OUVERTURE POUR INVENTAIRE !

Les dés sont jetés.

A la fin de cette année, Brut de Béton Production ne bénéficiera plus des avantages qu’offre le conventionnement avec la ville de Clermont-Ferrand: subvention de fonctionnement et utilisation gratuite des salles de spectacles de la ville.

Nous ne voulons plus que seule cette ville soutienne notre travail, et par conséquent nous ne demanderons pas le renouvellement de la convention. Car en effet, cela fait 7 années que systématiquement les experts de la DRAC et du Conseil Régional (ce sont à peu près les mêmes) rejettent les dossiers de demande de subvention relatifs à nos « créations » et de guerre lasse nous ne ferons pas de nouvelle demande auprès d'eux en 2015.

Nos experts disposent d’un pouvoir discrétionnaire qui n’est pas proportionné au sérieux de la fonction.

En particulier, ils ne vont pas ou peu voir les spectacles des compagnies à expertiser.

Pour le Conseil Régional, ils rencontrent durant 3 minutes (!!!!) chaque porteur de projet.

Pour la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) ils se réunissent entre eux.

Il faut savoir que presque tous les directeurs de salles de spectacle d’Auvergne sont experts.

À lire leurs programmations respectives on peut constater le peu de cas qu’ils font des compagnies régionales.

Dans le meilleur des cas elles sont « en résidence » ce qui se traduit par « corvéables à merci ».

Comme je le rappelle dans cette vidéo, j’ai toujours relié mon travail de metteur en scène à celui de directeur artistique à la recherche d’un public.

Mais en France, la recherche du public est le « privilège » de la décentralisation institutionnelle et de son tissu de salles de spectacle nationales (Scènes Nationales, Centres dramatiques) et municipales ainsi que des festivals.

Un nombreux personnel plutôt qualifié y est employé.

Mais hors les postes de direction, il est en général mal payé.

Enfin, dés que c’est possible l’emploi de vacataires, d’intermittents du spectacle et de stagiaires est privilégié à tout autre forme de contrat.

Les milliers de compagnies sont en France tributaires du bon vouloir de ces directeurs de salle qui littéralement jouissent de privilèges disproportionnés à leur statut social.

En une trentaine d’années la France s’est dotée d’un nouvel échelon décisionnel dans la diffusion du spectacle vivant. Echelon qui fonctionne plus comme une « caste » que comme un métier, plus comme instance d’expertise et de conseil auprès des "personnels politiques " (desquels tout de même il dépend) que comme instance « éclairée ».

En france, les artistes (et pas seulement dans les arts du spectacle) ont une marge d’influence très limitée et circonscrite à la réalisation de leurs spectacles. On peut prétendre que désormais la diffusion de leurs spectacles est « empêchée » précisément par les diffuseurs professionnelles. D’autant plus que les établissements qu’ils dirigent sont la plupart du temps fermés au public en dehors des soirées de représentation elles-même de plus en plus rares faute de financement artistique au profit du « fonctionnement ».

À titre d'exemple et pour rester dans la région Auvergne, le CDN de Montluçon est ouvert pour des représentations une trentaine de jours dans l’année! Au regard de l’histoire du spectacle en France, ces lieux financés par « l’argent public » devraient être ouverts toute la journée et  soirée et offrir aux publics et aux professionnels des équipements en ordre de marche. Comme c'est le cas au théâtre Vidy de Lausanne.

La paupérisation des métiers artistiques est galopante, la panique budgétaire des compagnies palpable à leur recherche de résidence et d’appels d’offres souvent indignes et le plus souvent illégaux au regard des droits du travail.

L’artiste est assimilé par les professionnels de la diffusion à un quémandeur qu’il doit assister plutôt qu’écouter et qu’il méprise de fait, comme sont de plus en plus méprisés les pauvres.

Le repli des artistes en compagnies (80 en Auvergne !) est plus un symptôme de résistance à cette paupérisation qu’une marque de vitalité et de créativité. La faiblesse de la détermination dans la lutte des intermittents du spectacle est elle-même à lire au regard du glissement vers le RSA d’un grand nombre d’artistes du spectacle.

Le « tiers théâtre » est en place. Son avenir est tributaire de la législation du travail qui sera ou non appliquée comme durant le festival d'Avignon par exemple. 

En arrêtant de produire des spectacles plutôt que de les produire en exploitant son personnel, Brut de Béton Production lance un signal fort sinon désespéré à la profession, aux élus et aux citoyens.

Il y a trente ans, nous invitions le Royal de Luxe, Zingaro, Michel Portal, le Living theater dans une ville de 4 000 habitants (Billom). Il y a 15 ans nous invitions Pierre Bourdieu, Françoise Héritier, Les Elles et Louis Sclavis à Clermont-Ferrand. Hier c’était Bernard Stiegler, Svetlana Alexievitch.

Dans les 3 mois à venir et avec la collaboration d’associations affines comme LES AMIS DU TEMPS DES CERISES, LES AMIS DU MONDE DIPLOMATIQUE, LA REVUE CASSANDRE HORSCHAMP, les cinémas LES AMBIANCES et LE RIO nous inviterons aux 3 COQUINS de Clermont-Ferrand : spectacles, expositions, conférences et films pour tenter une dernière fois (et avec nos derniers deniers) de proposer une programmation digne de ce nom en ces temps troubles où le courage, la rage et la détermination devraient guider celles et ceux qui ont le privilège de rassembler les citoyens dans les agora qu’ils dirigent en leur offrant avec l’argent public la nourriture spirituelle qui seule garantie la résistance à la terreur qui approche.

Forum citoyen et scientifique sur les effets des rayonnements ionisants à Genève le 29 novembre

Un article remarquable sur la situation sanitaire à Fukushima

Festival Grain de la voix-Edition 2014 du 11 au 18 octobre à Pau (64)