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RE: [rue] confidences sur les BIS de Nantes


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  • From: François Mary < >
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  • Subject: RE: [rue] confidences sur les BIS de Nantes
  • Date: Fri, 19 Jan 2018 11:16:40 +0100

Le Bis, un partenariat privé-public pour quelle finalité ? Quelle est l’intention, quel est l’objectif, quel est l’objet de l’association ?

 

 

C'est quoi ces colliers blancs que chacun a autour du cou ?

 

« Qu'est-ce là  ? lui dit-il.  Rien.  Quoi ? rien ? Peu de chose.
Mais encor ?  Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause. »

 

Bonne journée à tous,

François

 

De : [mailto: ] De la part de Jacques ( via rue Mailing List)
Envoyé : vendredi 19 janvier 2018 08:26
À : Liste Liste rue
Objet : [rue] il parait que tout le monde n'est pas sur Facebook, alors voici mes confidences sur les BIS de Nantes

 

Premier jour

 

Sous les spectacles, il y a des entreprises, des circulations d’argent, des bénéfices, c’est le rendez- vous de ceux qui gagnent des parts de marchés, les vrais hommes d’affaires du spectacle. 12 000 personnes. Immense foire. 80 débats. La Ministre est là. C’est un rassemblement de start- ups de toutes sortes, chaque stand offre un pot en fin d’après midi. On discute technique mais aussi idéologie. Des centaines de sponsors. Le théatre privé tente de pénétrer le théatre public. On y lit les nouvelles tendances du théâtre. Les CDN semblent avoir carrément changé de discours.
La Région Pays de Loire défend la Culture et la Maire de Nantes, pareillement.
On a l’impression que l’argent déborde de partout. Et puis quand arrivent les chiffres de la diffusion, tu meurs debout; les créations seraient jouées en moyenne, 5,4 fois. ! C’est l’embouteillage le plus monstrueux qui existe, le goulot d’étranglement. Des milliers de créations ne trouvent pas preneur.
Cécile Backes de la comédie de Béthune regrette amèrement de ne pas dépasser les 30 représentations par spectacle. Et on ne parle que de public empêché, exclu, de la couleur blanche du théâtre.
La représentante du ministère, côté DGCA -Hatchnondo- est totalement dépassée, paraît incompétente . Le président de la SACD lui, est très drôle, anime les débats avec dextérité.
A l’étage des labels musique c’est la folie totale, L’arrogance des tous les marchands.
Tous les bill Gates, les Steve Job, les Zuchenberg se pressent dans les travées. Je serre beaucoup de mains. La fédé nationale des arts de la rue est la lilliputienne de ce rassemblement. Avec nos parts de marché minuscules, nous sommes toisés de très haut. 

Et bien sûr, plus une seule place dans les hôtels. Je me retrouve au Radison Blu dans une” business room” installée dans l’ancien palais de justice, petit déjeuner dans la cour d’assises. J’hallucine.

 

 

deuxième jour 

 

Il  y a quelqu’un qui me demande : qu’est ce que tu vas foutre aux BIS, toi ? 

 

On parle beaucoup de communautarisme, un mot que je comprends plus ou moins. 

Car nous dans le théâtre,  ne sommes nous pas des toutes petites communautés, vivant dans des petits cercles ? 

La rue parle à la Rue. 

Les CDN et Scènes Nationales entre eux

Les Riches entre eux . 

 

En un demi -siècle de théâtre, j’ai échangé en tout quatre phrases avec un directeur de CDN,  

j’ai dîné une fois avec un ancien ministre,

j’ai échangé deux phrases avec Jack Lang qui me prenait pour quelqu’un d’autre, 

 

Alors aux Bis, ça a toute la laideur du monde de l’argent, mais  au moins tu vois de nouvelles têtes, et tu écoutes  ce qu’ils disent, tu sors de ton entre-soi, de ton microcosme. 

 

Tu mesures à quel point tu es un moins que rien, avec tes minuscules budgets de création, avec ta minuscule surface médiatique.  Il y a un cercle de 50 professionnels qui ont entendu parler de toi, à peine. 

 

Mais il y avait un nouveau  phénomène étrange à ces Bis 2018. 

Un bouleversement des paradigmes et des valeurs. 

La déclaration de Villeurbanne de mai 68 a fait l’objet  d’un focus dans le grand auditorium. 

A toutes les tribunes on n’entendait qu’un seul son de cloche. 

Elargir le public, démocratiser, faire humanité ensemble,  ne pas croire que les gens sont incultes, respecter la culture des modestes, de ceux qui ne vont jamais à l’Art. S’occuper du bien commun, mettre en route les intelligences collectives,  

Ça en devenait même fatigant.  Le mot création  associé à l’excellence,  qui était la valeur absolue depuis 40 ans, laissait la place au partage, à l’infusion,  au territoire, à faire ensemble, faire avec, se nourrir des gens. 

 

 D’un seul coup, nous qui étions rangés dans les socio -culs, méprisés pour nos actions de quartier,  de rue,  et notre goût du territoire, nous étions rattrapés par une nouvelle génération de scènes nationales et de cdn. 

Même la ministre qui a fait un discours uniquement sur invitation, n’a pas pas parlé de création, m’a t-on dit. Je ne faisais pas partie du premier cercle d’invités, je ne m’étais  même pas inscrit au grand banquet à 32 €. 

Aux grands débats, seul Saulnier Borel  représentait la rue. 

 

J’ai acheté des revues, amassé divers bulletins que j’ai lu dans le train du retour. 

Dans le bulletin d’Artcena je découvre 50 pages de projets de création. Théâtre, rue ou cirque. 

 

Des productions à 80 000, 120 000, 216 0000 €, et des listes  interminables de co -producteurs. 

Ce que j’ai noté , c’est que les voilures  se sont réduites , 3 interprètes  cela devient la moyenne.    

Et nous à l’Unité avec nos pièces à 12 acteurs , ou même 18 acteurs, mal payés, nous sommes carrément à côté de la plaque, nous faisons partie d’un autre monde, nous voulons nier les réalités  économiques…

Si cela continue nous ferons partie du grand cimetière des compagnies disparues. 

 

 

Jacques Livchine 

 

 

 

 




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