Liste arts de la rue

Archives de la liste Aide


[rue] Re: Il faut fermer la Bourse ! /L.O.V.E.


Chronologique Discussions 
  • From: Orphéon-theatreinterieur < >
  • To: Franck Halimi < >
  • Cc: cliclarue cliclarue < >
  • Subject: [rue] Re: Il faut fermer la Bourse ! /L.O.V.E.
  • Date: Mon, 8 Aug 2011 07:50:59 +0200


JPEG image


MILAN (ITALIE) [30.09.10] – La dernière sculpture de Maurizio Cattelan divise
l’opinion italienne. A l’occasion d’une exposition personnelle au Palazzo
Reale, l’artiste a fait installer L.O.V.E., un doigt d’honneur en marbre haut
de 11 mètres face à la Bourse de Milan.
Le trublion de l’art contemporain italien crée de nouveau la polémique. La
dernière œuvre de Maurizio Cattelan, L.O.V.E., consiste littéralement en un
doigt d’honneur taillé dans un bloc de marbre de carrare. Cette sculpture,
haute de 11 mètres, est actuellement exposée face à la Bourse de Milan,
capitale financière de l’Italie. Le quartier de Piazza Affari d’ordinaire
très tranquille connait ces derniers jours une affluence de visiteurs
inhabituelle. Comme le rapporte le Giornale, le public se presse pour voir la
sculpture et se faire photographier à ses côtés.

La sculpture est présentée à l’occasion d’une exposition personnelle de
l’artiste organisée au Palazzo Reale. Il était prévu qu’elle reste sur son
piédestal devant la Bourse le temps de l’exposition. Face à certaines
réactions hostiles il a ensuite été envisagé de la retirer plus tôt que
prévu. La maire de Milan, Letizia Moratti, a assuré que l’œuvre controversée
resterait en place au moins jusqu’à la fin de l’exposition, le 24 octobre
2010. Certains, à l’instar de l’ancien directeur scientifique du Palazzo
Reale, souhaiteraient que l’installation reste de façon permanente.

L’exposition de Maurizio Cattelan, avant même le dévoilement de la sculpture
avait créé la polémique ; l’affiche prévue pour annoncer l’évènement a été
interdite. La raison de cette interdiction : l’affiche reprenait la sculpture
Him, représentant Adolf Hitler agenouillé, et la ville a craint que le
voisinage de cette image avec le logo du musée soit mal interprété.
artclair.com
Voir les photos de L.O.V.E sur le site www.designboom.com
http://www.designboom.com/weblog/cat/10/view/11639/maurizio-cattelans-middle-finger-displayed-in-milan.html

Le 7 août 2011 à 23:39, Franck Halimi a écrit :

