La fin de la seconde guerre mondiale est la matrice de la culture que l’on connait actuellement. C’est ce qu’on appelle vulgairement la décentralisation, un
concept méga génial pour l’époque, mais qui maintenant s’est émoussé, s’est institutionnalisé,
en tout cas a perdu sa nécessité première. Cette idée était déjà en vogue dans l’entre deux-guerres,
elle prend racines dans les hommes et femmes
de cette époque (Dullin , Copeau ,Arthaud, Maurice Potecher du théâtre
de Bussang , Firmin Gémier mon préféré
, etc …) Et vous savez quoi, c’est une femme qui est à l’origine de
tout ça. Jeanne Laurent, une visionnaire qui dés que le CNR (Conseil
National de la Résistance) a commencé à se positionner sur une société
nouvelle et bien elle, avec un petit groupe, elle
réfléchissait une culture pour le peuple, et surtout une culture qui va vers
le peuple. Pour la petite histoire, cette grande dame a été remplacée par André Malraux , pas évident d’être femme après la guerre. Un
homme ça présentait mieux. Bref cette grande Dame lance à partir de 1946, une opération
nationale de démocratisation du spectacle vivant. La culture est essentiellement parisienne, il faut irriguer les provinces
car le peuple entier a soif de culture,
de rassemblements, d’humain …………d’expériences communes. On est dans une
époque où le General De Gaulle a
dit : « Quand il ne reste plus rien, il reste la
culture » La culture au sens large du terme A la fin de la guerre
le territoire est exsangue, il n’y a pas d’infrastructures culturelle en
France, rien, que nenni. Et dans un premier temps, y’a pas à tergiverser, pour que
cette mission réussisse, il faut aller au charbon, réinventer les modes de
productions, mais surtout réinventer les modes de diffusion des œuvres en
province et pour les banlieues de l’époque Des troupes se forment autour de metteur en scènes, directeur, c’est le vrai esprit de troupe tel
qu’on le rêve de nos jours. Certains achètent
des vieux camions des surplus de guerre (le fameux half-track de l’armée
américaine) et c’est parti sur les routes ………. J’ai eu l’immense chance d’avoir été formé par des hommes et
des femmes qui avait connues cette époque bénie, des hommes et des femmes qui
dormaient chez l’habitant, installaient les scènes, géraient tous les aspects
inhérents à une tournée, les spectateurs devaient venir avec leur chaise et
payaient un petit prix d’entrée, ceux qui n’avait pas le sou pouvaient voir le
spectacle gratuitement s’ils restaient derrière les places payantes. Et si il n’y avait
vraiment pas de pognon , le village
nourrissait et arrosait copieusement les artistes . Le nombre de cuites
mémorables doit se compter en milliers, le
nombre de VRAI rencontres … en dizaines
de milliers. La place de l’artiste est désacralisée et il reprend enfin son rôle premier d’être avec le peuple et de faire avec, dans une écoute commune, et
un besoin partagé. Images d’archives hallucinantes de foules , tout âge
confondu, agglutinés comme des sardines devant un grand classique, il faut dire qu’à l’époque, même celui qui n’a
que le brevet des collèges a un minimum d’instruction (hé oui) et connait ses
classiques, il connait Molière, Racine, Shakespeare et il découvre avec bonheur
des auteurs comptemporains . Ca joue partout ou c’est possible, extérieur, salles de
classes vidés pour l’occasion, grange etc.…. Parce que, il n’y a tout simplement pas d’endroits dédiés au
spectacle vivant, et c’est ca qui est
fantastique. Moment où tout a du
sens, aller vers, donner sans retenue, éduquer les masses populaires ……… Faire son boulot d’artistes en tirant vers le haut en ayant
une vraie réflexion sociologique. Notre travail DOIT servir à quelque chose. Ok, là, j’enfonce
une porte ouverte. Cela fait de nombreuses années que je me dis que cette
époque et le spectacle de rue actuel ont
