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[rue] Eric Pététin interné de force à l’hôpital de Cadillac


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  • Subject: [rue] Eric Pététin interné de force à l’hôpital de Cadillac
  • Date: Tue, 1 May 2018 10:57:53 +0200

Le militant écologiste Eric Pététin interné de force à l’hôpital de Cadillac

[INFO RUE89 BORDEAUX] Arrêté le 9 avril dernier à Bordeaux alors qu’il se rendait  sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Eric Pététin a été hospitalisé de force  à l’hôpital psychiatrique de Cadillac, à la demande du préfet. L’activiste de la vallée d’Aspe aurait arraché l’essuie-glace d’une voiture, et tenu des propos délirants. Un appel de cette décision sera examiné jeudi par le tribunal de Bordeaux.

« On a cherché Eric pendant des jours, on ne savait pas où il était, alors qu’il était parti de son domicile à Oloron et devait nous rejoindre au rassemblement de reconstruction de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, autorisé par la préfecture », précise son amie Josiane Benquet-Bétinsky, qui a alerté Rue89 Bordeaux de l’internement du militant.

Elle s’inquiète en effet pour la santé de « Pétof », retenu dans l’unité pour malade difficile :

« Il est maigre comme un coucou, et se laisse mourir de désespoir. »

Le juge des libertés et de la détention a en effet confirmé le 19 avril son hospitalisation d’office demandée par la préfecture de Gironde, et son maintien à Cadillac sous contrainte, pour une durée indéterminée.

Remède de cheval

Selon Josiane Benquet-Bétinsky, le 9 avril dernier, l’activiste connu pour son combat contre le tunnel routier du Somport, avait essayé d’arracher l’essuie-glace d’une voiture en stationnement à Bordeaux, ce qui a provoqué l’intervention de la police.

« Comme il est sous traitement, et de santé morale fragile, il n’a pas du se laisser faire, explique-t-elle. Il sort d’une opération de deux ulcères, mais il avait pris de la kétamine, un psychotrope dont les vétos se servent pour calmer les chevaux. Résultat, il a mis le barouf et s’est fait virer de sa maison de repos. Tout ça lui est monté au cerveau, il pense que Dieu lui parle. »

Eric Pététin dans les jardins de l’hôpital de Cadillac (DR)

Selon son avocat Pierre Hurmic, le préfet lui a reproché une rupture de traitement et de suivi médical pour ses troubles psychologiques :

« La préfecture a considéré qu’il était pris d’idées délirantes à caractère messianique, et prononcé sont internement car elle estimait qu’il portait atteinte de façon grave à l’ordre public. C’est en l’occurrence tout à fait discutable et disproportionné, car  les dégradations volontaires de deux véhicules – lui n’en a reconnu qu’une – sont tout à fait légères. »

« Interné pour le protéger »

Jointe par Rue89 Bordeaux, la préfecture de Gironde affirme avoir été sollicitée par l’hôpital Charles-Perrens de Bordeaux, et avoir demandé son hospitalisation sous contrainte sur la foi d’un certificat médical de cet établissement, via un arrêté préfectoral du 9 avril, et en vertu de l’article L32 13-1 du code de la santé publique.

« C’est en raison des troubles qu’il présentait, et dans son intérêt, pour le protéger et pour éviter des troubles graves à l’ordre public », indique-t-on à la préfecture, qui n’a pas pu nous renseigner sur les circonstances exactes de l’interpellation.

L’Indien subit en tous cas actuellement une nouvelle incarcération : il avait purgé fin 2016 une peine de 3 mois fermes à la prison de Mont-de-Marsan pour « délit d’entrave au déroulement des débats d’une collectivité territoriale ». Motif : avoir arrosé avec une carafe d’eau le maire d’Agen, Jean Dionis du Séjour, en pleine séance du  conseil communautaire. Le militant s’opposait alors au projet de Technopole sur des terres agricoles, contre lequel une zone à défendre (ZAD) s’était un temps constituée.

Appel le 3 mai

Le vétéran – 63 ans  – des luttes zadistes cumule ainsi une trentaine de condamnations depuis son engagement pour la vallée d’Aspe, dont les ours ont aujourd’hui disparu au profit de quelques centaines de camions par jour empruntant un tunnel à 1,8 milliard d’euros.

« Ce qui le fait enrager, note Pierre Hurmic, c’est que personne ne l’a écouté pendant 30 ans, et même ses opposants de l’époque comme Jean Lasssalle (ex député UDF, NDLR) s’accordent aujourd’hui à dire qu’il avait raison. Il a eu le tort d’avoir eu raison très tôt. »

Pour soutenir « l’Aspache », désormais engagé contre la déviation d’Oloron – une route à 77 millions d’euros -,  ses  proches organisent un petit déjeuner festif et pacifiste ce jeudi 3 mai place de la République, devant le tribunal de Bordeaux. La cour d’appel examinera alors sa demande de sortie de l’hôpital.

/// Bon 1er mai à toutes et tous,

François



  • [rue] Eric Pététin interné de force à l’hôpital de Cadillac, François Mary, 01/05/2018

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