- From: Xavier Montserrat <
>
- To: titi <
>, rue <
>
- Subject: [rue] re: re:Des voix critiques s’élèvent_en_Espagne_sur_le_Mouvement_Démocracia_Ya_Real
- Date: Fri, 27 May 2011 23:19:55 +0200 (CEST)
Eh camarade, mesure tes mots avant de juger et de jouer le donneur de leçons.
Ce que tu diffuses c'est l'avis d'une personne. D'ailleurs, très respectable.
Ça t'étonne qu'il n'y ait pas de porte-parole ou que l'on ne brûle pas la
Moncloa ?
Connais-tu vraiment ce qui se passe là-bas ? Penses-tu que nous sommes tous
des inconscients que l'on pense qu'à la fête ? Crois-tu ce que l'on te dit à
la télé ?
Cherches-tu des prétextes pour rester tranquille chez toi pendant que tes
dirigeants mesurent leur pouvoir en violant des femmes de ménage ?
Crois-tu que la seule manière de dire basta c'est avec des canons ?
Tu te trompes. La Plaza del Sol c'est plus que ça et en plus, il n'y a pas
que Madrid qui s'est soulevée et je peux te garantir que dans presque toutes
les villes et villages de tout l’État espagnol s'en passent des choses : les
gens parlent et agissent. Et que ne seulement ce sont des "djeunes" qui
cherchent désespérément un boulot qui sortent dans la rue, il y a des gens de
toutes les âges Et toutes ont leur mot à dire même si ça te paraît puérile.
Et c'est beaucoup plus que ça. Ma mère a 80 ans : crois-tu qu'elle sort dans
la rue pour participer dans un atelier de femmes en ceinte ? J'en ai 48 et
mes frères et sœurs en ont entre 40 et 52. Mes nièces en ont entre 14 et 22
et elles n'ont rien de débiles.
Vraiment tes mots sont le reflex de ton arrogance. Je me demande si tu vas
rester trop longtemps dans ton fauteuil avant de te rendre compte que l'on
t'a tout volé.
Aujourd'hui à 8 heures du matin, les flics sont venus "déloger" la place
Catalunya de Barcelone. Ils ont fait de même dans plusieurs villes de la
Catalogne. La brutalité dont ils ont fait preuve montre la peur de la classe
politique à que ce mouvement déborde, pourtant il est pacifique. Le centre
ville a été bloqué, sans possibilité d'y accéder et d'y sortir et les lignes
de portable et internet ont été bloquées. Après .... 125 blessés dont 8
graves (officiellement)
A midi c'est nous qui avons rempli la place et les assemblées ont repris dans
tous les quartiers. Et crois-tu que c'était pour parler de la bite de tel ou
tel politique ?
Tous les jours, à neuf heures du soir, les gens tapent leurs casseroles
depuis leur balcon et font un bordel beau à entendre, comme dans la guerre
d'Irak. Peut-être tu ne le savais pas, mais le peuple on y était contre.
Comme tu vois, en plus de danser le flamenco on tape les casseroles.
Tu me diras : mais dans les élections de dimanche dernier c'est la droite qui
les a remporté ... oui, mais il y a eu plus d'un 50% d'abstention et en
Espagne, l'abstention, le vote en blanc et le vote nul n'ont aucune incidence
dans les résultats. C'est pour ça que l'on veut changer la loi électorale,
entre d'autres choses.
Et pour finir, je t'envoie (je vous envoie) un article que j'ai écrit sur la
dernière réforme du code du Travail en Espagne, en application depuis juin
2010. Peut-être ça te fera réfléchir (ou pas).
Je sais, ce n'est pas du théâtre de rue, mais ici on est dans la rue
Bien à toi et couvre-toi, qu'il pleut
Xavier Juan-Torres i Montserrat
>
Message du 27/05/11 11:42
>
De : "titi"
>
A : "rue"
>
Copie à :
>
Objet : [rue] re:Des voix critiques
>
s’élèvent_en_Espagne_sur_le_Mouvement_Démocracia_Ya_Real
>
>
Pour info
>
>
je crois que ce court texte/autocritique /témoignage montre combien une
>
insurrection, si les gens ne sont pas "politisés" (pas obligatoirement dans
>
un parti) et ne se mettent pas à l'essentiel ,c'est à dire construire
>
ensemble un autre modèle de société ,donc un projet politique n'a pas
>
d'avenir et fait le jeu du pouvoir...
>
j'espère vraiment que cette force populaire s'orientera dans ce sens...
>
Roselyne
>
>
>
>
pour info
>
http://rebellyon.info/Des-voix-critiques-s-elevent-en.html
>
>
Des voix critiques s’élèvent en Espagne sur le Mouvement Démocracia Ya Real
>
Publié le 26 mai
>
Plus d’indignation et moins de cirque. Autocritique sur le campement de la
>
Puerta del Sol à Madrid
>
Cet écrit n’apparaît pas comme un reproche mais plutôt comme une
>
auto-critique constructive. Le mouvement du 15 Mai à force de sacrifices et
>
d’efforts a atteint un succès sans précédent et a démontré une capacité
>
technique d’organisation impressionnante.