énormément de choses en commun, que
notre véritable creuset, hé bien il est là……….. Nos dinosaures Crespin etc. … n’ont ni plus ni moins que
réinventer une nouvelle décentralisation. Je me rappellerai toujours Michel Crespin qui me raconte comment dans les années 70,
ils ont inventé des nouveaux circuits en appuyant sur les MJC, et tous ces lieux
issus de l’éducation populaire, On invente rien , on réinvente sans cesse ……. Toujours est-il que si tout cela a été possible c’est qu’il
y a eu des hommes et des femmes qui ont penser une autre culture, mais surtout
ils s’en sont donnés les moyens, leur plan de guerre n’était pas un petit
truc à l’échelle d’une ville ou d’une
région , mais véritablement un plan d’attaque à l’échelle du territoire, un
plan ambitieux qui s’appuyait sur des institutions nouvelles et qui surtout
était mené de commun accord avec l’état. Depuis le début de rue libre je rage derrière mon ordi dans mon jura natal, à me dire,
putain on est incapable de se coordonner pour faire une action de niveau
national, une action qui passe sur les médias
nationaux, on est vraiment des mickeys sur ce point là .vraiment . Imaginer que toutes les fédérations régionales, les Cnarep,
les collectifs non affiliés, les artistes indépendants aient convenu d’un jour et d’une heure pour
que dans la France entière on fasse tous une action artistique devant les
sièges des France 3 régions, une action coordonnée à l’échelle du pays avec les
moyens d’aujourd’hui, l’image, les médias, hé bien je suis sûr que le
ministère et son concierge du moment,
lui en entendrait parler …… L’extrême gauche et l’extrême droite on bien compris
l’intérêt de l’actionnisme pour faire parler d’eux, ils sont très forts,
inspirons nous-en. Et ce n’est qu’un exemple ……….. Ne le prenez pas mal, je critique juste la lisibilité, mais
je loue toutes les bonnes énergies qui y
ont cru et y croient encore. Hauts les cœurs ……. Alors pourquoi j’écris tout ca ???? j’écris tout ça
parce que je pense qu’il faut rêver loin, très loin et surtout ambitieux , si
on veut tirer notre épingle du jeu. Car en ce moment on
est littéralement terrorisé par la vision d’avenir, on réagit, et c’est normal,
le nez dans le guidon .(merci à ceux qui militent pour nos « anciens
« droits , qui dépatouille ce bordel de notre survie à tous ) Mais permettez-moi une projection : Et si les outils
culturels d’hier n’étaient pas ceux de
demain et que nos armes actuelles deviennent caduques, il
faut un plan ……. Donc essayons de rêver large, je sais c’est dur, mais si des
gens l’ont fait il y a 60 ans au sortir d’un drame quand même beaucoup plus
compliqué que ce que nous vivons maintenant . Pourquoi pas
nous ? Alors comment fait on
pour avoir un accès direct au ministère
de Franck le branleur et leur expliquer que les arts de la rue sont en
capacité et en envie de faire une grande
fête nationale de fin de déconfinement ? Une action coordonnée
sur les territoires et la capitale en temps et en heure ;Un moment où on s’accapare véritablement la loi NOTRE. Ils pensaient nous filer des miettes avec cette loi, et en fait, le local, les territoires, ce sont
des terrains de jeu fantastique où nous réinventons des petites
décentralisations. Comment, en accord et complicité avec les scènes
généralistes, qui le veulent , car faut le vouloir , (c’est plus un projet A 4
de mes coui……. mais une question de vie ou de mort) .on s’associe . Cela pourrait être
l’occasion de tisser des liens ? Regarder le nombre de scènes généralistes qui commencent à
goûter à nos œuvres, ils sont mûrs. Ils nous regardent encore un peu de haut,
mais là, y vont avoir besoin de nous, car ils ne sont plus capables de réitérer
le coup d’éclat d’après guerre. Comment on fait pour se réapproprier notre outil de travail
(l’espace public) en accord avec nos tutelles, car on est au bon endroit, on
