Liste arts de la rue

Archives de la liste Aide


[rue] répondre à macron avant l'heure : Intermittence pour tous et Ministère des Arts.


Chronologique Discussions 
  • From: " " < >
  • To: Liste Rue < >
  • Subject: [rue] répondre à macron avant l'heure : Intermittence pour tous et Ministère des Arts.
  • Date: Sun, 3 May 2020 19:33:39 +0200

Réinventer le monde ?

Le prix du pétrole est négatif. On se marre. Mais quel est le cours du baril de culture ?


Essai de réinvention de notre monde et de revendication pour demain.

Pour un Ministère des Arts et l'Intermittence pour tous.


On tourne en rond, pas que depuis cette crise, mais bien depuis plus de dix ans. On arrête pas de parler de se réinventer, de refonder notre secteur, nos pratiques, nos visions de nos esthétiques.

On arrête d'enchainer les conférences, les colloques, les UB, pour savoir ce qu'on doit faire, comment le faire, ou le faire.

On arrête pas de changer nos mots. Arts de la rue, de l'espace public, des espaces non dédiés, etc etc

on arrête pas de tourner autour du pot, mais comme à chaque fois, on ne regarde pas le pot.


Alors je m'essaie à regarder ce pot commun.


Qui sommes nous ? Des artistes. Par soucis de facilité, je vais inclure ici dans ce mot les artistes bien sûr, spectacle vivant, cinéma, audio, livre etc, mais aussi les techniciens, les administrateurs, les chargés de diff, et en fait l'ensemble des métiers recensés dans les listes annexes 8 et 10 et ceux qui ne sont pas intermittents mais qui bossent avec au quotidien.

ce terme alors générique permettra d'aller plus vite.

Nous sommes donc des artistes. Nous créons des œuvres. Des œuvres d'art. De pleins de formes différentes. Des plus classiques, usuelles, communes, aux plus innovantes, diverses, folles...

nous exerçons donc une activité de création artistique. Qui requiert des qualifications, des savoirs faire, des savoirs être. Des envies, des idées, des utopies.

Et nous créons ces œuvres d'art, pour partager ces envies, ces idées et ces utopies.

Ces œuvres d'art sont des outils d'échanges et de réflexions que nous présentons aux gens pour créer la discussion, le débat, et/ou le partage d'émotions.

Elles n'ont ni vérité, ni valeur de leçon. Elles n'ont pas d'autres utilité que l'apport à la conscience humaine. Par un regard sur une situation, qui en permet une autre perception, ou par une intimité dévoilée, qui crée une émotion partagée, alors source de relation. Ou juste pour rire, tout aussi important.

Nos œuvres donc servent de reflet de la société.

Par nos œuvres d'art, nous sommes des miroirs de l'activité humaine. De ses relations, de ses actes, de ses fondations.


Si jusqu'ici ceci semble correct, alors vous noterez que je n'ai pas à aucun moment utilisé le mot Culture.

Nous ne sommes pas des producteurs de culture. Nous ne sommes pas des cultureux.

Je ne suis pas un professionnel de la culture.

Je ne saurai pas comment professionnellement produire de la culture.

C'est quoi la culture ? Elle est variée, elle est faite d'ensembles.. Diverse. Aux origines multiples et aussi complexes que le sont chaque individu. Culture théâtrale. Littéraire. Cinématographique. Mais aussi ouvrière. Religieuse. Populaire. Maraichère. Agricole. Culinaire. Culture du sexe. Du genre. Des genres. Politique. Communiste. Néolibérale. guerrière.... culture de la solidarité. De l'accueil...

Qui représentent ces cultures dans la société ? Des artistes ? Pas sûr.

Ces deux dernières années, qui a représenté la culture de la solidarité et de l'accueil dans les médias ? Cédric Herrou. Agriculteur, éleveur de poulets et producteur d'olives (selon sa fiche wikipedia). Un citoyen. Pas un artiste.

Des artistes ont soutenu cette personne. Miroir de son combat. Ils lui ont donné une résonance, et ont renvoyé un autre visage de la personne en opposition de celle avancée par les médias. Reflet nécessaire pour permettre le débat.

Alors, pourquoi est ce qu'on revendique ce mot de culture ?

Pourquoi la culture serait elle notre secteur ?

