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[rue] FW: [listenationale] Re: Commission pour un carnet de campagne,...


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  • Subject: [rue] FW: [listenationale] Re: Commission pour un carnet de campagne,...
  • Date: Mon, 09 May 2011 12:30:02 +0200

Title: FW: [listenationale] Re: Commission pour un carnet de campagne,...
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Et n’oubliez pas que “le théatre de rue est un théâtre de guérilla” dans “et comment cela commenca” l’excellent bouquin de Floriane que tout le monde se doit d’avoir lu.

Pascal

Objet : [listenationale] Re: Commission pour un carnet de campagne,...

Ecore des éléments pour le CA, la Commission, et toutes les bonnes volontés
Bonne lecture.. Au travail
à bientôt
Amitiés
FRED


« Le pouvoir subversif et déstabilisateur des arts de la rue est aujourd’hui mis au service des citoyens afin de les aider à mieux vivre leur quotidien urbain, inventant une histoire aux villes nouvelles, soignant la vie communautaire dans les villes traditionnelles. L’Etat, les politiques ne jurent en effet que par la cohésion, le lien, la lutte contre l’exclusion. Et ce sont précisément eux qui commanditent aujourd’hui ces réjouissances, qui financent le « désordre culturel », exigeant du consensus, même sous couvert de provocation. L’évènement est médiatique, les arts de la rue jouent la politique de communication des villes. Malaisé, dans ces conditions, d’expérimenter des formes trop crues dans leur dénonciation ou traitant de problèmes que l’on cache généralement. (...) Et la rue, lieu de liberté et d’échanges, là où l’opinion publique est force agissante, fait peur, on la contrôle (« La rue ne fera pas la loi », Charles Pasqua) ; la rue, lieu d’aliénation par l’hyperfonctionnalisation, lieu de déracinement par l’anonymat, contre lesquels les détournements des artistes de rue constituent une réelle force. Cette rue, les décideurs la suréquipent, lui surimposent du symbolique, au lieu de penser que c’est aux usagers de construire leurs récits et de les agencer collectivement. Certains artistes de rue, bâillonnés (ou risquant fort de l’être), jouent aujourd’hui le rôle d’amuseurs légitimant le pouvoir politique subventionneur. Seuls quelques-uns redonnent encore vie aux échanges sociaux dans la ville, par la profondeur de leurs interrogations. Jusqu’où (ne) se laisseront-ils (pas) limer les ongles alors que l’individualisme revient en force malgré les discours officiels ? »
Floriane Gaber, journaliste et chercheuse


La rue comme espace public d’_expression_ et de représentation
C’est que la rue devient l’espace de l’_expression_ et de la représentation, l’espace de la création et de la performance, l’espace, enfin, de la lecture et de l’interprétation. La rue cesse d’être un espace de passage et de circulation : elle devient un espace public dans lequel le passant, devant l’_expression_ artistique, acquiert la conscience de son identité et de son appartenance et donne du sens à l’espace urbain, qui devient, dès lors, un espace symbolique. L’_expression_ des arts de la rue et les représentations dont ils sont porteurs transforment la rue en un espace esthétique de spectacle et de lecture. La rue, fait l’objet d’une appropriation par les pratiques artistiques : elle échappe, le temps de la représentation,, à la logique de l’économie politique urbaine, pour instituer un temps urbain de la représentation, distinct du temps de l’économie urbaine. C’est à la fois dans l’espace et dans le temps que les arts de la rue instituent l’espace urbain comme espace symbolique. Espace d’_expression_ et de représentation, la rue cesse de n’appartenir qu’à la voirie pour devenir pleinement un espace public, c’est-à-dire un espace dans lequel le peuple urbain élabore la dimension esthétique et symbolique de son identité.

Penser la ville par les arts de la rue
Les arts de la rue ne sont pas seulement une activité artistique et esthétique. Comme tous les arts, comme toutes les activités symboliques, ils ont une fonction d’intelligibilité et de rationalisation – en l’occurrence, les arts de la rue nous servent à penser la ville, ils nous donnent sur la ville un regard distancié, critique. Les arts de la rue élaborent sur la ville une analyse et une interprétation qui font apparaître des significations que les médias et les politiques ne sont pas toujours en mesure de construire et d’élaborer. En ce sens, les arts de la rue constituent un mode essentiel d’élaboration d’une culture politique de la ville et du fait urbain. Les arts de la rue appartiennent au champ des discours sur la ville en leur offrant la possibilité d’une vue décalée, critique, distanciée, mettant en œuvre d’autres instruments et d’autres médiations d’information et d’analyse. Sans doute convient-il de penser la foranité comme l’_expression_ polyphonique d’une identité de la rue, comme la mise en œuvre d’une mémoire qui confère à la rue une temporalité qui lui est propre, et, enfin, comme la construction d’un espace de signification, de visibilité et de performance qui fait de la rue le monde de tout un art. Mais nous sommes dans l’espace public, c’est-à-dire dans l’espace où les identités politiques s’expriment en s’opposant.
Une sémiotique de l’altérité
La sémiotique des arts de la rue, la sémiotique de la foranité, ne se pense pas, comme la plupart des sémiotiques des pratiques culturelles, comme une sémiotique du même, mais plutôt comme une sémiotique de l’altérité. Les arts de la rue expriment l’identité en quelque sorte « du dehors », ils nous en renvoient une image autre. C’est, d’ailleurs, pourquoi les artistes de la rue comme les artistes du cirque ont souvent été des étrangers ou ont souvent montré des figures d’altérité, comme des animaux, des personnages extraordinaires, ou des personnages mettant en œuvre des exploits hors du commun. Les arts forains nous proposent, comme le théâtre, une sémiotique de l’altérité. Les arts de la rue nous montrent des personnages différents de nous, et le théâtre nous montre des personnages que nous rejetons, comme Œedipe ou Phèdre, ou des personnages dont nous nous distancions paf le rire. Mais les logiques du théâtre et des arts de la rue vont se distinguer à partir du dix-neuvième siècle. Tandis que le théâtre, puis le cinéma, vont fonder leur logique sur la représentation du même, les arts de la rue vont continuer à fonder la leur sur une représentation de l’autre, et, dans ces conditions, ils appartiennent à une logique de l’antagonisme. Cette logique est plutôt celle de la manifestation, du défilé qui donne à entendre et à voir la protestation dans l’espace public. Nous sommes plutôt dans la logique des trompettes de Jéricho, celle dont parle V. Hugo dans « La légende des siècles ». Le défilé de Jéricho, qui est, sans doute, la figure du cortège antagoniste, commence par ces mots : « Au premier tour qu’il fit, le roi se mit à rire ».Les arts de la rue commencent toujours par nous faire rire. Mais le défilé se termine par ce vers terrible : « À la septième fois, les murailles tombèrent ». La sémiotique de l’altérité finit toujours par une sémiotique de la protestation, de la lutte.
Bernard Lamizet



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  • [rue] FW: [listenationale] Re: Commission pour un carnet de campagne,..., Pascal, 09/05/2011

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