> Salut c'est Franck de Bourgogne.
>
> Ce message pour vous inciter à lire ci-dessous l'entretien passionnant
> entre le journaliste Emmanuel Lévy et l'économiste Frédéric Lordon à propos
> d'une souhaitable fermeture de la Bourse : Lordon est décidément un homme
> intelligent et intelligible... : Frédéric Lordon : «il faut fermer la
> Bourse!» www.marianne2.fr
>
> Voili.
>
> @+ Franck de B.
> ----------
> "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour
> le peuple et pour chaque portion du peuple,
> le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."
> DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN - 1793
> Article 35.
> ------------------------------
>
> Frédéric Lordon : "il faut fermer la Bourse !"
> Emmanuel Lévy - Marianne | Lundi 8 Mars 2010 à 05:01 | Lu 36503 fois
>
> Frédéric Lordon dresse un constat froid et lucide du fonctionnement
> des marchés financiers. Destruction de valeur, vampirisation des entreprises
> par les établissements financiers, le chercheur au CNRS
> en déduit une solution radicale mais aux conséquences positive.
> Chiche : qui osera lui répondre ?
>
> Dans un long papier paru dans le Monde Diplomatique vous préconisez la
> fermeture de la Bourse. Est-ce vos options politiques de dangereux
> gauchiste désireux de couper des têtes, ou vos motivations
> s’inspirent-elles d’une argumentation compatible avec un monde capitaliste ?
>
> Les idéologues libéraux, qui ont l’amnésie intéressée, voudraient faire
> oublier cette période du fordisme dans laquelle la finance a été
> cadenassée, la Bourse inexistante… et la croissance étincelante. Or que je
> sache, le fordisme, ça n’était pas le Gosplan ni les soviets mais bien le
> capitalisme. Mais la vraie réponse à cette question est ailleurs. Elle
> consiste à dire que, dans la logique même des entreprises d’aujourd’hui, la
> Bourse est une aberration :
>
> 1) les entreprises vont moins s’approvisionner en capital à la Bourse
> qu’elles n’y vont s’en faire dépouiller, puisque ce que les actionnaires
> leur extorquent (en dividendes et en rachat d’actions) finit par l’emporter
> sur ce qu’ils leur apportent, de sorte que ce n’est plus la Bourse qui
> finance les entreprises mais les entreprises qui financent la Bourse ;
>
> 2) la contrainte actionnariale censure une part de plus en plus importante
> de l’investissement en écartant les projets jugés insuffisamment rentables
> (et "l’insuffisance" commence à 10% voire 15%...), par conséquent la Bourse
> est un frein au développement économique ;
>
> 3) les entreprises sont soumises par l’actionnaire à des contraintes de
> gestion (modes managériales successives, court-termisme…) incompatibles
> avec la conduite de moyen-long terme de projets industriels ;
>
> 4) et le comble du paradoxe est atteint lorsque les actionnaires finalement
> découragent eux-mêmes le financement par action puisque les nouvelles
> émissions ont des propriétés dilutives…
>
> LA BOURSE N'EST PAS SORTIE DU CUL D'UNE POULE
>
> Mais la Bourse s’est imposée dans le paysage, tout comme la météo ?
>
> F.L. : C’est là typiquement le genre d’énoncé qui offre un concentré pur de
> l’idéologie néolibérale : la naturalisation des faits sociaux. Alain Minc
> n’est pas capable de bâtir un "argument" économique sans invoquer la loi de
> la pesanteur. Or la Bourse est une forme institutionnelle, elle n’est pas
> sortie du cul d’une poule ni tombée du ciel. Elle a été faite de main
> d’homme. Par conséquent elle peut être défaite s’il apparaît qu’on y a plus
> d’avantages que d’inconvénients – ce qui me semble notoirement le cas. Il y
> a eu un moment où on s’est dit que l’institution "monarchie de droit divin"
> était pénible. Elle a fini dans le même panier que la tête du roi et depuis
> ça va mieux. On pourrait dire cependant que c’est bien la loi de la
> pesanteur qui a fait tomber le couteau de la guillotine… Mutatis mutandis
> bien sûr – on n’est pas des sauvages – il se pourrait, vu sous cet angle,
> que MM. Minc & Co découvrent un jour un aspect de la loi de la pesanteur
> qui ne leur était pas apparu.
>
> IL EST URGENT DE REMETTRE DES LIMITES AU CAPITAL ACTIONNARIAL
> QUI N’EN CONNAÎT AUCUNE
>
> La Bourse de Paris n’est-elle pas déjà fermée ? Le palais Brongniard
> n’est-il pas depuis longtemps transformé en mini palais des Congrés ?
>
> C’est la seule chose vraiment regrettable puisque ça rend plus difficile sa
> destruction physique, dont les bonnes propriétés symboliques et
> carnavalesques ne devraient pas être méconnues. Au moins, mai 68 avait eu