Je n'ai pas de culture, si ce n'est la mienne. Personnelle. Mais qui vaut la même chose que celle de chacun.

Je n'aligne pas douze noms d'artistes en références pour justifier mes actes et obtenir un aval pour continuer. Quand j'en appelle à l'oeuvre de quelqu'un, c'est bien pour signifier la place de cette œuvre dans mon parcours, pas sa personne puisque a priori, je ne la connais pas.

Je n'ai pas plus de valeur qu'un jeune de quartier, qu'un migrant, qu'un sdf... ils ont autant de culture que moi. Culture de l'exil, de l'oppression, de la misère mais pas que... avec leurs références.

Quand un artiste va chercher leur regard leur parole, il le fait bien pour se saisir de leur culture non ? Pas arrivant du haut de la sienne ? Il se met bien en action pour se faire miroir de leur personne. Afin d'apporter ce regard là au travers de son œuvre d'art au reste de la société...

alors c'est quoi cette culture qu'on défend ?

Soutiens aux professionnels de la culture ? Non.


Cela impliquerait en plus, des amateurs de la culture. Une sorte de groupe de gens qui auraient une culture moins affirmée... moins référencée. Mais référencée par quoi ? Par une liste de protagonistes artistiques ? Pourtant, dans une culture révolutionnaire, les références sont plus des économistes, des philosophes, des chercheurs.. peu d'artistes. Ou alors, Frédéric Lordon et Bernard Friot, Karl Marx sont en fait des artistes... peut être.

et s'il y a des amateurs de la culture, alors puisqu'on a créé des groupes de professionnels et d'amateurs, donc il y a un groupe de gens qui ne sont ni l'un ni l'autre. Donc sans culture ?

Impensable. Ce serait quoi ? Des gens... qui ne sont rien ?


Alors pourquoi continuons nous a utiliser pour nous ce mot ?

Qu'est ce qu'on a à s'accaparer ce mot et ce qu'il représente pour toute la diversité des humains, pour nous même ?

Depuis deux ans, j'ai beaucoup de mal avec les droits culturels. Mais en fait, c'est parcequ'on se les accapare. On s'en fait les défenseurs, mais en construisant autour de ces droits des murailles dans lesquels seuls les artistes en seraient les porteurs, capables de comprendre..

Alors que toutes les expériences qui explorent ces droits le démontrent : ce sont des citoyens qui les vivent. Artistes, mais avec des habitants, des ouvriers, des politiques, des gens quoi... et pour les vivre cela fait appel à l'ensemble des champs d'activité de la population. Urbanisme, écologie, alimentation, éducation, transports, social.. et arts. Parmi les autres champs.

Peut être avons nous de part nos pratiques une expérience qui nous permet d'entraîner les autres secteurs à s'en saisir. Je ne fais pas de procès d'intention, je parle globalement au delà du cas de celui qui me dira « oui mais non moi je. ».


On s'accapare la culture.

Comme si nous en étions les seuls représentants.

Et on prive les autres de ce champ humain. Pas volontairement mais par abus de langage.


L'industrie culturelle. L'Entreprise culturelle.

Moderne. Efficace. Innovant.

L'industrialisation de la culture. L'entreprenariat culturel.

La culture néolibéral a bien fait son travail.

Industrialiser la culture.


On est tous d'accord pour revendiquer une agriculture locale, raisonnée, et durable. En opposition, (il faut toujours rappeler le versant opposé d'une décision. Si je défends quelque chose, c'est donc contre quelque chose) à l'industrie agroalimentaire...

alors pourquoi revendiquons nous l'industrie culturelle ?


Changeons.

Changeons le mot culture par art.

Je suis un professionnel des arts. Je suis un theatreux.

Ce qui me permet de dire que je suis un amateur de menuiserie, de jardinage et de cuisine. Mais pas un menuisier, un jardinier, ou un cuisinier... et rien en ce qui concerne la médecine, l'astrologie.. ce sont des cultures aussi...


L'industrie artistique. L'entreprise artistique.

Industrialiser l'art.


Ça donne tout de suite un autre regard.

Et ça remet immédiatement une notion claire de nos pratiques. De ce que nous portons : des métiers. Et de fait de quoi s'occupe un ministère : Pas de mes pensées, pas de ma culture.

De ma pratique en société. De mon métier.


Nous sommes des producteurs d'oeuvres d'art.

