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[rue] Re : un petit mot encore... Encore ?


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  • From: JL des Goulus < >
  • To: rue le fourneau < >
  • Subject: [rue] Re : un petit mot encore... Encore ?
  • Date: Sun, 3 Apr 2011 06:34:00 +0100 (BST)
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Plutôt que les sempiternels vieux souvenirs du vieux défricheur ressassés
avant sa cure télévisuelle, mieux vaut s'intéresser peut être à d'autres
voies de formation.
Ci dessous, une chronique de Michel Rousseau, actuellement en Inde.
Sans doute l'un des plus grands routards artistiques de la planète. Il a
formé des clowns d'hopitaux au Cambodge, s'est baladé tout seul aux quatre
coins de la planète avec sa chtiotte valise d'accessoires. S'estimant mauvais
clown, l'est revenu en France, il a bossé avec Laura Hertz, Daler, et il est
reparti. C'est lui qui m'a fait decouvrir le Kirghizstan (ou il neige).
Voilà un défricheur discret... Les Bengali l'appellent Mister Bean, parce
qu'il n'y a pas de "clown" là bas



En route pour London 31 mars 2011 par Michel Rousseau

Le premier spectacle du matin a lieu dans un parc de la ville, sous un
arbre immense. Pas de loge ici, j’ai pris le parti de me changer dans la
voiture. Comme les enfants sont déjà nombreux et agglutinés à ma portière, je
demande au chauffeur d’aller un peu plus loin, où je serai plus tranquille
pour me changer et me maquiller. En sortant de la voiture, j’avise un
rickshaw dont le conducteur est en attente d’un client. Je l’installe à
l’arrière, enfourche la partie vélo à l’avant et pédale comme je peux
jusqu’au cercle déjà impressionnant qui attend que le spectacle commence. Le
chauffeur du rickshaw est hilare, les enfants l’ovationnent, le spectacle
peut commencer...

Deux heures plus tard et déjà quelques litres de sueur en moins - c’est déjà
l’été et quand il ne pleut pas, la temprature grimpe tôt le matin - je suis
de nouveau dans la voiture pour un raccord maquillage. Sans que je le vois,
un vieil homme magnifique et souriant s’est approché de la vitre et me
regarde me maquiller. Il fait signe de baisser la vitre, il veut me serrer la
main. Il a le visage buriné et radieux, une longue barbe blanche, pas de
moustache, une coiffe de hadj en dentelle blanche, et tient à la main une
superbe ombrelle bleu sombre.
Quand je sors pour me diriger vers le lieu du spectacle, il insiste pour
m’accompagner et me protéger du soleil avec son ombrelle. Nous partons ainsi
côté à côte et rapidement se forme un cortège à notre suite. Quelle arrivée
une fois encore. Le lieu du spectacle est un terrain vague caché entre des
immeubles. Outre la quarantaine d’enfants des centres d’accueil, accompagnés
par leurs animateurs, les gens du quartier affluent par centaines, 300,
peut-être 400. Il y a des gens sur les toits des immeubles, aux fenêtres, ça
ressemble à un théâtre à l’italienne, les dorures en moins, les sourires en
plus. L’espace est immense, je déploie beaucoup d’énergie pour être présent à
l’échelle du lieu et du public nombreux. Au bout d’une heure de pur bonheur,
porté par les rires, je me dirige au fond du terrain vague, où se trouve un
vieux camion indien Tata, complètement décati, les roues enfoncées dans la
terre
jusqu’aux essieux. Je fais monter un paquet d’enfants dans la benne
derrière, et m’installe aux commandes. Je leur demande où ils veulent aller,
ils me répondent "London !". En voiture Simone, je ne sais pas si on arrivera
à London, mais en tout cas on y croit.
D’un coup, grosse averse. Les gens savent qu’ils ne doivent pas rester sous
la pluie depuis l’accident nucléaire au Japon. Ils décampent comme des
étourneaux, et je me retrouve seul dans l’habitacle de "mon" camion. C’est
assez irréel, seul avec un nez rouge dans un terrain vague de Dacca ;o)
Dernière représentation de la journée dans un centre d’enfants. Pour ces
quatre jours à Dacca, je suis accompagné par le coordinateur en chef de ces
programmes de centres d’accueil. Je ne le connais pas, mais il m’apparaît
comme le stéréotype du fonctionnaire, rien qui dépasse. Il assiste aux
spectacles nerveux et le visage crispé, visiblement dérangé par mes pitreries
et les rires que ça provoque dans l’assistance. Lui ne décroche pas un
sourire, et en général, au bout de 40 minutes, il s’approche de l’espace de
jeu pour me dire que ça suffit, que je peux arrêter. Evidemment je dis oui,
et j’ai un malin plaisir à remettre des couches pour aller jusqu’à l’heure
prévue. Chaque soir, je lui demande ce qu’il pense de mes interventions, il
me dit poliment que c’est très bien, mais je sens bien qu’il coince. Ce soir,
j’ai la chance d’avoir dans l’assistance la directrice du centre, qui rit aux
larmes, et qui
est assise à côté du monsieur crispé. Je la charge plus et plus, elle est
morte de rire, et finit par tomber de sa chaise. Eclat de rire général ... y
compris du monsieur. Il arbore jusqu’à la fin un large sourire. Après 40
minutes, je m’approche de lui pour lui suggérer d’arrêter là, il me fait
signe de continuer... Yes !