> la possibilité de mettre le feu au palais Brongniart… Mais vous-même
> feignez l’innocence et savez bien que la Bourse existe, simplement sous la
> forme moins spectaculaire de très gros serveurs informatiques bien planqués
> quelque part – où d’ailleurs ? Question intéressante, n’est-il pas ?
>
> Les évolutions techniques en matière de finance que vous évoquez ont-elles
> profondément modifié le rapport de force entre la finance et l’économie
> productive ?
>
> C’est bien peu de le dire. Et c’est précisément parce que ce rapport de
> force s’est renversé du tout au tout qu’il est urgent de remettre des
> limites au capital actionnarial qui n’en connaît aucune et, de lui-même, ne
> s’en imposera aucune. C’est pourquoi les appels à la modération qui ont
> pour nom "moralisation du capitalisme" sont d’une indigence qui partage
> entre le rire et les larmes. L’emprise acquise sur les firmes par le
> capital actionnarial au travers de la configuration présente du capitalisme
> est un fléau que l’on ne réduira que par les mêmes moyens qui l’ont imposé
> : une transformation radicale de structures.
>
> Des contraintes de gestion aberrantes et des effets d’anti-financement
> résument ce fléau qui naît bien moins de la dépendance financière des
> entreprises aux apporteurs de capitaux (les capitaux, les "apporteurs" les
> leurs prennent !) que du contrôle des équipes dirigeantes par le cours de
> Bourse : si les actionnaires sont mécontents, des ventes font baisser le
> cours, l’entreprise devient opéable… et le patron éjectable. L’histoire
> récente du capitalisme est (en partie) l’histoire d’une lutte de puissance
> entre deux fractions du capital : le capital financier et le capital
> industriel, le premier ayant reçu de la modification des structures un
> pouvoir inédit qui lui a permis de déposséder le second de son ancienne
> souveraineté. Et de lui imposer tout et n’importe quoi. Et à la fin le
> capital industriel passe le mistigri au salariat…
>
> OUI, ON PEUT FERMER LA BOURSE DANS UN SEUL PAYS !
>
> Les promesses faites par la finance, en réalité celles issues de la
> libéralisation des marchés, avec à la clé plus de croissance, plus de
> richesse, n’ont-elles donc pas été tenues ? Après tout, sans la Bourse, pas
> de Google, non plus de Microsoft ?
>
> C’est vous qui le dites et il faudrait un ou deux arguments pour le
> soutenir. Que des Google ou des Microsoft soient apparus pendant la période
> de déréglementation financière ne prouve nullement que celle-ci soit la
> cause sine qua non de ceux-là. La seule chose dont on soit certain est que,
> sans Bourse, pas de Bill Gates et de Larry Page multi-milliardaires…
>
> C'est vous qui le dites et il faudrait un ou deux arguments pour le
> soutenir. Que des Google ou des Microsoft soient apparus pendant la période
> de déréglementation financière ne prouve nullement que celle-ci soit la
> cause sine qua non de ceux-là. La seule chose dont on soit certain est que,
> sans Bourse, pas de Bill Gates et de Larry Page multi-milliardaires…
>
> On ne peut pas dire que ce soit un avantage économique indéniable. Il est
> vrai cependant que le financement des start-ups technologiques est
> l’argument de dernier recours pour justifier la finance actionnariale mais
> au travers de ce compartiment très spécial et en fait très étroit de
> l’amorçage et du venture capital. La perspective de l’introduction en
> Bourse y est présentée comme stratégique précisément du fait que le
> financement de l’innovation radicale est hautement incertain, finit mal
> neuf fois sur dix, et qu’il faut décrocher le pompon sur la dixième pour
> rattraper les neuf autres. Mais une telle économie de la péréquation est
> très concevable hors de la Bourse et on pourrait parfaitement l’imaginer
> opérée au travers d’instruments de dette un peu sophistiqués à base de taux
> d’intérêt variables indexés sur les profits des start-ups par exemple.
> Rien dans leur financement ne justifie incontestablement de maintenir un
> passage par la Bourse, à part le désir de l’enrichissement hors de
> proportion de créateurs d’entreprise et de business angels mus au moins
> autant par le projet de faire fortune que par celui de créer quelque chose.
> Pour ce qui est de la contribution de la finance à la croissance, je vous
> suggère de comparer le taux de croissance moyen des trente glorieuses, donc
> sans finance dérégulée et avec une Bourse croupion (5% l’an en moyenne), et
> celui de la période de hourrah-dérégulation depuis deux décennies.
> L’affaire est vite vue. Et ceci n’est nullement un plaidoyer passéiste mais
