Salut, c'est Franck de Bourgogne.
La question soulevée par Fabien est essentielle, sans déconner. Il n'était alors pas évident du tout de faire passer ce message-là. Nous avions déjà compris que nous étions le modèle du travailleur de demain (formé, compétent, disponible et libre => avec la capacité d'être corvéable à merci = tout ce que le patronat ultra-libéral adore) sauf que nous avions le gros inconvénient de toucher des indemnités pendant notre temps de non travail rémunéré (on va l'appeler comme ça). Et c'est bien ce dernier élément qui défrisait le MEDEF depuis un certain temps déjà car les Kessler, Seillière, Guillaume Sarkozy (frère de) et consorts n'espérait qu'une chose alors : que les intermittents sortent des annexes spécifiques pour devenir des chômeurs comme les autres, sans indemnité Assedic à la hauteur de ce qu'elles étaient jusqu'alors => nous serions alors devenus l'archétype du travailleur modèle. Il y a donc eu signature du fameux protocole d'accord, dénoncée par une levée de boucliers sans précédent qui occasionna les annulations de moult festivals durant l'été 2003. C'est à ce moment-là que l'opinion publique se rendit compte que les artistes et techniciens ("ces parasites de la société") n'avaient pas seulement un coût, mais un prix (toutes les retombées artistiques, financières, touristiques, environnementales,... découlant de ces événements). Je referme la parenthèse historique pour revenir à la question soulevée par Fabien. On a tout à fait le droit de considérer, comme tu le fais Fabien, que le combat de l'artiste n'a pas pour objectif de gagner plus d'argent ni d'avoir accès au FNAS ou aux Congés Spectacles. Et, même si je trouve que tu grossis quelque peu le trait (on va dire que c'est pour faire passer ce que tu désires faire comprendre), je peux être d'accord avec ces assertions. Mais, si je me suis permis le rappel historique ci-dessus, c'est pour expliquer que si nous nous alors étions constitués en coordination, c'est bien parce que nous avions été délibérément et violemment attaqués par une offensive frontale qui mettait en cause nos droits sociaux les plus élémentaires et les plus essentiels. Après, si tu veux ma position personnelle sur la question, en ce qui me concerne, je me suis toujours battu pour que ce mouvement de lutte (assez exemplaire, je trouve, et qui fera date dans l'histoire des luttes sociales) s'étende aux autres secteurs d'activité. En effet, je suis persuadé (et je l'ai écrit à de nombreuses reprise sur cette liste et ailleurs) que toutes les luttes sociales ont les mêmes causes et les mêmes effets. Dans cette société fatiguée, dirigée par des marionnettistes ultra-libéraux sans foi ni loi, le seul filtre à travers lequel on jauge la valeur des choses est la rentabilité économique à court terme. Je me bats donc depuis longtemps pour que l'on monte un mouvement contraire susceptible de rééquilibrer les choses : les NER (Non Economiquement Rentables). Cela constituerait un clin d'oeil efficace pour que le balancier revienne de temps à autre au bon endroit au bon moment. Les NER, ce serait tous ceux qui sont stigmatisés parce qu'ils n'ont pas de retour sur investissement aussi rapide que le désireraient leurs actionnaires de patrons : il y a donc là, dans cette "fange" de la société néo-capitaliste, tous ceux qui bossent dans les secteurs de la Santé, de l'Education, de la Culture, du Social, de la Justice, de l'Environnement, j'en passe et des meilleurs, sans même évoquer la "lie" : les chômeurs, les sans-papiers, les étrangers,... Pour faire court, tous ces "parasites" que nous sommes, sommes bel et bien les plus nombreux. Aussi, en nous réunissant sur une plateforme, si petite soit-elle, nous n'aurions aucun mal à nous débarrasser de cette ploutocratie qui met tant à mal la grande majorité de la population. C'est la raison pour laquelle cette oligarchie communique tant et tant : en divisant pour mieux régner, elle a beau jeu de nous monter les uns contre les autres en faisant miroiter les (pauvres) avantages de certains (les fonctionnaires, par exemple) au détriment des autres, nivelant ainsi par le bas et faisant appel à nos instincts les plus primaires. Bref, pour en revenir à la question soulevée par Fabien et à sa position (que je qualifierais "d'humaniste"), c'est une façon de prendre le problème et il m'arrive bien souvent de l'envisager ainsi. Mais, si je me sens aussi pleinement concerné par la lutte sociale, c'est parce que c'est à cet endroit-là que j'ai rencontré les personnes qui m'ont le plus apporté au cours des dernières années, tant en terme d'ouverture que de liberté d'_expression_ et d'action. Mon travail même d'artiste s'en est trouvé bouleversé et mes statuts de citoyen et d'être humain magnifiés. Sache, Fabien, que j'ai depuis longtemps été touché par l'expérience de vie et de travail du Footsbarn et, à ce titre, je reconnais la sincérité de la démarche. Mais, sache aussi, que j'ai vu des dossiers débloqués à Pôle Emploi et des familles entières sorties de la merde par l'action désintéressée et efficace de la Coordination des Intermittents et Précaires : quand on en est là, je t'assure qu'on ne parle en aucun cas d'accès aux Congés Spectacles, mais tout simplement de survie. Pardon pour la longueur du message, mais j'ai été touché par le tien, Fabien et me suis permis d'y répondre avec toute la sincérité et la conviction dont j'étais capable en ce milieu de nuit avignonnais. D'ailleurs, à ce propos, si certains de la Liste connaissent un bon petit garagiste connaissant les boîtes automatiques sur Avignon, je suis preneur : en effet, j'y suis bloqué avec ma vieille Benz 250 D Break auto et ne sais pas trop comment m'en dépatouiller => merci pour l'éventuel tuyau.
Voili. @+ Franck de B. ---------- "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs." DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN - 1793 Article 35. ------------------------------ Date: Tue, 2 Aug 2011 00:32:07 +0200 From: To: CC: Subject: [rue] Re: RE: Re: Re: A propos de convention collective Mais de quoi vous parlez sans déconner... Je suis souvent atterré. Personne physique. Personne morale. Droit des salariés. Annexes VII et X? On se bat pour quoi ? On se bat pour que des personnes, des individus, gagne plus d'argent et ait accès à au FNAS ? On se bat pour nos congés spectacles ? Ou bien on se bat pour que l'art irrigue le monde, et que les hommes ait plus à penser ? On est des employés, ou des militants ? Mon grand-père, qui n'est pas exactement un révolutionnaire, m'a dit un jour "viendra le temps où les hommes considèreront le travail salarié comme nous considérons aujourd'hui l'esclavage." Le travail salarié et les acquis sociaux ne sont pas une fin. C'est une étape. Un palier. Vers quelque chose de plus grand. Par pitié, ne nous arrêtons pas là. Les conventions collectives, OK pour des entreprises qui produisent de la valeur financière. Nous produisons de la valeur fiducière. Inquantifiable. Les artistes sont mis à bas. Oui. Et bien protestons.Vent debout. Non pas individuellement contre la disparition de nos acquis. Mais contre la désagrégation du tissus intellectuel et poétique de notre société. Rappelons nous pour quoi on se bat. Le 1 août 2011 15:38, Franck Halimi <
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> a écrit :
-- Fabien Granier 06 71 01 33 34 "Mon Dieu Dit la reine pleine de joie Dieu que la vie est belle même si l'on meurt quelque fois" (Prévert) |
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