Michel Rousseau
Les GOULUS
34, rue Gaston Lauriau
93100 Montreuil
Tél Bureau : 01 48 58 78 78 (79 pour le fax)
Portable JL : 06 80 73 94 40
mail :


Site : http://www.lesgoulus.com
BLOG : www.goulus.blogspot.com


--- En date de : Dim 3.4.11, Jacques Livchine
< >
a écrit :

> De: Jacques Livchine
> < >
> Objet: [rue] un petit mot encore
> À: "Liste rue"
> < >
> Date: Dimanche 3 avril 2011, 0h24
> j'étais dans le petit comité
> qu'avait réuni Crespin pour réflechir à cette idée de
> formation, il y a dix ans je crois bien.
>
> ça me paraissait bizarre,  parce que justement, 
> l'acte de jouer dans la rue était dans les années 1973 une
> rupture avec tout ce qu'on avait appris à la fac ou 
> dans les écoles de théâtre.
> C'était un acte de rebellion.
> Et je me disais que  pour fabriquer un artiste
> rebelle, y a pas besoin d'école.
>
> Quand je m'étais mis à jouer dans la rue, il n'y avait
> pas un seul festival,  nous avons créé la 2CV
> théâtre, place des fêtes dans le XX ième , puis  au
> milieu des saltimbanques de Beubourg, J'avais un peu honte,
> je me disais que ce n'était peut être plus du théâtre,
> je cherchais dans tous les bouquins qui avait bien pu faire
> du théâtre dans une bagnole ou sur les places publiques.
> Y avait bien la comméddia dell arte, et le théâtre
> forain,  y avait bien le groupe octobre de Jacques
> Prévert, mais c'est tout, et cela ne ressemblait pas du
> tout à ce que nous faisions. Je naviguais en pleine mer
> sans boussole.
>
> On a encore tendance à dire, vrai théatre, celui que se
> fait entre quatre murs et un autre théâtre toujours
> considéré comme illégitime, le théâtre de rue, qui ne
> serait pas le vrai.
>
> Or je me suis bâti  peu à peu une autre théorie,
> c'est le théâtre entre quatre murs qui est
> illégitime,  car les origines  du théatre,
> remontent   à 572 ans avant Jésus Christ et
> c'était du théâtre de place publique en Grèce sous le
> ciel, pas du théâtre confiné.
>
> Je voulais  en fait parler de la transmission.
>
> Comme il n'y avait aucune formation rue, c'est nous qui
> découvrions toutes les règles et ça prenait du temps, et
> c'était d'échec en échec ou de réussite en réussite que
> nous notions jusqu'où on pouvait aller, les fautes qu'il ne
> fallait pas commettre.
>
> A l'époque il n'y avait que Jérôme savary qui avait fait
> quelques parades, le palais des merveilles,  le Bred
> and puppet, théâtre de manif, Eugénio Barba, l'odin
> teater, Crespin et son théâtre acide et ceux que j'oublie,
> nous étions une petite douzaine.
>
> Ce que nous avons mls dix ans à comrpendre sur certaines
> règles à respecter, eh bien nous sommes capables de le
> transmettre en cinq minutes.
>
> Alors on s'est dit, la FAIAR c'est pour faire gagner du
> temps, mais ayant dirigé des fondamentaux de la FAIAR, j'ai
> pu alors constater qu'être un artiste ça s'apprend pas,