> simplement l’idée – logique – qu’un contre-exemple suffit à ruiner une
> généralité. Dont nous ne devrions donc plus être prisonniers.
>
> La fermeture de la Bourse peut elle s’envisager dans un seul pays ?
>
> Pour le coup oui ! Ce sont toutes les mesures "intermédiaires" qui font
> hurler au péril de la fuite des capitaux. Mais en fermant la Bourse, c’est
> nous qui mettons les capitaux à la porte ! Et pour autant ceci ne signifie
> nullement une économie privée de fonds propres. L’idéologie actionnariale a
> fini par faire oublier que les capitaux propres, ce sont les entreprises
> qui les sécrètent par leurs profits… dont elles vont se faire dépouiller à
> la Bourse. L’autofinancement, le crédit bancaire et éventuellement des
> marchés obligataires constituent un mode de financement tout à fait viable
> de l’économie.
>
> Faire fuir les traders
>
> Une fois la bourse fermée, ou iraient les cerveaux bien formés que les
> super rémunérations issues de la finances attirent dans les salles de
> marché ?
>
> De deux choses l’une, ou bien ils foutraient le camp et iraient exercer
> leurs nuisances ailleurs, ou ils mettraient leurs supposées intelligences
> au service d’activité socialement plus utiles et dans les deux cas on ne
> s’en porterait que mieux. Il est grand temps de se désintoxiquer de
> l’idéologie des "compétents", dont l’incompétence est pourtant
> spectaculairement démontrée jour après jour, mais dont il faudrait
> néanmoins satisfaire toutes les exigences sous la menace de les voir
> partir. La question des bonus et des rémunérations est entièrement captive
> de cette grande illusion. Je dis que le départ des "meilleurs" traders est
> une bénédiction :
>
> 1) ne resteront que les moins finauds auxquels il faudra ne confier que les
> produits les moins sophistiqués… donc les moins risqués ;
>
> 2) si le problème économique posé par les bonus ne doit pas être
> sur-estimé, le problème politique de justice sociale et d’inégalités
> obscènes est lui de première importance, c’est pourquoi, non pas limiter
> mais interdire les bonus, et éventuellement faire fuir les traders, est une
> solution à envisager très sérieusement car ces extravagantes rémunérations
> ont le caractère d’un trouble à l’ordre public ;
>
> 3) la finance est un pôle d’attraction qui a profondément distordu
> l’allocation du capital humain dans la division du travail en captant des
> esprits qui seraient infiniment mieux employés ailleurs. Quant aux
> "compétents" non traders, s’ils savaient… Il y en a quinze derrière eux qui
> feraient le travail aussi bien qu’eux.
>
> En fait, ce n’est pas vraiment la fermeture de la Bourse que vous prônez,
> mais une sorte de ralentissement de son cours, que vous décrivez comme
> infernal. En quoi, la fin de la cotation permanente, c’est à dire en
> continue des titres est-elle apte à redistribuer les cartes ?
>
> Mais si mon bon monsieur, c’est bel et bien la fermeture de la Bourse que
> je prône ! Je concède que c’est un peu rude à avaler… Cependant pour les
> petits estomacs, j’ai une sorte de formule à la carte, avec un étagement de
> recettes anti-actionnariales rangées dans l’ordre de l’épicé croissant. En
> amuse-bouche, je propose, en effet, de commencer par une formule de
> "ralentissement" en abolissant la cotation en continu, remplacée par un
> fixing mensuel (ou plurimestriel). Puis on entre dans le roboratif avec le
> SLAM (Shareholder Limited Authorized Margin) qui est un impôt non pas sur
> les profits d’entreprise (comme on le lit parfois) mais sur la rentabilité
> actionnariale, et qui plus est un impôt de plafonnement : c’est-à-dire qui
> prend tout au-delà d’un certain seuil maximal autorisé de rentabilité, le
> but de la manœuvre étant de cisailler les incitations actionnariales à
> pressurer toujours davantage les entreprises puisque tout ce qu’elles leur
> feront cracher en plus pour les actionnaires leur sera confisqué. Le plat
> de résistance bien sûr, c’est la fermeture de la Bourse elle-même. Chacun
> puisera là dedans selon son appétit politique et la conjoncture du moment.
>
> Pensez-vous que les partis de gauche de gouvernement soient capables
> d’intégrer vos arguments ?
>
> Les partis de gauche de gouvernement mangent des graines et font à peine
> cuicui.
>
>
> Le site de Frédéric Lordon
>
>
>
> Pour acceder aux archives, a l'aide, a la conversion de mail, a la page de
> desinscription : http://www.cliclarue.info
> Et pour tout probleme, vous pouvez raler aupres de
>
>




Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.

Top of page