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Re: [rue] un article sur le Polau dans Libé du 24 décembre


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  • From: Marie-do Freval < >
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  • Subject: Re: [rue] un article sur le Polau dans Libé du 24 décembre
  • Date: Thu, 25 Dec 2014 11:40:28 +0100

Chouette
C'est la suite qui m'intéresse 
Pour l'instant on a les boules, le sapin et on joue avec

Marie-do Freval
Directrice artistique de la Cie Bouche à Bouche
06 87 27 48 47

Le 24 déc. 2014 à 05:08, Jacques LIVCHINE < "> > a écrit :

 Arts urbains : un jour sans frein

Lieu. «Libération» s’est assigné à résidence au Polau de Saint-Pierre-des-Corps, où la création se frotte à l’engagement politique, et l’urbanisme à la conscience sociale.

PAR RACHID LAÏRECHE

Encore un matin. La gare ferroviaire de Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) recrache les silhouettes en marche sous un soleil d’hiver. En douceur. A une centaine de mètres, les rues de la zone industrielle sont désertes. En face d’un mur d’escalade payant, d’une boîte de transport routier et d’une échoppe de déguisements, on trouve le Polau, pôle des arts urbains. Un ancien entrepôt transformé en résidence d’artistes par l’architecte Patrick Bouchain.

La structure, fondée et imaginée en 2007 par Maud Le Floc’h (urbaniste dans une première vie, directrice aujourd’hui), Luc Gwiazdzinski (géographe) et Anastassia Makridou (médiatrice, Nouveaux Commanditaires) avec le soutien du ministère de la Culture, a deux objectifs : la rencontre entre créateurs, architectes, urbanistes, paysagistes pour réinventer la ville et occuper l’espace avec de nouveaux regards ; et l’accueil d’artistes en résidence.

«Baffe». Ce matin-là, une quinzaine de personnes sont réunies dans un pavillon près de l’entrepôt. Derrière le zinc, Maud Le Floc’h, la taulière du Polau, fait le service, écharpe bleue assortie à ses yeux clairs. De l’autre côté du bar, les participants ne se connaissent pas, ou peu. Ils ont la trentaine, arrivent de tous les coins de l’Hexagone et ont répondu favorablement à une invitation pour deux jours d’Hugues et Grit, un couple de quinquagénaires originaire de Tours, qui prépare un spectacle de rue sur la montée de l’extrémisme en France.

Le couple a eu le déclic lorsque le Front national a obtenu 25% des voix aux européennes de juin : «Une baffe», affirme Grit. Hugues raconte : «On a tout de suite eu l’idée de monter un spectacle populaire pour aller à la rencontre des gens, pour essayer de comprendre, voire tenter de stopper cette montée dangereuse avec nos petits moyens. On ne pouvait pas rester sans rien faire, je n’aurais pas pu me regarder dans une glace.» Le couple va voir Maud Le Floc’h pour «travailler ensemble». Hugues toujours : «On a décidé de rencontrer plusieurs artistes engagés avant d’écrire le spectacle, des gens qui ont un certain vécu des extrêmes. Le thème est beaucoup trop important pour partir seuls à l’abordage. On ne pouvait pas se laisser guider par notre colère.»

Retour dans le pavillon. En quelques mots, Hugues fixe les règles du jeu : «Pendant la durée de notre rencontre, j’aimerais qu’on se fouille, qu’on se titille, parce que chacun a quelque chose à apporter à l’autre. Entre nous, pas de hiérarchie, chacun prend la parole et dirige les débats.» La troupe se met au travail pendant que Maud Le Floc’h fait visiter les 3 500 mètres carrés de la structure qu’elle partage avec Off, une compagnie de spectacle de rue réputée au-delà des frontières.

On retrouve Hugues et sa troupe à l’heure du casse-croûte. Ils donnent l’impression de se connaître depuis des lustres et causent de tout et de rien, du rôle des médias dans la montée des extrêmes et des différents squats d’artistes en France. Repas bouclé, clope fumée : la petite troupe s’impose un huis-clos pour continuer les échanges. Le rythme est lent, la sieste tentante. La parole tourne. Ils racontent les uns après les autres leur manière de mixer création, urbanisme et engagement politique.

Cheveux attachés et pull rose, Warda parle à voix basse : «On ne peut pas être artiste sans être engagé aujourd’hui, ce n’est pas possible.» Elle a beaucoup travaillé en banlieue parisienne pour «apprendre à connaître l’autre et surmonter la méfiance» . A la Grande Borne, à Grigny (Essonne), Warda et ses collègues ont écrit des poèmes, des chansons avec les habitants du quartier, notamment des femmes. Ils ont également construit un manège pour se réapproprier l’espace. La mairie communiste s’y est opposée. Qu’importe, après trois ans de bagarre, le manège se monte. «Les gens disaient "c’est mon manège" ; pour nous, c’était une victoire» , raconte-t-elle, mélancolique. Aujourd’hui, la mairie a déplacé le manège dans un local souterrain où il se meurt en silence. Hugues prend des notes, les autres écoutent. Vincent, pas très loquace jusque-là, prend la parole: «Je suis plus politique qu’artiste» , prévient-il. Le regard droit, intense, il remonte le fil de sa vie. Celle d’un mec qui a arrêté de turbiner un matin pour rejoindre des collectifs antisystème. Vincent a frôlé la violence parfois, et dormi dans des squats illégaux avec l’estomac qui gargouille presque toujours. Puis, un jour, il a décidé de revenir sur ses pas : «Je me suis écarté de certaines personnes parce que je ne savais plus jusqu’où je pouvais aller, et j’avais peur de me retrouver dans la bande des moutons noirs, celle qui casse tout sur son passage.»

Satisfaits. Aujourd’hui, Vincent ne travaille toujours pas et vit encore dans son monde. «Beaucoup de personnes crachent sur un tas de choses mais participent au système. Moi, je veux vivre correctement et manger à ma faim sans y participer», dit-il avant d’ajouter au milieu du silence et des regards obliques : «J’ai fait des choses extrêmes, mais je ne me pose pas la question de savoir si je le suis, même si je dois l’être dans le regard des autres.»

Antoine, adepte du cirque et engagé sur le terrain de l’écologie, hoche la tête et enchaîne : «On a choisi d’être pauvre, de mal vivre, de dormir dans des lieux peu confortables. Et je vois dans le regard de mes amis, de ma famille, l’incompréhension, genre "reviens, on est en train de te perdre, mec". »

Franck, un homme sans âge, un anneau sur chaque oreille et un petit chien, Michto, qu’il porte en bandoulière tel un kangourou, est un peu l’ambianceur du groupe. Il abonde dans le sens de ses compagnons en évoquant son paternel : «Mon père m’a aidé alors qu’il n’arrive pas à comprendre ce que je fais. Plus je lui explique mon engagement, moins il comprend. Il trouve très beau de faire tant d’efforts pour si peu d’argent.» Rire général.

La fin du premier acte approche. Hugues et Grit sont satisfaits, même si l’extrême droite a peu été abordée : «Je savais que ça allait être enrichissant, mais les échanges dépassent mes espérances.» Demain, un «spécialiste du Front national» sera dans la troupe pour apporter sa vision du parti. Ensuite, chacun retrouvera sa vie, son patelin, la rue ou la scène. Hugues reviendra sûrement en résidence au Polau pour mener à bien son projet. Et éviter de faire «fausse route» 

 

 


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