L'artiste aux escarpins jette l'éponge - Valérie Mahaut | 30 Janv. 2015, 07h00 | MAJ : 30 Janv. 2015, 06h28

D'abord escamotés, les escarpins ont été replacés, puis encore retirés. L'affaire entourant l’œuvre écartée d'une exposition organisée à Clichy — parce que jugée choquante par quelques musulmans — devient un véritable imbroglio.

D'annonces en démentis, hier soir, rien ne permettait plus d'affirmer que « Silence », l'installation de la plasticienne franco-algérienne Zoulikha Bouabdellah, retrouverait l'ensemble présenté au pavillon Vendôme dans l'exposition « Femina ou la réinterprétation des modèles ».

Bien au contraire. Car après trois jours de polémique, l'artiste a décidé de ne plus exposer son travail, composée de 28 paires d'escarpins placés sur des tapis de prière. Zoulikha Bouabdellah l'a fait savoir par communiqué, au milieu de la nuit de mercredi à hier, provoquant la stupéfaction. Quelques heures plus tôt, la commissaire de l'exposition, Christine Ollier, et le galeriste Stéphane Magnan, qui représente plusieurs artistes exposés au pavillon Vendôme, annonçaient pourtant le retour de l'œuvre. L'affaire devrait se dénouer aujourd'hui. Si Zoulikha Bouabdellah a le dernier mot — ce qui est fort probable —, les escarpins ne reviendront pas à Clichy. L'intéressée explique qu'elle ne s'est pas sentie soutenue par la mairie. « Devant l'absence de réponse claire quant aux modalités de réintégration de l'installation Silence (NDLR : avec un dispositif de sécurité et l'ouverture d'un dialogue avec le public), l'artiste annonce avoir « pris la décision de retirer la pièce [...] de manière définitive ».

Zoulikha Bouabdellah nie avoir voulu créer la controverse

Elle s'explique sur le sens de cette œuvre, qu'elle n'a « pas conçue pour choquer ou provoquer, mais en vue d'ouvrir un dialogue ». Sauf que les escarpins choquent certains fidèles. « Début janvier, quatre ou cinq personnes sont venues me voir, témoigne Mourad Bouchetara, président de la Fédération des associations musulmanes de Clichy. Ils trouvaient l'œuvre insultante : elle touche la prière, un des cinq piliers de l'islam. » Embarrassé par la tournure de l'affaire, Mourad Bouchetara explique qu'il était de sa responsabilité d'informer la mairie de ses « inquiétudes » sur d'éventuels incidents. « On ne peut pas savoir qui est derrière qui... ceux qui ont commis les attentats, ils étaient juste à côté, et personne ne s'est rendu compte de rien. Nous, nous sommes des bénévoles. Si nous ressentons des inquiétudes, nous avons le devoir d'alerter. »

A ceux qui lui reprochent d'avoir créé la polémique, Zoulikha Bouabdellah répond que « Silence », créée il y a sept ans, a été exposé dans le monde entier « sans susciter la moindre controverse ».

Source : https://www.facebook.com/marieclaude.fournier.75?fref=nf&pnref=story