Aparté : de la même manière arrêtons avec LA création. Il n'y a de Création avec Majuscule que deux options : ou l'acte divin, ou l'acte d'enfantement (ce qui nous exclu des deux messieurs n'oublions pas, de même que l'un des deux n'est qu'hypothèse puisqu'il n'y pas de Roi représentant de dieu sur terre, actant de ce qui fait création)...

On peut peut être se targuer d'un peu d'humilité en faisant l'effort d'arrêter de contracter les mots pour les garder concrets.

Nous faisons des créations artistiques. Comme un ouvrier du bâtiment fait une création immobilière, comme un agriculteur crée, un coiffeur, etc...

Sans son adjectif, en parlant de création, nous nous offrons notre petite séance d'auto satisfaction égotique qui nous perd dans nos propres jouissances et nous coupe du reste de la société.


Donc si nous sommes des producteurs d'oeuvres d'art, des artisans de créations artistiques, alors, nous ne pouvons pas utiliser le mot culture.

Si nous définissons nos métiers par l'envie d'être miroir de la société alors nous sommes miroirs de toutes les cultures. Pas celle définie par notre ministère. Pas LA culture.

Quand un artiste va récolter la parole de migrants pour en faire une œuvre... il ne définit pas la culture, il exerce son art. Son métier. Pour donner à voir et à entendre la culture de cette personne. Ni plus ni moins. Il l'enrichira pas sa propre culture, mais comme un ferronnier enrichit son artisanat de sa culture, comme un ouvrier va a l'usine avec sa culture..


Nous sommes des travailleurs et travailleuses. Au même titre que tout le monde.

Quand on lit Bompard ou Larderet, Livchine, qui nous racontent ces années 70, 80, ils ne nous disaient pas réinventons la culture. Ils disaient en sortant dans la rue contre l'institution : votre façon de concevoir l'exercice de mon métier ne nous convient pas. Les arts pour nous c'est pas vos citadelles. Les arts c'est dans la rue.... Arts de la rue.. pas Culture de la Rue.

Et jamais ils n'ont dit qu'ils vivaient d'amour et d'eau fraîche. Même un manche est un salaire.


Revendiquons alors, première réinvention du monde, non plus un ministère de la culture, mais un ministère des Arts.

Nous sommes des Art-istes. Pas des Culturistes.


Et cela incluerait alors trois missions simples, cadrées et carrées. On a déjà deux de ces missions, mais on les a noyées sous des dispositifs et processus de projeeeeeets qui les ont rendues illisibles et inaccessibles sous prétexte de Culture. Sous prétexte de délivrer LA Culture. Alors on écrème et on en revient au cœur.


Défendre la création artistique sous toutes ses formes, dans toutes ses diversités. En apportant des moyens des lieux, des espaces de travail, de recherche et d'expérimentation. Pour permettre le travail des artistes. Sans préconisation de fond ou de forme dans la création artistique.

Favoriser la diffusion des œuvres artistiques. Soutenir les espaces de diffusion, les ouvrir, les rendre multiples, capables d'accueillir toutes ces formes pour les présenter au plus grand nombre, soutenir les lieux, les festivals, les saisons, le nomadisme... Sans fioritures. On met les œuvre face au public.


Ces deux simples missions ont depuis longtemps existé. Rien de neuf. Et ont amené beaucoup de problématiques. Qui ont menée à l'état actuel de notre secteur.


Mais parcque nous avons peut être contraints nos réflexions dans le champs de la Culture de notre ministère, nous avons tenté de répondre à toutes ces interrogations comme des isolés du monde. Comme si nous pouvions nous artistes, répondre à des interrogations et problématiques qui dépassent de loin nos prérogatives, nos responsabilités.

Pourquoi les gens ne viennent pas voir les œuvres ? Est ce vraiment notre problème à nous artistes ? Ou est ce un problème de politique et de citoyen ? Est ce que je me pose la question de savoir si l'accès à mon garagiste doit être facilité par une politique publique de la garagerie ? Mon garagiste je pense pas qu'il se la pose comme ça.. et ça ne l'empêche pas d'être citoyen.

Nous ne cultivons personne. Nous produisons des œuvres. Revenons à notre base.

Et séparons conditions d'exercice du métier, mission du ministère des arts, et politique sociétale, débat citoyen et général.


