nous sommes des enfants qui n’ont jamais voulu travailler

nous pouvons répéter le même geste, des heures dans ce geste, dans la transe du geste sans que le mot travail ne pénètre l’espace du geste

le découpage du temps tel qu’il existe n’existe pas

midi peut se trouver à quatorze heures et à quatorze heures il n’est pas trop tard

nos journées assemblées ressemblent à de minuscules moments d’euphories, de spleens, de pauses, concentrées-déconcentrées-décentrées

il n’y a pas d’heure pour pétrir, seul le jour la nuit la pluie ou des éléments comme le soleil influent le geste et le rythme

nous sommes dans le monde, nous le questionnons naturellement, nous le décorons de ce que nous sommes

l’atmosphère commerciale qui nous tourne autour comme un vautour électrique gêne le temps et brouille l’esprit

avec le temps il est possible non pas hélas de s’en affranchir mais de le reléguer à ce qu’il est : une anomalie

nous n’avons pas besoin d’exister nous existons de fait

nous rions de nos dits succès et échecs relatifs et des dits succès et échecs de nos camarades

nous rions et c’est bon

nous ne sommes ni meilleurs ni plus médiocres que le reste de la population, nous sommes ce que nous sommes

les plus osants d’entre nous ouvrent de nouvelles portes de perceptions chacun est libre de les digérer les regarder les ignorer

l’organisation des populations est source de réflexion, toutes les tentatives avortées de démocratie depuis plus de deux mille années nous renseignent

nous ne savons pas ce qu’est la démocratie car la plupart d’entre nous ne la vivent pas, seuls quelques îlots qui ne se signalent pas en agitant les bras la teste réellement

les êtres qui règlementent nos vies sont des génies et des malades internés dans un système

nous sommes des impuretés traversés de pureté

nous sommes des puretés traversées

aucune organisation n’est invitée à guider nos errements sur la matière : mangez vos morts

nous mourrons : nous sommes des enfants qui n’ont jamais voulu travailler

quel mot pourrait mériter une majuscule ?

nous ne mettons pas de point à la fin de de nos idées en cours, à la fin de nos phrases, sur le crâne de nos sculptures