Liste arts de la rue

Archives de la liste Aide


[rue] A lire et à faire suivre...


Chronologique Discussions 
  • From: Marie-Claire Mazeillé < >
  • To:
  • Subject: [rue] A lire et à faire suivre...
  • Date: Fri, 20 Jan 2012 11:16:38 +0100

LETTRE OUVERTE à NICOLAS SARKOZY
 
Monsieur le Président, Permettez-moi de répondre ici à l'invitation que vous m'avez faite de participer à la cérémonie de vos vœux adressés au « monde de la culture ». Je doute que vous lisiez cette lettre, mais savez-vous, ce qui compte surtout c'est que d'autres que vous la lisent. Je n'ai pas besoin d'assister à cette cérémonie parce que je sais ce que vous allez y dire. Vous allez simplement dire le contraire de ce que vous avez mis en œuvre jusqu'ici. Vous allez oindre d'une pommade douceâtre les cœurs meurtris de gens que vos principes politiques tendent à détruire. Comme vous le savez, si l'habit ne fait pas le moine, l'élection ne crée pas non plus la fonction. Vous nous en avez rapidement donné un exemple vivant lorsque, à peine assis sur le trône de la République vous avez fait précéder l'insulte à l'analyse. Dans l'effervescence de votre accession au pouvoir vous aviez sans doute oublié vos cours d'histoire et de philosophie, vous étiez déjà passé à côté de la dignité de la pensée politique. Vous vous êtes ensuite nonchalamment assis sur ses principes fondateurs. Vous avez balancé Montesquieu aux orties et n'avez retenu de Machiavel que le pire, les théories de manipulation des autres. Vous avez cru les masses manipulables. Elle le sont bien sûr pour peu que l'on y mette de l'intelligence et de la subtilité, mais plus autant qu'autrefois. Plus autant qu'au temps où elles ne savaient pas lire, par exemple – et que de combats, soi dit en passant, a-t-il fallu mener contre vos amis politiques de ces temps-là pour y parvenir. Vous avez cru pouvoir manipuler les masses, avançant avec, aux pieds, des sabots grands comme des péniches. La politique demande de l'abnégation, la politique ne s'arrête pas aux déclarations d'intentions, fussent-elles les meilleures du monde, la politique demande de porter un minimum d'attention aux autres, à leur bien-être, à la bonne marche de la cité. La politique demande surtout, lorsqu'elle est exercée au niveau qui est le vôtre de laisser chez soi son ego et de se hisser au delà du niveau des batailles de rue ; elle demande une posture et un état d'esprit que vous n'avez jamais incarnés. Depuis cinq ans, monsieur le président, vous vous affichez en tant que contre-exemple idéal de ce que doit être un président de la République, depuis cinq ans vos convictions partisanes n'ont pas guidé le pays. Je me dois de vous le dire vous êtes l'illustration incarnée du principe de Peters : chacun dans sa carrière tend vers son niveau d'incompétence, une fois qu'il l'a atteint, il reste là, ravageant de son incompétence les territoires relevant de son autorité. Le territoire d'un président c'est le pays. Vous allez perdre les élections à cause de cela : parce que vous avez plus servi votre personne que vous n'avez servi l'état.
 
Gilles Moraton
 


  • [rue] A lire et à faire suivre..., Marie-Claire Mazeillé, 20/01/2012

Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.

Top of page