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[rue] Dans un journal vespéral, un article sur l'école nationale des arts du cirque de Châlons


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  • Subject: [rue] Dans un journal vespéral, un article sur l'école nationale des arts du cirque de Châlons
  • Date: Fri, 29 Apr 2011 14:40:54 +0200

A Châlons, l'école qui a transformé le cirque

Le Centre national des arts du cirque (CNAC) de Châlons-en-Champagne fête ses vingt-cinq ans d'existence


D ans le milieu, on évoque souvent le Centre national des arts du cirque (CNAC), à Châlons-en-Champagne, comme étant l'ENA du cirque. C'est dire l'envergure de ce haut lieu de formation supérieure, ruche de créateurs depuis son ouverture, en 1985. Nombre des têtes d'affiche du spectacle vivant, comme Johann Le Guillerm, la compagnie Anomalie, AOC et Mathurin Bolze, ont fait leurs classes au CNAC et colportent dans le monde entier cette enseigne d'exception.

" Le cirque contemporain n'existerait pas sans le CNAC, c'est aussi simple que ça ", assène Jean-Michel Guy, ingénieur de recherche au département des études et de la prospective du ministère de la culture et metteur en scène. Et d'ajouter : " Sa création, très soutenue par les pouvoirs publics, a été un facteur décisif pour l'histoire des arts de la piste et la construction du paysage tel qu'on le connaît aujourd'hui. "

Avec ses 25 ans au compteur, le CNAC, dirigé par Jean-François Marguerin, a décidé de marquer le coup avec une série d'événements. Autour de l'inauguration, samedi 30 avril, du cirque municipal rénové, des performances, tables rondes, projections de films, vont fêter cette école d'art. Et la première promotion, celle des Jean-Paul Lefeuvre et Hyacinthe Reisch y cousinera avec la vingt-deuxième.

Chaque année, une quinzaine de jongleurs, acrobates, experts en mâts chinois, sélectionnés trois ans auparavant sur concours et sur une centaine de dossiers, décrochent le diplôme des métiers des arts du cirque. " En 1989, on se demandait bien ce que cela pouvait signifier, s'exclame en riant Jean-Paul Lefeuvre. Le centre était un immense bac à sable où l'on a inventé peu à peu ce que pouvait être l'enseignement du cirque. " La pédagogie du CNAC, qui a inspiré nombre d'écoles internationales, a été établie dès le début des années 1990 par son plus fameux directeur, Bernard Turin (1940-2008). De 1990 à 2002, ce plasticien et trapéziste amateur va croiser l'apprentissage technique sous la houlette de sportifs et celui des arts frères en invitant des chorégraphes et des metteurs en scène.

Cette pédagogie pluridisciplinaire, qui cassait le modèle traditionnel de la transmission familiale, va se concrétiser par un coup d'éclat : la création, en 1995, pour les étudiants de la septième promotion du spectacle Le Cri du caméléon, mis en scène par le chorégraphe Josef Nadj. Ce succès international marque la bascule du " nouveau cirque ", apparu dans les années 1970, celui d'Archaos ou de Plume, au cirque contemporain. Son influence esthétique persiste encore aujourd'hui.

" L'impact de ce qui était devenu le style CNAC a marqué de façon majeure la piste au risque jusqu'au début des années 2000 de figer certains spectacles dans la reproduction, commente Yveline Rapeau, programmatrice cirque au parc de La Villette. Tant le "look" récup' que la construction des pièces où apparaissaient de courtes séquences de danse sans véritable enjeu dramaturgique devenaient trop repérables. "

Plus largement, le choc " cirque et danse " n'en finit pas de se répercuter sur les plateaux, dégageant de nouveaux territoires. Des metteurs en scène et acrobates comme Mathurin Bolze et Jean-Baptiste André continuent, parallèlement à leurs propres pièces, de collaborer en tant qu'interprètes avec des chorégraphes comme François Verret, Alain Platel et Sidi Larbi Cherkaoui.

Un label CNAC ? Evidemment oui. Sésame auprès des programmateurs, il est aussi un repère pour les artistes. " Parce qu'on partage un vocabulaire commun et que ça va plus vite pour travailler, glisse Gaëtan Levêque, du collectif AOC. Depuis la création de la compagnie en 1999, je n'ai fait passer qu'une seule audition, en 2008. "

La plus importante école de cirque en France jouit d'un budget en rapport. En 2008, sur les 5 576 229 euros donnés par le ministère de la culture à trois écoles de formation professionnelle, dont celle de Rosny-sous-Bois et l'Académie Fratellini, 3 151 085 euros allaient au CNAC. Environ l'équivalent de la somme attribuée à la centaine de compagnies de cirque subventionnées sur les cinq cents répertoriées actuellement. Le budget global de fonctionnement du CNAC, autour de 4 500 000 euros, permet de produire le spectacle de la promotion sortante en invitant un artiste extérieur à la mettre en scène. " C'est un merveilleux outil d'insertion professionnelle ", précise Gwénola David, conseillère artistique et pédagogique depuis 2007.

Programmée chaque année au parc de La Villette et " très attendue par le public ", selon Yveline Rapeau, cette création attise les commentaires des professionnels. Si elle a fait " sortir le cirque de la mendicité au départ ", selon la formule de Jean Vinet, directeur de La Brèche, à Cherbourg, elle devient aujourd'hui, selon certains, une concurrence lourde pour les compagnies qui n'ont pas les reins aussi solides.

Rares sont d'ailleurs celles qui peuvent assumer de gros plateaux avec un grand nombre d'interprètes. " En privilégiant depuis dix ans la formation, on a parallèlement affaibli le marché du travail, pointe Yannis Jean, du Syndicat du cirque de création. Il est urgent de rééquilibrer le secteur si l'on veut continuer à donner du travail à tous les jeunes qui débarquent. "

Rosita Boisseau

Les 25 ans du CNAC.

CNAC, 1, rue du Cirque, Châlons-en-Champagne (Marne). Tél. : 03-26-21-12-43. Du 30 avril au 1er mai. Cnac.fr

© Le Monde


  • [rue] Dans un journal vespéral, un article sur l'école nationale des arts du cirque de Châlons, Delfour Jean-Jacques, 29/04/2011

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