Ah cher Barth on passe vite du statut de jeune con à celui de vieux con que nous sommes devenus.
S’il nous arrive de pousser encore quelques coups de gueule, nous sommes vite classés dans les anciens combattants.
Ce que nous avons connu, tous nos grands souvenirs d’Aurillac et de Chalon, nous pouvons les enterrer.
Mon obsession c’était la mixité sociale, je trouve que le théâtre ne fonctionne bien que lorsqu’il y a mixité sociale et cette mixité sociale nous avons réussi à la trouver lors des premiers festivals de rue dans les années 80.
Mais depuis un certain temps, le public populaire du début a été remplacé par les festivaliers, plus connaisseurs, mais finalement assez uniformes sociologiquement .
Le public populaire il est dans les parcs d’attraction. Cette révolution on ne l’a pas vu venir. Disney est la première attraction touristique française, fait plus de monde que le Louvre, 12 millions d’entrées par an.
Après il y a les grands festivals de Musique avec 100 000 personnes qui n’hésitent pas à sortir leur carte de credit.
et moi j’ai vu des familles entières débarquer au Parc du Puy du fou, des prolos n’ayant pas peur de payer 200 € à 5.
Et puis voilà, Disney, Asterix, Puy du Fou emploient des milliers d’intermittents, artistes de cirque de théâtre, cavaliers et même des metteurs en scène de la rue. Buratt a fait des scénarios pour Asterix et le groupe F les effets spéciaux du Puy du Fou et sans doute Jacky Beffroi, et puis aussi des échassiers qui m’ont raconté l’enfer de ces parcs.
Heureusement il n’y pas que Chalon et Aurillac, même si ça été des lieux phares, là où les compagnies croisaient un maximum de programmateurs qui pouvaient voir les spectacles avec du public.
Peu à peu s'organisent des séances uniquement pour professionnels, des salons. J’y suis allergique.
Mais faut pas se focaliser sur les deux festivals mastodontes, il reste encore Sotteville, Amiens , Vieux Condé, Libourne,( j’y suis jamais allé) et la Farse à Strasbourg et d’autres etc
La société a évolué, il faut slalomer entre vigipirate et le sanitaire.
A L’Unité on a pris le large, les forêts, les prés, les chemins de campagne. Pas de trace de barrière, zéro rubalyse, petites jauges.
Toute la France est couverte d’initiatives parallèles innovantes portés par des bénévoles et des professionnels. J’admire Michto à Nancy.
Il y a même une rencontre des projets itinérants à mode doux, ce que j’ai fait avec la francomtoise cet été. 173 kms à pied, 7 spectacles inventés sur la route et joués dans les villages.
Il y a moyen de ruser. Et des territoires à prendre. Tout n’est pas perdu, ça mue, ça mue.
Il y a les grosses institutions, pour la bourgeoisie culturelle, les auditeurs de France Inter, les plus de 50 ans, le public captif de l’éducation nationale, les mails orange.fr, (!)
et il y a le tiers -théâtre qui occupe les interstices. Plus jeune, plus innovant, plus dynamique, plus amical, plus proche des droits culturels, et moins doté en financements.
Ne demande pas ton chemin à quelqu’un qui le connait, tu risquerais de ne pas t’égarer
Jacques Livchine
Metteur en songes
PS : j’ai un blog qui remplace le site Unité, perdu pour l’instant avant d’être retrouvé j’y fourre quantités de pensées illicites.