La troisième mission du ministère des Arts se pose donc sur un niveau supérieur à sa propre action.

Si nous accordons à nos métiers et actes la valeur de miroir de la société, sans jugement de celle ci autre que par notre choix artistique de forme, qui permet d'apporter réflexion et émotion à tous, alors, tous doivent pouvoir se saisir de nos métiers pour enrichir leur propre secteur.


Nous admettons assez facilement aujourd'hui que l'écologie n'est plus l'affaire d'une seul parti politique, ou d'un groupuscule de hippies farcis au lait de chèvre tapant sur des djembé dans le larzac.

Nous avons tous muri, et admis que la question environnementale devait être étroitement liée à toute activité humaine. Arts y compris. Les festivals s'adaptent, les spectacles le prennent en compte.. etc. une valeur fondamentale et universelle fondement de l'action.


Il doit en être de même pour les arts.


Pourquoi aujourd'hui payons nous pour intervenir dans les autres secteurs ?

Cas concret en occitanie : les résidences en lycée, qui ont un volet de temps dédié à la création artistique de la compagnie, mais doivent comprendre un temps dédié à de l'action pédagogique/pratique avec les élèves sont à 90% financés par nos propres budgets issus des services culturels région/drac.

Il ne s'agit pas de questionner l'intérêt d'aller travailler avec ces jeunes. Au contraire.

Si l'apport des artistes est si important pour les jeunes, pourquoi cela n'est pas inclut véritablement dans les budget de l'éducation nationale ? Pourquoi n'est ce pas obligatoire dans les programmes scolaires ? Pourquoi avons nous cette impression de meubler parfois les impuissances des équipes enseignantes ?

Si l'apport des artistes dans les services hospitaliers est si utile en valeur de soins pourquoi cela n'est pas inclus dans les budgets du ministère de la santé ?

De même pour les prisons, les quartiers, les territoires...

pourquoi notre ministère doit il financer l'abandon entier de tous les autres secteurs de nos métiers ?


Car nous serions les seuls dépositaires de la culture ? Qu'elle serait externe à tous les autres secteurs ?

Nous asséchons nous même notre secteur en acceptant ce fait. En se targuant d'un rôle culturel que nous n'avons pas à assumer en tant que professionnels des arts.


Revendiquons, comme pour l'écologie, un intérêt général commun à tout champ d'activité et la mise en place de budgets propres à chaque ministère pour financer notre participation à ces secteurs. Nous ne pourrons jamais défendre l'éducation populaire au seuil d'un seul ministère.


Le ministère des Arts peut être pour sa troisième mission le garant de cela.

Un ministère au même titre que l'écologie placé prioritaire sur tous les autres ministères. Pour s'assurer que nul part ne soient absents les artistes et ce miroir là. Ecoles, prisons, hôpitaux, entreprises, quartiers, villes, villages.... et contraintes de la sécurité à la préservation de l'accès à l'art.

Et là à ce niveaux, nous pouvons défendre l'éducation populaire et les droits culturels, comme ils se doivent, au niveau le plus profond de toute activité humaine.

Et remettons dans chaque secteur, la place légitime des métiers qui servent la médiation.

Les artistes producteurs d'oeuvres d'art ne sont pas des éducateurs de quartiers, des médiateurs sociaux, des enseignants... pas des pansements sur les problématiques sociétales que nous vivons.


Redéfinissons nos politiques publiques sur ces termes là.

Finis les émiettements de nos budgets pour diffuser la culture. Concentrons les sur nos métiers et leurs réalisations, et renvoyons à tous les pans de la société leur responsabilité de se saisir de nos arts pour faire vivre LES cultures, et apporter à leurs problématiques des outils par nos savoir faire qui compléteront d'autres apports.

Nous n'avons aucune réponse à apporter à un quartier qui souffre de ses précarités. Juste des outils à leur mettre à disposition. Si on leur donne les moyens directs de s'en saisir.


C'est interessant le nombre de personne qui réagissent un peu surpris voir choquées quand on dit que peut être demain, dans certains quartiers, les gens n'auront pas forcément envie d'accueillir des artistes sous leur barre d'immeuble.. que de fait on est pas une priorité.

Qu'ils seront peut être plus intéressés par.. manger. Et que nos budgets, ils pourraient penser qu'ils seraient mieux dépensés ailleurs... s'ils doivent se passer de services commerciaux pour survivre, pourquoi pas de nous ?

