Waouh, c’est Opéra Pagaï !
L'île qui fait rêver ||Une île avec ses habitants en pleine ville, c'est aussi du théâtre ? Oh oui !. L'île éphémère d'Evento fait l'objet d'une grande curiosité. Photo Thierry David Certains s'en doutaient, nous sommes en mesure de le confirmer : l'île flottante qui a surgi mardi en amont du pont de pierre, c'est un coup d'Evento. Et plus exactement d'Opera Pagaï, compagnie qui s'y entend en détournements. Elle avait déjà investi un « appartement cultivable » pour une foire agricole à Saint-Gaudens, voici que le vrai-faux collectif Ici c'est ailleurs embarque chaque après-midi, au ponton d'honneur, des dizaines de passagers pour aller dire bonjour à la vraie-fausse famille Laborde, soi-disant installée à fleur de Garonne faute d'avoir trouvé en ville un appart à son goût. Dans l'histoire racontée à bord et sur le blog www.icicestailleurs.blogspot.com, papa Laborde est chaudronnier, maman infirmière au CHU, papy pêche, et les moutons embarqués se nomment Montaigne et Mauriac (le petit noir teigneux, évidemment). Et, donc, tout serait bidon dans cette histoire de Robinson ? Pas tout à fait. Car, s'ils ne s'appellent pas Laborde, les îliens éphémères vivent bel et bien nuit et jour sur le fleuve, à écouter son chuchotement, à mesurer combien la marée fait descendre ou monter leur installation, à pêcher (mais le coin n'est pas si poissonneux), à jeter leurs eaux usées et leurs épluchures (sans détergents chimiques) à l'eau et à faire coucou aux bateaux. Marius, alias Ferdinand dans la fiction, va pour de bon à l'école en bateau (même qu'il lui tarde trop de dire la vérité à ses camarades de Sainte-Marie de la Bastide), et le maïs, les choux et les citrouilles ne sont pas en plastique. Lamproie sous grave « On aurait bien gardé le secret jusqu'au bout, mais, à chaque visite, on donne en même temps des petits signes qui permettent aux gens de se dire qu'il y a lamproie sous grave, comme disent les gens de la Garonne », explique le metteur en scène Cyril Jaubert. Lui-même en fait volontairement des tonnes quand il conduit la visite, comme pour semer le doute et le rêve en même temps. « Le propos n'est pas de faire une mauvaise blague, ni de jouer sur la crédulité. C'est pour nous le moyen de mettre un focus sur la Garonne, de questionner l'habitat urbain, le développement de la ville. Et en même temps de raconter un joli rêve, une histoire à la Tom Sawyer. C'est pour ça que l'on tenait tant à ce qu'il ait un enfant et un grand-père. C'est aussi un hommage aux derniers mariniers qui vivaient ici, sur la Garonne encore un peu sauvage qui n'est pas tout à fait celle de la Fête du fleuve. » Et ça marche : au ponton d'honneur, où Ici c'est ailleurs affiche ses prétentions, on ne parle que de ça. Et, autour de l'île, les passagers posent des tas de questions sur les autorisations nécessaires (il n'y en pas…), l'exiguïté de la maison ou les impôts ainsi épargnés. La révélation va-t-elle casser le rêve ? Pas sûr. Car le théâtre, c'est justement cela : plaider le faux pour dire le vrai. Un peu comme quand les enfants disent : « On dirait qu'on serait… », qu'ils n'y croient pas vraiment, mais que c'est très sérieux quand même. Le terrain de jeu disparaîtra dans la nuit de jeudi à vendredi. |
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