La culture, «variable
d’ajustement» dans le budget du Nord ?
Publié
le 07/07/2015 Moins de musique, de théâtre et de danse au programme pour tous les Nordistes dès la rentrée ? Dans le rouge, le Département a voté hier la baisse immédiate de ses subventions à ses grands acteurs culturels. Réaction épidermique de ces derniers qui œuvrent dans « un territoire pas tout à fait comme les autres ». 1. Une
baisse annoncée En tout, c’est à un peu plus d’un
million d’euros, sur une dotation départementale initialement
prévue de 5 millions, que va devoir renoncer, en pleine
saison, une petite trentaine d’acteurs culturels. Soit une
diminution de 20 % pour les scènes nationales et les grandes
structures labellisées métropolitaines, 10 % pour celles
hors métropoles, et 10 à 25 % pour les festivals. L’annonce de cette réduction,
officialisée lundi par un vote en commission permanente des
conseillers départementaux du Nord, n’a surpris personne. Et
surtout pas les directeurs des cinq Scènes nationales du Nord
reçus la semaine dernière par Jean-René Lecerf, président (Les
Républicains) du Nord qui ne cache plus son désarroi face à la
situation budgétaire du Département (1). Il a tenu à
leur expliquer son choix : « Pour limiter l’impact sur les
200 structures qu’il soutient », le Département réduit
surtout les subventions de ses Scènes nationales et grandes
structures labellisées qu’il finançait déjà dans une part bien
moindre que l’État et d’autres collectivités. 2.
Défi culturel Bruno Thibaut, de la Rose des Vents de
Villeneuve-d’Ascq, assistait à cette rencontre : « Il nous
a dit que ni nos choix artistiques ni notre travail culturel
n’étaient en cause, mais que la culture était la première à
faire les frais de mesures d’économies annoncées. Nous
comprenons la logique, mais nous craignons que la culture ne
serve de variable d’ajustement. » Une crainte partagée par l’ensemble du
monde culturel contribuant au maillage de ce « territoire
pas tout à fait comme les autres », rappelle Bruno
Thibaut, qui est aussi le représentant régional du SYNDEAC,
syndicat qui regroupe la majorité des Scènes nationales, des
centres chorégraphiques et des orchestres. « À l’heure où
la population nordiste se paupérise, on a plus que jamais un
vrai défi culturel à relever. » 3.
L’État dans le viseur Rassemblés en intersyndicale (le
SYNDEAC, avec aussi les représentants du cirque, de l’opéra,
de l’art contemporain), les acteurs culturels nordistes
devraient interpeller ces jours-ci le préfet et le ministère
de la Culture pour davantage de concertation des acteurs
publics. En clair, faire bouger l’État met tout le monde
d’accord : Jean-René Lecerf qui dénonce son coup de rabot sur
les dotations des collectivités territoriales, comme le monde
de la culture sur lequel il ricoche… 1. À la suite d’un audit révélé le
15juin, Jean-René Lecerf a annoncé que les difficultés
financières du Département le contraignent à dégager, dès
2015, 100 millions d’euros d’économie. Coup de froid sur la
création et l’emploi?
Au Département, où on soutient 200
structures culturelles, on rappelle que la suppression d’un
peu plus d’1 million de subventions touchera surtout les
établissements les plus renommés (ONL, Lille 3000, etc.). Mais
le financement départemental y est moindre que celui de l’État
et d’autres collectivités territoriales. Cette baisse, qui intervient en cours
d’exercice, représente pour chacun des 27 établissements et
projets visés de 10 à 40 % des subventions versées par le
Département, soit de 4 à 200 000 euros. Elle touchera
principalement les cinq Scènes nationales : le Phénix de
Valenciennes (où la subvention départementale représente 3,3
%), le Bateau feu à Dunkerque (4,5 %), la Rose des Vents à
Villeneuve-d’Ascq (6 ), l’Hippodrome de Douai (6,9 %) et le
Manège à Maubeuge (7,9 %). Suivent les grandes structures
labellisées (–40 % pour Les concerts d’Astrée) et les
festivals des Nuits secrètes (–37500 euros) à Art Point M (–
92000) en passant par Cassel Cornemuses (– 2300). Cette baisse touche tous les domaines
(cirque au Prato de Lille, art de rue au Boulon de
Vieux-Condé, musiques actuelles à l’Aéronef de Lille…) mais ne
devrait pas avoir de conséquence sur la programmation déjà
annoncée pour la saison. En revanche, c’est pour 2016 que pèse
l’incertitude, selon le représentant régional du SYNDEAC. Une
incertitude qui pourrait rendre plus frileuse la création
artistique et menacer l’emploi des intermittents dont la
mobilisation avait culminé l’été dernier. Par ailleurs, les
musées gérés en propre par le Département (Matisse, etc.), ne
devraient pas être touchés. C. L.
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