>
C’est pourquoi nous ne pouvons désapprouver ce succès et cette énergie, et
>
je pense que c’est ce que nous faisons. Ceci est écrit à Madrid, mais je
>
sais que cela vaut pour au moins plusieurs des camps dans d’autres villes.
>
Après les bâtons, la détention et l’expulsion du 16 Mai ; des milliers
>
et des milliers de personnes inondent la place. Ils récupèrent la
>
place emblématique d’Espagne, désobéissent aux lois de l’État, et
>
envahissent la place pour manifester leur colère, leur rage, leur
>
indignation et leur haine face à un régime mafieux de politiques et de
>
banquiers.
>
Le régime ne pouvait pas et ne peut pas nous écraser par la force car les
>
conséquence seraient monumentales et désastreuses pour un
>
gouvernement en crise comme il l’est. En plus dans cette situation, la
>
répression ferait grandir de façon exponentielle le mouvement.
>
L’ennemi est sur la défensive, accablé de nous voir venir. Son unique
>
option serait d’apaiser avec sa main gauche, nous contenir, nous
>
entretenir, nous influencer en jouant a bon flic/mauvais flic et nous
>
amener à abandonner « leur » place et à nous faire croire que la
>
décision serait la nôtre. Ils ne peuvent nous détruire à coup de bâtons,
>
ils vont donc nous influencer afin de nous rendre inoffensifs.
>
Et que faisons-nous ? Qu’avons-nous fait pour profiter de cette force
>
énorme, de cette immense rage rebelle de dizaine de milliers de
>
personnes disposées à venir sur la place et à défier illégalismes et
>
ultimatums ? Avons-nous peut être essayé d’occuper la banque d’Espagne
>
qui est à 3 minutes à pied de la place, ou le siège de Telefonica à deux
>
rues de distance, ou aller en masse crier un peu face au Palais de la
>
Moncloa (siège principal de la présidence de l’État) ?
>
Non. Nous avons créé mille et une commissions et sous-commissions.
>
Ateliers artistiques, concerts, câlins gratuits et conseils pour être
>
bien avec soi-même. Aujourd’hui mardi 24 mai au matin, je vais sur
>
internet pour voir les horaires des assemblées et commissions du jour
>
et je ne trouve rien de cela, à la place, je trouve les horaires pour la
>
performance des femmes enceintes, pour la réunion des clowns et
>
l’atelier des fours solaires.
>
Pardon ? Toutes ces choses peuvent être bien, mais ce n’est pas le moment.
>
Pas du tout. Maintenant il faut lutter et ne pas gâcher la force
>
accumulée. Ce qui s’est passé ces derniers jours était une
>
insurrection et c’est une grave erreur d’avoir canalisé et domestiqué
>
cette énergie transformatrice en de simples activités que l’on peut
>
trouver dans n’importe quel centre municipal. Ce que la police et le
>
gouvernement n’ont pas réussis à faire, nous sommes en train de le
>
faire nous-mêmes, inconsciemment je voudrais le croire, : tuer la
>
révolte, l’endormir, la rendre ennuyante, la disperser, en définitive
>
la rendre inoffensive pour le régime.
>
Le Gouvernement national, après avoir vendu son âme à la banque, est plus
>
faible que jamais, pris dans une énorme crise politique, avec des
>
querelles internes et une grosse pression dans son propre régime pour
>
qu’il démissionne. Parallèlement, l’énergie populaire, l’esprit rebelle
>
des gens, la haine et le mépris envers les banquiers et les politiciens
>
est à son niveau le plus haut depuis plusieurs années. C’est le moment
>
d’être audacieux et d’aller de l’avant, la situation nous permet
>
beaucoup plus de marge pour attaquer, pour forcer, pour faire pression.
>
Nous tenons la carte déjà gagnée de la force symbolique et physique de
>
la Puerta del Sol et des autres places du pays, ne la perdons pas,
>
utilisons-la pour attaquer, pour gagner, et non pour passer un bon
>
moment en regardant du cirque.
>
P.-S. : Bien sûr n’oublions pas les détenus. Qu’est-ce que ca veut dire
>
une commission qui a engagé des discussions avec des hauts
>
fonctionnaires de la Délégation du Gouvernement sur la suite du
>
campement, quand il y a 24 camarades détenu(e)s et tabassé(e)s sous de
>
fausses accusations ? Qu’ils retirent d’abord les charges contre eux,
>
ensuite, au mieux on les laisse s’asseoir sous une tente pour qu’il nous
>
racontent, avec lumière et sténographes, ce qu’il en est. Ce sont des
>
professionnels du mensonge, du paternalisme et de la menace mafieuse,
>
on ne peut pas laisser deux gosses à peine sortis de la fac négocier en
>
privé avec ces gens.
>
Madrid, le 24 mai 2011.
>
Traduction partielle – Indymedia Paris, 24 mai 2011
>
complété par Malekal (CGA-Lyon)
>
Attachment:
Espagne-La nouvelle réforme du Code du Travail_v20110523_0k.pdf
Description: Adobe PDF document
Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.