Aux époques auxquelles tu fais allusion, la notion de solidarité collective et de service public n'existaient pas telles que nous les connaissons aujourd'hui (école laïque, gratuite et obligatoire, sécurité sociale, allocations familiales, chômage, retraite...).
Je cite les États-Unis, car pour la plupart de leurs citoyens, il est inimaginable de se voir prélever des impôts élevés (regarde la levée de bouclier quand Obama a voulu faire du social). Chacun veut pouvoir profiter de l'intégralité de son salaire pour le dépenser comme bon lui semble. Impôts et solidarité résonne comme communisme. Un gros mot là-bas. Bilan, il vaut mieux être riche que pauvre.
En France, la situation est toute autre (faut dire qu'à la sortie de la guerre, le parti communiste était le premier parti de France: 28,26% au second tour des legislatives de 1946). Le programme du Conseil National de la Résistance fixe des objectifs sociaux, économiques et culturels sur lesquels s'inventera plus tard le ministère de la culture, dont nous sommes aujourd'hui issus.
Dans ce contexte, passer le chapeau me paraît indécent, ou décalé. Je n'ai en tout cas jamais pu salarier mon équipe de 6 personnes, même aux minima syndicaux, et même en jouant deux fois par jour en off dans un gros festival. Donc ça paye un ou deux coups à boire, mais c'est ridicule en rapport de nos besoins réels (environ 200€ euros chargés par tête de pipe, hors salaire comptable, soit 1200€ pour un cachet base CCNEAC à un peu moins de 120€ bruts). Le chapeau pour une troupe, c'est pas la liberté, mais l'esclavage.
En France également, l'espace public est public, d'où son nom, d'où le scandale des autoroutes payantes vendues aux amis du pouvoir. Je suis formellement opposé à sa privatisation, en accord avec la loi de toute façon est claire: sur le littoral, légalement, même les très grosses fortunes ne peuvent s'approprier un accès à la mer, en ville, les bistrotiers ne peuvent s'approprier les trottoirs. Je ne comprends d'ailleurs pas comment nos festivals peuvent faire payer l'entrée d'espaces privatisés dans l'espace public: c'est illégal, sauf accord spécifique avec la préfecture et paiement d'une taxe d'occupation, souvent en rapport avec le gain escompté.
Une libre circulation des œuvres artistiques dans une rue libre pour toutes et tous, tel est mon credo.
Bien à touTEs, Nicolas
PS: et en ce qui concerne les citoyens pour lesquels la valeurs d'un bien de consommation dépend de son prix, je n'aurai qu'un mot: la culture n'est pas un bien de consommation, mais un droit, comme celui à l'éducation. Les Anthropologues Arts de la rue et spectacles 7 impasse des Chantereines 93100 Montreuil
Tél + 33 (1) 55 86 01 77 Le 26 avr. 2012 à 08:34, Anna Cottis <
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> a écrit : Analyse intéressante. Et tu places comment le pratique de passer le chapeau?
Et comment contré le fait, c'est un fait, que bien nombre de nos concitoyens pensent que ce qui est plus cher a plus de valeur?
Ou qui veulent vivre le puissance personnel de "se faire plaisir", comme on dit en français? Car quand on a peu, les dépenses excessives de temps en temps sont très important, pour se dire qu'on participe au même monde que les autres.
Je rajoute un détail historique - la billetterie payante a l'extérieur n'est pas Américaine, mais Européenne. Dans le seizième siècle, les troupes de théâtre qui jouaient dans la place public louaient des sièges pour s'asseoir, à côté des spectateurs debout qui ne payaient pas. Et ils passaient le chapeau aussi.
Puis en Espagne on a trouvé le moyen d'avoir un meilleur revenu - elles ont commencé à jouer dans les cours des immeubles, qu'ils fermaient et faisaient payer l'entrée. Et les habitants louaient aussi des places sur leurs balcons. Ce pratique s'est vite répandu. Partout on a commencé a en construire pour pouvoir avoir aussi les revenus des balcons. Ce qui a donné la forme du théâtre "à l'italienne" qu'on connaît.
Les troupes gardaient longtemps la capacité de jouer et dans ces salles et aussi dans la rue.
On 26 avr. 12, at 07:45, nicolas wrote: Ce qui fait selon moi l'une des spécificités majeures des arts de la rue, c'est leur libre accès: tu viens comme tu es habillé et tu n'as pas à débourser un cent. En ce sens, les arts de la rue s'adressent à toutes et tous, ils assurent d'une mission de service public.
