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[rue] Re : Contrôles festivaliers


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  • Subject: [rue] Re : Contrôles festivaliers
  • Date: Mon, 25 Jul 2011 05:00:11 -0400 (EDT)

Salut Franck, Salut à tous,

Merci pour cette alerte qui nous place tous dans une situation totalement ingérable. J'étais en plein festival de Chalon quand j'ai reçu ton message. Je suis descendu justement pour débattre de production. Ce courrier m'a rappelé de sales souvenirs de ce qui s'était passé en 2004.

Autant le dire: s'ils voulaient nous emmerder et nous mettre dans une posture impossible, c'est réussi:

Bien sûr
, il n'est pas possible de se révolter contre la lutte contre le travail illégal et contre  le non respect des conditions de travail;

Bien
sûr, les controleurs ne font que leur job (sauf quand ils en parlent dans la presse) et il faut que celui-ci soit fait;

Bien s
ûr, il faut que les heures de répétition soient payées, que les DUE soient faites, que les artistes se balladent partout avec leurs contrats de travail (on ne le répète jamais assez dans mon asso);

Bien sûr, il faut que les entrepreneurs soient titulaires des licences;

Bien sûr...

Mais est-ce bien sérieux?

Est-il bien sérieux de croire qu'un espace comme le off d'un aussi grand et aussi long festival est le lieux de ce type de vertu?

Cette posture de l'Etat (les controles du CODAF sont déclenchés par le Préfet) ne vise qu'à faire vivre les plus précaires d'entre nous dans une posture de traqués, créer un climat d'insécurité et de terreur qui a découragé tant d'artistes en 2004 à présenter leurs projets (c'est dans les vieux pots qu'on cuisine le mieux) .

Cette posture fait plaisir aux syndicats qui veulent tant - on le veut tous et je me bats aussi pour cela - que les droits des travailleurs soient respectés en faisant mine d'ignorer - c'est là que je ne suis plus d'accord avec eux - qu'ils défendent une caste d'installés en plongeant les 2/3 (je suis généreux) des artistes et technicos dans celle des intouchables.

Il faut obtenir des salaires décents et une couverture sociale honorable aux salariés du secteur, mais il ne faut pas que cela se fasse au détriment de l'accès au métier des plus précaires, sinon, la profession va vite se scléroser et on pourrait un jour voir monter sur scène des Roméo de 65 ou 70 ans ! Je rappelle au passage que passé 80 balais, il est dangeureux de faire du trapèze...

Cette posture fait si plaisir à une opinion qui trouvent scandaleux que les zintermitenduspectak' puissent etre de ces privilégiés qui bossent si peu et sont si souvent en vacances. Et quand je dis bosser, leur travail s'appelle "jouer" !!!

On leur tape sur la gueule, à ces gueux? Bien fait! Ca console cette opinion de sa propre régression sociale: tant qu'on sait qu'il y a plus gueux que soi ça peut aller.

Cette meme opinion d'où sortent d'ailleurs des spectateurs qui vont se régaler gratos de spectacles de ce meme off sans remettre en cause leur attitude (qui a les moyens de se faire le in de nos jours?).

Je reviens de Chalon, j'ai parfois mis dans les chapeaux plus que j'aurais mis dans l'achat d'un billet pour le meme spectacle, je peux vous dire que beaucoup de spectateurs se barrent avant que passe le chapeau. Et eux, aucun controleur ne les poursuit!

En tapant sur le off, on tape sur le lieu où des compagnies (pas toutes, loin de là) qui vont y rencontrer les programmateurs qui permettront de vendre une création ce qui permettra à la compagnie de vivre. Cela me fait penser à un agriculteur qui faucherait son champ en avril et s'étonnerait de ne pas récolter de blé en juillet !

Alors OK ! Qu'on applique toute la loi et rien que la loi.

Mais dans ce cas, on multiplie par 5 ou 10 le budget du festival pour que le off soit suffisamment irrigué et tous ceux qui y font leur métier puissent le faire légalement. La jauge d'un garage loué à prix d'or ne permet pas de faire de cachets!

Je sais, en France on passe son temps à réclamer du fric. Mais il n'y a pas de secret: le droit des artistes va avec les moyens pour les spectacles. Ceux qui contestent cela sont des hypocrites (et je sais de quoi je parle, je fais aussi du syndicalisme!).

Dans ce cas, on aide réellement le projet à émerger en arretant cette politique idiote qui consiste à imposer à tout porteur de projet de monter une structure de production pour demander la moindre aide d'Etat ou des collectivité territoriale. Si dans le spectacle l'œuvre passe au second plan par rapport à l'administratif, autant faire une exposition avec ses dossiers de demande de licence ou de sub et ne pas s'emmerder avec le reste!

Dans ce cas, on arrete de me faire chier et me pourrir la vie parce que mon association  essaie d'apporter une alternative économiquement viable et socialement éthique à cette contrainte administrative insupportable !

Et qu'on arrete de terroriser des milliers d'artistes qui lisent ce qui arrive à leurs copains à Avignon et se disent qu'aller à Aurillac, finalement, c'est peut-etre pas une si bonne idée... (car ne vous y trompez pas, c'est juste pour nous foutre la trouille que cette opération commando a été lancée).

En conclusion, je mets de coté mes mandats et mes responsabilités associatives: c'est en tant qu'individu et de citoyen que je m'exprime en trouvant scandaleux de choisir une telle cible pour des controles, et d'en faire cette pub (il faut une sacré bonne raison pour qu'un inspecteur du travail vienne se faire interviewer dans un journal). Tant pis si ça emmerde certains que je le dise !

@+

Thierry

PS: au passage, faut-il que le sujet vous foute aussi mal à l'aise pour qu'un tel silence règne sur la liste? En d'autre temps, elle aurait été à feu et à sang pour moins que cela. Que se passe-t-il?







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