COMMUNIQUE DE
PRESSE
A propos des
perturbations au Théâtre de
la
Ville-Paris
Les premières représentations du
spectacle de Romeo Castellucci « Sur
le concept du visage du fils de Dieu » au Théâtre de
la Ville , ont été gravement
perturbées par des groupes organisés au nom de la religion chrétienne. Leur demande d’interdiction du spectacle
par voie de justice ayant été déboutée par une décision du Tribunal de Grande
Instance en date du 18 octobre 2011.
Nous considérons qu’il ne s’agit
pas de la simple perturbation d’un spectacle, mais d’actes violents visant à
interdire l’accès du public au Théâtre de
la Ville en s’en prenant aux personnes et aux
biens :
Jeudi 20 octobre
-
tentative violente d’intrusion par des militants
organisés, avec usage de gaz lacrymogènes.
-
Enchaînement des portes de la salle dans le but d’en
empêcher l’accès.
-
Utilisation de boules puantes
-
Distribution de tracts dénonçant le prétendu caractère
« christianophobe » du spectacle, reposant sur des allégations
entièrement mensongères.
-
Envahissement de la scène du théâtre par 9 activistes
interrompant la représentation.
Devant les nombreuses menaces
collectives ou personnelles que nous avons reçues depuis plusieurs semaines,
faisant suite à l’odieuse campagne menée par Civitas, j’ai demandé à
la Mairie de
Paris de prendre des mesures susceptibles de garantir la sécurité du public, du
personnel et des artistes tout en nous permettant d’assurer le maintien des
représentations.
La présence des forces de police
a permis de neutraliser les militants les plus violents. Lors de l’envahissement
de la scène, devant l’impossibilité d’obtenir un départ dans le calme et sans
violence et afin de prévenir un affrontement entre les manifestants et le
public, j’ai demandé l’intervention de forces de l’ordre. Après l’évacuation des
perturbateurs, la représentation a pu reprendre et se poursuivre jusqu’à son
terme.
Vendredi 21
octobre
-
Jet d’huile de vidange et d’œufs sur le public lors de
l’entrée pour la représentation
-
Distribution de tracts
Dans l’attente de l’intervention
de la police pour déloger les agresseurs qui étaient juchés sur une corniche
située au-dessus des portes d’entrée et interdisant l’accès au hall du théâtre,
nous avons aménagé l’entrée du public par une issue de secours. Mais cela a pris
énormément de temps et entraîné un retard de plus d’une heure de la
représentation qui s’est finalement déroulée sans troubles.
Samedi 22
octobre
Démarrage de la représentation
avec 30’ de
retard.
Nouvel envahissement de la scène
du théâtre par un groupuscule interrompant la représentation.
Evacuation dans le calme. Reprise
du spectacle.
Avant d’arriver en France, le
spectacle a été présenté en Allemagne, en Belgique, en Norvège, en
Grande-Bretagne, en Espagne, en Russie, aux Pays-Bas, en Grèce, en Suisse, en
Italie et en Pologne. Il n’a pas suscité la moindre réaction analogue à celles
que nous déplorons aujourd’hui.
Ces agissements à caractère
fascisant sont absolument inadmissibles.
Mes collaborateurs et moi-même,
en plein accord avec Romeo Castellucci et son équipe, ainsi que l’ensemble du
personnel du théâtre, ne céderons sous aucun prétexte à ces menaces et à cette
intimidation. Nous entendons défendre la liberté d’_expression_, les droits du
théâtre, et la mission qui est la nôtre face à cette terreur. Nous entendons
exercer pleinement nos droits et réclamer aux fauteurs de trouble réparation des
dommages et préjudices importants qu’ils nous occasionnent.
Je tiens également à saluer
l’attitude du public lors des deux premières représentations. Face à l’agression
verbale, puis physique dont ils étaient l’objet, ils ont réagi avec calme et ont
observé avec patience les mesures de contrôle que nous avons été contraints de
mettre en place.
Les représentations du spectacle
se poursuivront jusqu’au 30 octobre au Théâtre de
la Ville. Je souhaite que le public
continue à venir découvrir le travail d’un grand artiste que nous sommes fiers
de soutenir et d’accompagner.
Emmanuel Demarcy-Mota
Directeur du Théâtre de
la Ville