Car « pas de société sans culture » ?

Mais ils en ont de la culture. De ça ils ne manquent pas.


Nous ne sommes qu'un secteur professionnel comme un autre. Une fois que nous expurgeons ce mot de culture, nous pouvons enfin nous rédefinir et défendre nos arts.

Après tout, si on exerce pas nos métiers, est ce que la culture disparaît ?

Nous ne serons jamais que complémentaires vis à vis d'autres métiers.

Les économistes, les chercheurs, les philosophes, les sociologues, éducateurs etc.. nourrissent nos pratiques, et nos regards, pointent nos attentions pour se faire miroir nous même de leurs questionnements, que nous leur partageons alors pour soutenir leurs travaux.


Nous ne sommes pas isolés du reste des professions et de leurs apports aux cultures.


Alors pour réinventer le monde, une fois qu'on aura réinventer notre ministère des Arts pour nous soutenir nous mêmes comme producteurs d'oeuvres d'arts, et donc de travailleurs, si nous sommes interdépendants avec toutes professions, il nous faudra sortir comme nous sortirons de la culture de notre précarré social qu'est l'intermittence du spectacle.


Sommes nous si fiers de notre privilège ?

Sommes nous si satisfaits de pouvoir nous préserver par notre régime, pourtant imparfait et excluant, sous prétexte que par la lutte nous avons réussi à créer une alternative à la précarité totale ?


Bien sûr que non. Nous faisons tous le constat de l'absurdité de cet îlot de protection sociale quand tout autour de nous s'effondre les gens par leur précarité, quand nous sommes renvoyés à notre privilège, par ceux au régime général, au RSA, ou qui n'ont pas ouvert de droits, ceux exploités en auto entreprise...

On oublie un peu vite qu'on a eu notre accord en 2016 parce que Valls ne nous voulait pas dans la rue avec Nuit Debout. Joli cadeau de notre retour au silence pendant que la loi travail passait à coup de matraques et de LBD.


Alors, on fait quoi ? On jette tout ça ? Bien sûr que non. On élargit. On ouvre. On casse les barrières. On tire vers le haut. On partage. On étend la solidarité interprofessionnelle.


Reinventer le monde, ne peut se faire que si on arrête de penser nos métiers en refusant de parler de condition sociale, séparant esthétique et travail, séparer l'artiste du travailleur. Il n'y a pas de politique publique des arts qui ne puisse se faire pour remplir les missions d'un ministère des arts s'il n'y a pas une protection sociale forte, et la plus large possible.


Proposition de revendication : l'intermittence pour tous.


Refonte de l'assurance chômage en deux annexes uniques et universelles (ce qui veut dire que vous être forcément dans l'une des deux sans aucune exception) :

Annexe 1 : dédiée aux CDI. Prenant en compte par une protection particulière des travailleurs l'impératif de s'associer avec un employeur sur une durée longue et nécessitant l'exclusivité de son engagement, elle permet d'offrir si sortie du contrat une protection adaptée sur un temps long, d'au moins deux ans, favorisant alors la formation pour reconversion éventuelle, ou la recherche d'un nouveau CDI.


Annexe 2 : intermittence du travail. Ouvert à tout secteur professionnel. À tout travailleur en CDD. Toute personne qui aura cumulé 600 heures en douze mois, ouvrira 12 mois de droits à l'assurance chômage sur la même modalité de calcul que les intermittents du spectacle actuel. On nous as dit en 2014 qu'un intermittent ne coutait pas plus cher qu'un chômeur du régime général, alors actons le.

En ouvrant tous les secteurs et tous les emplois à l'intermittence, on donne ainsi la liberté à chacun de choisir ses engagements. De travailler dans le spectacle, et de compléter ses heures dans un autre secteur. On prend en compte les note d'auteur, les auto entrepreneur, les pigistes, par une équivalence des montants en heures. On adapte la cotisation à l'assurance chômage à celle avant macron.. la cotisation comme financement, pas l'impôt, telle que mise en place par le CNR est notre liberté face à l'Etat, car argent des travailleurs géré par les travailleurs.

