaginez vous le respect que je leur dois !) Des citoyens avides de découvertes déconcertantes, qui ne demanderaient pas mieux qu'on leur propose quelques alternatives aux produits galvaudés de l'industrie du divertissement, augmentés de ceux (les produits) promus par quelques milliers de festivals aux propositions souvent tout aussi galvaudées, qui fleurissent depuis trente ans, à chaque printemps, dans les régions de France.
Le citoyen, celui, qui finance déjà (et c'est très bien) l'existence, certes précaire, d'un contingent de plus en plus important d'artistes de tous poils.

Moi, j'en suis resté à des combats d'arrière-garde, et j'en viens au sujet du jour !
A réclamer la gratuité de l'accès, pour tous, au spectacle vivant, par exemple. J'ai commencé assez tard à donner mes spectacles dans la rue, et si je m'y suis bien senti, dans la rue, c'est qu'on ne s'y pose presque jamais la question de la gratuité. Vous me direz : dans les théâtres non plus on ne se la pose pas, mais justement pour la raison inverse. Il faut dire que dans la rue, le spectacle, c'est toujours gratuit, c'est comme ça. Sans doute parce que tout le monde se sent un peu chez lui, dans la rue, et que de voir débarquer des artistes, comme ça, chez soi, déjà c'est pas banal, mais s'il faut, en plus, payer une entrée quand on est chez soi, là c'est gonflé.
Le théâtre, lui, est toujours payant, c'est comme ça. Mais, ça frappe moins, parce qu'il faut dire que pour beaucoup de monde, il est moins communément admis qu'on se sente chez soi, dans un théâtre.
Et pourtant, moi, ça me choque !

Alors, je veux et j'exige (ça c'est pour faire "théâtre", vous savez, la diction ! Et si vous ne savez pas, essayez donc de répéter "je veux et j'exige" 10 fois de suite sans bavasser, tout en respectant les liaisons, bien entendu.)
Je disais donc : je veux et j'exige la gratuité de l'entrée dans tous les théâtres, comme dans la rue ; après tout, les théâtres ne sont-ils pas aussi des espaces publics ?
Je veux et j'exige que le cinéma, le concert, le musée, les festivals aussi, soient gratuits, et pour tous. Savez-vous, à propos, que pour un intermittent, l'entrée des musées est gratuite ? Déjà qu'on nous dit "privilégiés" ! Moi, je n'en profite jamais parce que j'oublie toujours mon attestation et que ça n'est pas marqué sur le front qu'on est intermittent (enfin, pour certains, un peu quand même ! ).
Un jour, la femme du maire de la commune où j'officiais m'a dit, pas loin du buffet à petits fours : vous savez, si c'est gratuit votre affaire, les gens ne viendront pas, on va vous dire que ce n'est pas très bon ; que vous êtes un amateur, enfin, des choses comme ça.
Et c'est vrai, force est de constater que dans la rue, il y a beaucoup de mauvais spectacles. Mais, même si je pense qu'il faut toujours écouter les femmes de maires, la vraie raison, c'est que dans la rue, les spectacles sont plus immédiatement accessibles que dans les salles de théâtre ; forcément ! Ne nous y trompons pas, dans les théâtres, la proportion de mauvais spectacles est la même mais, au théâtre, les mauvais spectacles, on les voit moins, vu que, même mauvais, ils sont payants, au théâtre !
- Mais je veux et j'exige aussi la gratuité des transports pour les représentations scolaires (savez-vous que pour la moindre matinée scolaire, la plupart du temps, les enfants payent davantage pour le bus qui les emmène que pour l'entrée au théâtre ? Etonnant, non ?
Un jour, j'ai même vu une classe entière d'écoliers sortir en pleine séance de l'un de mes spectacles (gratuit) encore inachevé parce que c'était l'heure du bus (payant) ! Et rien ne prouvait que ce jour-là, le chauffeur de bus fût meilleur qu'un autre ! En tout cas, pas le fait que le bus ait été payant. Et encore moins le fait que mon spectacle ait été gratuit !
Et puisqu'on y est, je veux et j'exige, en passant, la gratuité, aux fins de contemplation et de jouissance individuelle, de l'usage des oeuvres d'art ; qui peut me donner ne serait-ce qu'une raison pour laquelle je n'ai pas encore de "Picasso" accroché dans ma chambre à coucher alors que j'aime beaucoup Picasso). L'exemple est peut-être mal choisi, parce que j'en connais plein qui en ont dans leur garage. (quand je vous disais que tout ça est galvaudé !). Alors prenons Soulages, par exemple, j'aime beaucoup Soulages aussi. Dans ce cas précis, d'un peintre qui a un nom de médicament, ses toiles devraient même être remboursées par la Sécurité Sociale.
Enfin, je veux et j'exige la tenue d'un atelier gratuit de théâtre dans chaque village de France... gratuit, sauf pour la femme du maire, bien entendu.
C'est dire que je ne paierai pas pour me promener dans une forêt, moi qui y habite, dans une forêt justement, et qui, à chaque pas que j'y fais, tente depuis toujours d'y inventer des Macbeth et autres roi Duncan, sans toutefois y parvenir , sinon ça se saurait. L'une des forêts que je préfère, près de chez moi, est privée. C'est là que je trouve les meilleurs champignons, sans doute parce que les forêts privées sont mal entretenues et que les parasites s'y éploient en toute liberté. Ces champignons ont la saveur du braconnage, incomparable. Alors, rien que pour cette raison, allez donc voir le spectacle de Livchine, et sans hésiter ! Allier le plaisir du théâtre et celui d'une forêt, la nuit, vous pensez !
Mais allez-y sans payer.

Luc Amoros


Jacques LIVCHINE < > a écrit :


Amis du théâtre gratuit 

 
parfois j’aime le théâtre gratuit, 
et puis certains jours je rêve de vendre les places  à leur vrai prix,  
évidemment je n’aurai plus un public de gueux 
 
Pourquoi aux Eurocks la place est à 40 € par jour,  sont  100 000 personnes à se payer les 3 jours, 
Donc pour la musique les jeunes ils paient,
Mais  à Chassepierre  en Belgique c’est du théâtre de rue et  ils paient, ils sont 30 000 à payer 10 € 
et puis Christophe a payé 100 € pour courir le marathon de Paris,  ils sont 30 000 à payer ça , 
donc pour souffrir ils paient, 
de quoi je voudrais te parler ? 
 je voudrais sortir du débat de l’intermittence par comment  ne pas être intermittent  ?




 ? 



je sais que c’est nul ce que je dis, mais je le dis
 “on  joue trop peu” On jouerait plus on ne dépendrait plus de l’article X 
il paraît qu’il y a 350 festivals dits de rue en france, 
70 scènes nationales,  40 centres  dramatiques, 5 théâtres nationaux,  300 théâtres de ville, 
soit 800 lieux qui ont des budgets,  
comment faire pour être pris ne serait-ce que 50 fois ? 
donc je rêve de jouer en  auto -production, le public paierait  le coût de la représentation  6500 € environ, 
 
C’est pour vous dire que lorsque vous paierez 5 ou 6€ votre place pour Macbeth en forêt,  
la ville de Chalon, le ministère de la culture, la région,le conseil général rajoute les 40 € qui manquent. 
Et pour avoir des places c’est le mercredi 9 juillet , car  à Chalon dans la rue ça part à toute vitesse. 
les dates : 23 au 27 juillet. 21 H 30, 
et on joue sous la pluie, 


A bientôt dans la forêt écossaise 



Jacques LIVCHINE

Metteur en songe 

 
 
Le théâtre de l’Unité, c’est toujours autre chose…





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