> là on n'y peut rien, c'est profond et personnel, ça vient
> de blessures intimes, mais donner à celui qui se sent une
> invincible envie de créer une sorte de boîte à outils et
> quelques règles de base. Ah ça oui.
>
> Tu me diras , alors pourquoi, les apprentis ayant 
> appris en 18 mois quantité de trucs,  ne nous font pas
> tous des reflets époustouflants,  C'est que justement
> la boîte à outils est une condition nécessaire mais pas
> suffisante.
>
> Vous savez tous comme moi que le théâtre de rue se forge
> au contact du public et que la première représentation a
> en fait lieu après vingt crash tests. Tous les spectacles
> sont remaniés pendant au moins vingt représentations sinon
> plus.
>
> Et la Faiar est justement  le lieu où  on a le
> droit de se tromper, de tenter, d'essayer.
>
> Il est hyper dur de donner un avis sur une soupe à
> moitié cuite, même si parfois on peut se dire
> qu'elle  a des chances d'être succulente.
>
> Nadège a le courage de dire qu'elle n'est pas contente de
> sa prestation,  et moi je ne suis pas capable de lui
> dire si c'est une bonne idée ou une mauvaise idée qu'elle
> a eue.
>
> A l'Unité, il n'y a jamais de bonne idée.  On dit "
> c'est le plateau qui décide". On essaye, et on voit. Par
> exemple cette règle que je viens d'énoncer, j'ai mis dix
> ans avant d'en être sûr.
> Pas besoin de s'engueuler pendant des heures sur une idée,
> on l'essaye, c'est tou,t et le plateau donne immédiatement
> son verdict. Mais c'est toujours pas gagné, même si le
> plateau dit oui, le directeur de festival peut avoir un avis
> différent.
>
> La Faiar c'est un formidable lieu  de rencontres, or
> on sait bien que le théâtre de rue ne se fabrique pas dans
> sa chambre devant une feuille A4 ou un  écran, 
> il naît dans des rencontres, et pas les rencontres dans les
> festivals à la terrasse des cafés ou au bar à champagne,
> non, des rencontres longues et profondes, où on ne discute
> pas de nos dates.
>
> Les rencontres de la FAIAR sont précieuses, et c'est un
> magnifique luxe de rester 18 mois ensemble à 15, et pendant
> ces 18 mois rencontrer un tas d'artistes.
> Les retombées positives, ce n'est pas le soir du panorama
> , c'est deux, trois ans, ou cinq ans plus tard.
>
> Emeline a très bien su exprimer que ce qu'elle a fait,
> sans la FAIAR, elle n'aurait jamais pu le faire, mais ce
> qu'elle a fait n'est encore que la racine de ce qu'elle va
> développer.
>
>
> Voilà, c'était une petite divagation que m'inspirent
> Nadège et Enrique, un petit témoignage avant de m'énerver
> contre Ruquier et Zemmour
>
>
>
> Jacques Livchine
> Metteur en songes
>
> le théâtre de l'Unité, c'est toujours autre chose...
>
> Blog + site  hhttp://www.theatredelunite.com
>
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> Et pour tout probleme, vous pouvez raler aupres de
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