En faisant cela, je peux travailler sur la création d'un spectacle, puis aller bosser dans le restaurant de famille l'été, répondre à une commande d'écriture pour un livre en préparation, crée une œuvre plastique, faire un chantier... Me retourner vers un petit boulot si je suis en manque d'heures. Partager une parentalité sans contraindre l'un ou surtout l'autre... et sans m'astreindre à m'engager à jamais dans un contrat précaire.

C'est pouvoir refuser des emplois indignes. Libéré dans un monde libéral autant que faire se peut du couperet de la précarité.

Pensons à ceux et celles qui nettoient les toilettes des trains... ne seraient ils pas plus heureux de pouvoir s'en passer ? Ou de ne le faire que par nécessité un temps donné ? Un étudiant pourrait plus facilement avoir une solution pour étudier..

Plus de chantage à la pauvreté. Un équivalent de tiers temps annuel assure un revenu minimal décent à tous équivalent au SMIC pour les plus bas salaires.

On change d'emploi. On partage l'emploi. On dit non à un employeur indigne. Comme aimeraient pouvoir le faire les cordistes actuellement, contraints de bosser sur des chantiers littéralement toxiques sans protection, et en mourir parfois...

Dans les mentions obligatoires de vos contrats, de vos conventions, dans la liste des logos de vos affiches : aujourd'hui, pourquoi ne mettons nous pas Pole Emploi ? C'est pourtant soyons honnête notre premier financeur pour exercer nos métiers... Est ce une honte ?


Notre liberté d'intermittent du spectacle c'est de pouvoir exercer notre métier fort d'une protection sociale, libres de nos engagements, libre de consacrer du temps à des projets encore non financés, libres de dire non à des employeurs mauvais, libres de se faire virer du jour au lendemain, mais connaissez vous d'autres secteurs qui fonctionnent autant à la parole donnée ? La vraie parole fruit d'un rapport de force réel entre employeur et salarié, un rapport qui essaie de tendre vers une forme d'égalité..

Oh oui certes aujourd'hui on parle beaucoup des contrats signés en amont etc...

mais voulons nous un métier dans lequel tout soit figé des mois avant ?

Dans lequel le papier domine ?

Attention à ne pas confondre contrainte de l'administration auquel il faut répondre d'une manière ou d'une autre et prison de fonctionnement de nos paroles artistiques.



Ce n'est pas prêcher le grand soir que de revendiquer cela.

Ou quand bien même cela le serait, il faudra bien comprendre que pour reinventer le monde que nous voudrions demain, il ne faudra pas laisser le grand soir à ceux qui sont déjà en train de dresser le diner.

Les places à table sont limitées. Et pour l'instant nous n'y sommes pas invités.

A défaut de grand soir pour l'heure, nous n'avons que le lendemain et sa gueule de bois.

Et pourtant, en cuisine, au service, c'est nous qui bossons.



David Cherpin

En rétablissement suite à l'infection, parler de son métier comme d'une pratique, sortir de l'image de la Défense de la Culture comme on se le partage souvent en ce moment, pour pouvoir aussi revendiquer mon droit à ne pas exercer mon travail si je le devais pour me protéger, me ramène donc forcément à la nature de mon activité. Un emploi. Pas une mission. Pas une bonne parole délivreuse de culture. Si je n'exerce pas mon métier, je serai quand même porteur de culture. Comme un musicien sera toujours musicien. Alors demain dans ce déconfinement, on défend quoi ? Si je décide de refuser une résidence, un spectacle, serais je dans mon droit de retrait ou un opposant à la marche de la Culture ?

Reprendre coute que coute le boulot, ouvrant des espaces à tout prix pour ne pas abandonner la Culture ? La Culture elle est là. Ce sont nos métiers et nos pratiques que nous défendons. Pas La Culture. Alors renvoyons au ministère cette réalité. Sortons des Grands Mots, qui nous empêchent de voir ce qu'il en est : nous sommes dans un rapport de force avec des néo libéraux qui rêvent de nous renvoyer au silence et à la précarité pas pour abattre la culture, mais l'instrumentaliser plus encore pour leur propre intérêt et surtout rompre avec notre modele social. Nous sommes des travailleurs et travailleuses, entrepreneures et entrepreneuses dans ce combat.

Et méfions nous de ce qu'ils nous annonceront. ils ne lâcheront rien gratuitement.

















  • [rue] répondre à macron avant l'heure : Intermittence pour tous et Ministère des Arts., , 03/05/2020

Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.

Top of page