Le message de Filok me fait penser à des trucs. D'abord, la question a déjà été posée dans les débats qui viennent de se dérouler, mais la réponse ne m'a pas parue claire, parce que trop en lien direct avec une situation personnelle. Pourquoi va-t-on jouer dans les "grands" festivals, tels Chalon et Aurillac? Parce que c'est là que se trouvent réunis tous, ou presque, les programmateurs, qui viennent y faire leurs courses, pour leurs festivals à venir. Tout comme Avignon pour la salle (encore que nombre d'entre nous s'y produisent), ces festivals sont nos marchés. Du coup, ça soulève une autre question: dans quel contexte aime-t-on jouer nos spectacles? L'intérêt de jouer dans un gros festival est double: on a plein de spectateurs, alors on s'y donne à fond, plus que devant trois pelés, ce qui nous arive parfois ailleurs, et le spectacle atteint une sorte de "succès" public immédiat. Le double effet kiss cool, c'est le bouche à oreille, qui remonte aux oreilles des programmateurs, qui par conséquent se voient présenter une sélection "garantie par le public". L'inconvénient de jouer dans un gros festival, est double: on a un public assez formaté (des pros, et des gens habitués à voir des spectacles): presque le même public qu'on retrouve dans les CDN. Et puis tout le monde se barre à droite à gauche, des fois pendant, des fois à la fin, pas parce que notre bazar est nul, mais parce que machin joue dans 15mn à l'autre bout de la ville. Ensuite, chaque festival a ses propres politiques d'accueil: Aurillac tout le monde, Chalon sur sélection. La différence: dans l'un, on peut y jouer si on a échoué dans les festivals à sélection, dans l'autre, la sélection permet un accueil plus décent des compagnies, et une meilleure qualité du déroulement de la représentation. Je veux bien que la rue travaille toujours sur le border line, mais comme l'écrit Filok, à moins que le festival n'ait prévu des espaces d'_expression_ pour le off du off, le border line s'exprime contre les collègues, et ça craint franchement à mon goût. La programmation d'un festival reflète la manière de penser d'un directeur artistique qu'est le directeur du festival, et des heures et des heures de prise de tête et de prise de risque. N'allons pas pourrir son travail. Jouer en off de off à Chalon, c'est à mon goût les voiturettes rouges pleines de ballons, de confetti et de bombes à merde multicolore qui s'immiscent dans une parade d'Oposito. C'est carrément déplacé. Il y a des festivals comme des œuvres, qui cherchent à préserver des plages de silence, des perspectives, et la cohue débridée, la queue à la caisse de l'hyper, le bouchon sur le périf, n'y ont pas leur place. Même si c'est difficile à obtenir. Pour eux, et pour nous. Créons d'autres espaces, soyons porteurs d'autres rendez-vous intelligents, plutôt que de nous livrer à des réflexions dignes d'un complot de puces qui s'apprêtent à envahir un chien sympa, qui risque de finir en chien pelé et repoussant. Bien à vous, Les Anthropologues Arts de la rue et spectacles 7 impasse des Chantereines 93100 Montreuil Tél + 33 (1) 55 86 01 77
|
Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.