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[rue] On pourrait écrire ce que l'on désire sur sa pancarte...


Chronologique Discussions 
  • From: Franck Halimi < >
  • To: Liste Rue < >
  • Subject: [rue] On pourrait écrire ce que l'on désire sur sa pancarte...
  • Date: Sat, 6 Aug 2011 17:51:40 +0000
  • Importance: Normal

Salut, c'est Franck de Bourgogne.

Allez, j'en remets une couche, au risque de fatiguer (mais, ne risquons-nous pas tellement plus en ne bougeant pas ?)...

Ne vous méprenez pas sur mon intention en vous envoyant l'article du Monde, en date de ce weekend, ci-dessous : je l'ai choisi car il est symptomatique de l'état d'usure mentale (et pas que) dans lequel se trouve la grande majorité des citoyens de la plupart des pays dans le monde. Les oligarchies ont tellement pressé le citron qu'elles l'ont asséché au point que le moindre de ses zestes le fait craquer.


Finalement, peu importent les revendications, l'idée qui revient partout comme un leitmotiv est "on n'en peut plus de ceux qui nous pressent et on ne demande qu'une chose : qu'ils dégagent !"


Allez, chiche ?...


Voili.


@+ Franck de B.

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"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple,
le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."
DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN - 1793
Article 35.

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ENTRETIEN le monde  papier : 7août / 8 août 2011

Etgar Keret :

" Les révoltes arabes ont montré que le changement était possible "

Jérusalem Correspondance

Etgar Keret, 44 ans, écrivain et cinéaste israélien, s'est engagé aux côtés des protestataires qui ont planté leurs tentes dans les grandes villes israéliennes pour réclamer davantage de " justice sociale ". Avant les nouvelles manifestations organisées samedi soir 6 août dans le pays, il analyse l'émergence des enjeux sociaux dans le débat public israélien. Auteur allégorique et introspectif, il a publié des recueils de nouvelles. Son filmMeduzot, réalisé avec son épouse Shira Geffen, a obtenu la Caméra d'or au Festival de Cannes en 2007.



Comment expliquez-vous la naissance de ce mouvement social massif et inédit en Israël ? 

La majorité des citoyens israéliens ont le sentiment d'être transparents aux yeux du gouvernement de Benyamin Nétanyahou. La coalition au pouvoir dialogue avec les colons, avec les ultraorthodoxes, avec les grandes entreprises, mais elle ne s'intéresse pas aux autres. Parmi les protestataires, il y a des médecins, des avocats, des universitaires, des travailleurs sociaux, qui ne se sentent pas représentés à la Knesset - Parlement israélien - . Les partis de gauche n'ont jamais été aussi faibles.

Historiquement, les enjeux sociaux n'ont jamais intéressé les députés. Ce qui compte pour un ministre, c'est d'avoir le portefeuille de la défense. Il n'y a pas de ministre de la santé en Israël... C'est Benyamin Nétanyahou le ministre de la santé ! Les seules questions cruciales pour le pays ont toujours eu trait au conflit, au contexte régional et à ses menaces, venues d'Iran, du Liban ou des Palestiniens.



Etes-vous impliqué dans la " révolte des tentes " ? 

Je ne dors pas sous la tente, mais il ne se passe pas un jour sans que j'aille dans un des campements de Tel-Aviv, boulevard Rothschild ou ailleurs. J'essaie d'aider à ma manière. Si je savais cuisiner, je ferais les repas. Comme je suis écrivain, j'écris des articles dans la presse israélienne, et je vais aller à la télévision, ce qui est pour moi une première, pour inciter les Israéliens à manifester.

Lorsque la contestation a commencé, contre la hausse du prix du fromage blanc, j'ai été très critique et cynique. Je me disais que, dans un pays comme le nôtre, où les députés adoptent des lois qui sanctionnent l'appel au boycottage des colonies, où tant de gens n'obtiennent pas la citoyenneté, sans parler de l'occupation... c'était un peu égoïste de s'occuper de la hausse du prix du cottage cheese. Puis j'ai réalisé qu'il se passait quelque chose de plus fort. Beaucoup d'Israéliens ne sont pas contents de la situation actuelle du pays, chacun pour des raisons différentes, économiques ou plus politiques.



Quel regard portez-vous sur les protestataires ?

Chacun vient avec sa revendication, son message, et c'est parfois très drôle. J'ai vu une vieille dame porter une pancarte : " Pourquoi dit-on qu'il n'y a que des jeunes sous les tentes ? ", ou une jeune fille avec ce slogan : " Mon message est trop compliqué pour l'inscrire sur cette pancarte ". Un chauffeur de taxi m'a expliqué qu'il était contre le gouvernement, mais qu'il n'était pas d'accord avec les protestataires. Je lui ai répondu que c'était la beauté de ce mouvement, qu'il pouvait inscrire ce qu'il voulait sur sa pancarte.

Ces gens de tous les horizons échangent beaucoup, on trouve des experts de tous les sujets. Par exemple, un juriste m'a expliqué le processus détaillé du vote d'une loi au Parlement, c'est mieux qu'à l'université. Beaucoup de gens aisés soutiennent aussi le mouvement, alors que les revendications les amèneront à payer plus de taxes. Mais ils préfèrent vivre dans un pays plus juste.



Voyez-vous un lien entre les révoltes du " printemps arabe ", et l'été social des Israéliens ? 

Bien sûr, les révoltes arabes ont montré que le changement était possible. Israël est une société très démocratique, mais très docile. On a toujours eu le sentiment que manifester allait affaiblir le gouvernement et donc affaiblir le pays. Le " printemps arabe " a montré qu'on pouvait descendre dans la rue pour rendre son pays meilleur.



La protestation met-elle le gouvernement actuel en danger ?

Nous avons le pire gouvernement qu'Israël ait jamais connu, le plus xénophobe, le plus exagérément capitaliste. Les taxes indirectes que payent les plus pauvres augmentent, tandis que l'imposition des entreprises baisse. La croissance est forte, mais les Israéliens deviennent pauvres, car l'argent ne leur revient pas. Pourtant, ce mouvement est très fragile. Benyamin Nétanyahou sait qu'à la moindre alerte sur le front de la sécurité, le conflit social sera marginalisé. Le gouvernement peut tout à fait aller au bout de son mandat, mais je pense que le soulèvement actuel sera un mouvement de long terme. Le discours politique va changer. Les colons, les ultraorthodoxes et les magnats qui menaient le pays en seront affectés.


Propos recueillis par Véronique Falez



  • [rue] On pourrait écrire ce que l'on désire sur sa pancarte..., Franck Halimi, 06/08/2011

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