Comment est-ce possible? Parce qu'ils sont financés par les citoyens eux-mêmes, à travers l'mpôt, au prorata de leurs revenus, car 10€ sur un salaire de célibataire de 5000€, ça ne représente qu'un faible pourcentage d'une somme qui ne sera pas forcément dépensée dans son intégralité sur le mois. Tandis que 10€ sur un SMIC qui sera entièrement dépensé, c'est non seulement un gros pourcntage, mais également un frein énorme à l'accès à la culture, qui reste au final financée par l'impôt.
Alors une billetterie payante (à distinguer des billetteries gratuites pour spectacles à jauge restreinte ou entresort, dans le jargon), j'y suis résolument opposé. Cela revient à une privatisation de l'espace public. De quel droit? Pour quels spectateurs ? Quand tu sors dehors, tu paies un droit d'entrée? Non, pas directement, mais oui, à travers l'impôt.
Privatiser l'espace public revient au final à considérer l'espace extérieur à l'américaine: tout y est privé. Contresens par rapport à nos pratiques. En ce sens, je pense que nos collègues responsables de festivals qui commencent depuis quelques années à faire payer les entrées d'un espace public privatisé dans leur in devraient sérieusement être interpelés, même si les instances leur demandent de générer un minimum de recettes propres, comme nos confrères de la salle. Ce sont des recettes sales.
Cependant, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain. Toutes les structures qui n'existent que grâce à l'argnet public, festivals ou lieux de type CNAR, que j'appelais précédemment "lieux publics", sont des outils, non des institutions. Les collectivités (commune, communauté d'agglo, conseil général, région) et l'état sont les institutionnels, ne nous trompons pas de combat. Ce sont les élus et les techniciens de ces institutions qu'ils nous faut continuellement convaincre (parce qu'ils se renouvellent), de la nécessité de soutenir les arts de la rue. D'où les fédérations régionales et nationale des arts de la rue, qui sont les interlocuteurs permanents des institutionnels. Les responsables de nos outils publics sont des convaincus de la rue, des mordus, des forcenés. Ne nous trompons pas de combat. Même si je pense que ces postes devraient être soumis à mandatures et à élection (justement parce que ce sont nos outils), ne nous trompons pas d'ennemi comme le disait Fred Michelet. Et même, pour aller plus loin, les institutionnels ne sont pas des ennemis, seulement des gens qui ont très souvent une méconnaissance des arts de la rue. Les élus ou techniciens qui nous connaissent, sont nos plus fidèles alliés et défenseurs.
Selon moi, donc, la billetterie tarifée, c'est la mort des arts de la rue. C'est recréer des murs, et finalement des théâtres (ou des chapiteaux). Pour prolonger la mise en place d'une privastisation, regarde la différence entre le prix d'une place subventionnée chez les les plus connus. Combien coûte une place pour Zingaro et combien pour Le Cirque du Soleil? La différence est de fois 10!!! Le Soleil n'est pas un cirque populaire, seule l'élite peut y aller.
Par ailleurs, hormis les dossiers région, ce truc du "code de langage", c'est de la foutaise. Dès que tu entres en communication avec quelqu'un, qui plus est un groupe, tu utilises un code langage. Pour la SACD tu peux répondre avec des dessins, des photos, des textes, comme tu le sens pour exprimer au mieux ce que tu ressens. Y pas plus ouvert.
Alors, un conseil, adhère à la Fédération des arts de la rue, si ce n'est déjà fait, et là tu feras avancer les choses, plutôt que tout seul avec ta billetterie et ton service de sécurité pour chasser les vilains mômes qui n'ont pas raqué et essaient de mater la culture par dessus ta clôture.
En toute amitié. Bien à touTEs, Nicolas SOloy
Les Anthropologues Arts de la rue et spectacles 7 impasse des Chantereines 93100 Montreuil
Tél + 33 (1) 55 86 01 77 Le 25 avr. 2012 à 22:26, Dominique Violet <
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Pour acceder aux archives, a l'aide, a la conversion de mail, a la page de desinscription : http://www.cliclarue.info/#tabs-8Et pour tout probleme, vous pouvez raler aupres de
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Pour acceder aux archives, a l'aide, a la conversion de mail, a la page de desinscription : http://www.cliclarue.info/#tabs-8 Et pour tout probleme, vous pouvez raler aupres de
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