est capable de jouer partout, presque sans infrastructure ; comme les
anciens de la décentralisation. Et je n’insiste pas sur la nécessité de reconquérir l’espace
public, l’espace citoyen, chacun est assez malin pour sentir ce qui se prépare. Si chacun réfléchit dans son territoire à ce que pourrait être
cette fête de déconfinement, on pourrait faire d’une pierre plusieurs coups, travailler
du local au national en ayant conscience de ce maillage, se ré emparer de notre
outil de travail avec la bénédiction des tutelles, et surtout profiter de ça
pour faire valoir une véritable reconnaissance. On est les enfants
cachés de la décentralisation bordel de
dieux, crions-le, hurlons-le, nos œuvres
sont de plus en plus intelligentes, nos écritures sont de plus en plus pertinentes. Nous sommes une
partie du spectacle comptemporain et pas des moindres, la plupart des metteurs
en scène de salle sont restés à l’âge de pierre du spectacle . Engluer dans des
pratiques culturelles mortifères. Nous on invente depuis 30 ans, on dépoussière (y’a pas que
nous dans les salles ça arrive parfois) profitons de nos expériences, valorisons
nos pratiques ……… Dé confinons le spectacle de rue avec comme objectif de
choper des lettres de noblesse, soyons
ambitieux si on veut avoir ne serait-ce qu’un quart de ce qu’on rêve. Et je finis par une anecdote artistique : Un des plus grands spectacles de rue du 20 ième siècle s’est
déroulé en Russie en 1919, c’est la reconstitution de la prise du kremlin par
les révolutionnaires, d’ailleurs toutes les photos qu’on a de cet événement ont
été prise ….en 1919 (le drapeau rouge sur le kremlin vous voyez) Chœur de l’armée rouge mis en scène sur le toit du kremlin
et rediffusé avec les premiers haut parleurs (c’était le nom) Ensemble philharmonique aux fenêtres d’immeubles, des
milliers de figurants, la société civile mise en scène, l’armée etc. …….. Deux trains équipés
en scènes de théâtre; sur les toits et dans les wagons découpés pour le coup;
ces scènes mobiles pouvaient arriver de
cour ou de jardin (ils ont monté les rails pour l’occasion) Bref, même le royal de luxe n’a pas fait aussi fort. Et c’est normal c’était un théâtre instrumentalisé par le
pouvoir en place. Revenons à nos moutons Si le ministère suivait on pourrait déconfiné avec art
et humanité la France entière. On est j’imagine beaucoup à avoir eu l’idée de Chtou concernant
les grosses déamb, mais y’a sans doute
un immense rituel à réfléchir ……et tout ce à quoi je ne pense pas. Et si on est pris pour des fous , des utopistes , des punks
a chiens, des sous artistes alors niquons tout le monde et fesont le en
mode « armée des ombres » (ref : resistance francaise ) Inspirons nous des « yes men » et des
extremes de tout bords, eux y savent faire . Bon j’ai totalement conscience que tout ça est un peu
mégalo, ceux qui me connaissent savent que j’assume, mais sachez que toutes les grosses crises ouvrent des opportunités incroyables pour la
culture, ça a presque toujours été vrai
dans l’histoire. Chatelain Christophe. Génération mammouth du théâtre de rue. Lucile Chesnais Port pro : 07 82 02 23 72 L’AGITÉE Création et organisation d’évènements artistiques et culturels Diffusion : « Broncaravane » - Le Mitch (51), « Doppelgänger » - BRONCA (51), « Le Projet Laramie » - Cie Jour de Fête (64) ——— Pudding Théâtre - Mesnay, Jura (39) Chargée de prod et de développement théâtre de rue Facebook: Pudding Théâtre site internet : www.puddingtheatre.fr ——— Cie L'oCCasion - Besançon (25) Chargée de prod et de développement théâtre ------ Francomtoise de Rue - Franche-Comté collectif de cies franc-comtoises d’arts de rue coordinatrice site internet : www.francomtoisederue.com ------ FAREST - membre du CA, référente BFC |
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