En lisant cet article, je me dis que la Rue est en campagne.

En résidence au CNAR de Chalon sur Saône ?

François

Montebourg fait revenir la politique dans la rue

Arnaud Montebourg a inauguré hier à Bordeaux une nouvelle forme de campagne politique en interpellant les promeneurs place Saint-Projet.

Arnaud Montebourg face aux passants place Saint-Projet : un show maîtrisé. PHOTO LAURENT THEILLET

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Un tableau pliant sorti d'un sac à roulettes, une sono tirée d'un carton et deux micros, un pour lui et un autre pour le public : voilà tout le matériel dont disposait Arnaud Montebourg hier après-midi entre 15 heures et 16 heures place Saint-Projet à Bordeaux pour arrêter le fleuve des chalands rue Sainte-Catherine. Le président du Conseil général de Saône-et-Loire, candidat à la primaire socialiste dont il est le créateur, s'est mué pendant une heure en plaideur de la « Nouvelle France », entre une boutique de téléphones portables et une de chaussures. Un cadre improbable qui évoquait un peu le « speaker's corner » de Hyde Park à Londres, où des prédicateurs juchés sur des tabourets haranguent la foule avec plus ou moins de succès.

La parole au public

De tabouret il n'y eut point. La haute stature du candidat et son phrasé un peu emphatique d'avocat professionnel le dispensent de monticule. De quelques unités, l'auditoire de ce « stand up » (mot anglais pour debout) passa rapidement à une bonne centaine, disposée dans un large arc de cercle, réduisant le passage dans la rue piétonne à un petit couloir et laissant autour du candidat un vide respectueux. Tout en parlant, celui-ci se référait aux phrases clés figurant dans son dos sur le tableau pliant, les sélectionnant du doigt tel un professeur face à ses élèves. C'était un exercice autant pédagogique que politique.

Qu'ont-ils retenu de cette leçon de démocratie, ces passants un peu interloqués, découvrant pour la plupart la notion de VIe République si chère à Arnaud Montebourg ? Sans doute quelques phrases bien senties d'un orateur né, telle celle-ci à propos des pays émergents : « Pendant que nous faisons l'amour, ils font la guerre, excusez-moi mesdames. »

Mais aussi des propos beaucoup plus sérieux sur la démondialisation, la réindustrialisation, le développement de l'éducation qui font du concerto montebourgeois une petite musique à part. Reste qu'il faut être un peu gonflé pour donner la parole à la rue à l'heure du shopping. C'est s'exposer à des interventions un peu baroques et néanmoins sincères, tel ce jeune qui posa une question sur le sort que le candidat réserve à la jeunesse sans ôter son casque volumineux sur ses oreilles. Et la réponse n'ayant pas satisfait une jeune fille, celle-ci revint à la charge, obligeant le Bourguignon à détailler le sujet en dehors des 300 000 emplois d'avenir proposés par le Parti socialiste : « Vu que vous êtes 800 000 par an à entrer sur le marché du travail, ce ne sera pas suffisant, et la réponse passe donc par le renouvellement de l'appareil de production, ce qui prendra du temps. » La même ayant demandé au candidat sa position sur le cannabis, Montebourg répéta son hostilité à la dépénalisation : « prenez votre responsabilité d'adulte » lança-t-il. On voit par là que le prédicateur évita le piège de la caresse dans le sens du poil.

TVA sociale, nucléaire, réforme territoriale, éducation nationale et marchés publics : tels furent les autres thèmes débattus en plein air jusqu'à ce que l'orateur décrète, sous les applaudissements, la fin du show « pour préserver ma voix avant le meeting de ce soir à Pessac ». Et d'exhorter, bien sûr, tout un chacun à venir déposer un bulletin à son nom dimanche prochain.

Benoît tout seul

Le matin, Arnaud Montebourg s'était livré à un exercice plus traditionnel en compagnie d'une escouade de jeunes vêtus d'un tee-shirt à son nom et distribuant des tracts. Aux Capucins comme à Saint-Michel, le porte-parole de la gauche du PS se trouvait en terrain ami. D'où quelques réflexions mi-plaisantes, mi-politiques comme celle-ci à une commerçante asiatique vendant des lunettes ? « Elles sont fabriquées où ? En Chine ? On va faire en sorte qu'elles reviennent en France ».

Finalement, le plus surprenant était qu'un seul élu accompagnait toute la journée celui qui monte dans les sondages : le maire de Pessac Jean-Jacques Benoît. Peut-être certains le regretteront-ils dimanche soir.

http://www.sudouest.fr/2011/10/04/montebourg-fait-revenir-la-politique-dans-la-rue-516565-2780.php