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Re: Tr: Re: Re: [rue] Refus des festivals Enfin on parle des vrais problemes !!!


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  • From: nicolas < >
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  • Subject: Re: Tr: Re: Re: [rue] Refus des festivals Enfin on parle des vrais problemes !!!
  • Date: Fri, 27 Apr 2012 08:19:42 +0200

Aux époques auxquelles tu fais allusion, la notion de solidarité collective et de service public n'existaient pas telles que nous les connaissons aujourd'hui (école laïque, gratuite et obligatoire, sécurité sociale, allocations familiales, chômage, retraite...).

Je cite les États-Unis, car pour la plupart de leurs citoyens, il est inimaginable de se voir prélever des impôts élevés (regarde la levée de bouclier quand Obama a voulu faire du social). Chacun veut pouvoir profiter de l'intégralité de son salaire pour le dépenser comme bon lui semble. Impôts et solidarité résonne comme communisme. Un gros mot là-bas. Bilan, il vaut mieux être riche que pauvre.

En France, la situation est toute autre (faut dire qu'à la sortie de la guerre, le parti communiste était le premier parti de France: 28,26% au second tour des legislatives de 1946). Le programme du Conseil National de la Résistance fixe des objectifs sociaux, économiques et culturels sur lesquels s'inventera plus tard le ministère de la culture, dont nous sommes aujourd'hui issus.

Dans ce contexte, passer le chapeau me paraît indécent, ou décalé. Je n'ai en tout cas jamais pu salarier mon équipe de 6 personnes, même aux minima syndicaux, et même en jouant deux fois par jour en off dans un gros festival. Donc ça paye un ou deux coups à boire, mais c'est ridicule en rapport de nos besoins réels (environ 200€ euros chargés par tête de pipe, hors salaire comptable, soit 1200€ pour un cachet base CCNEAC à un peu moins de 120€ bruts). Le chapeau pour une troupe, c'est pas la liberté, mais l'esclavage.

En France également, l'espace public est public, d'où son nom, d'où le scandale des autoroutes payantes vendues aux amis du pouvoir. Je suis formellement opposé à sa privatisation, en accord avec la loi de toute façon est claire: sur le littoral, légalement, même les très grosses fortunes ne peuvent s'approprier un accès à la mer, en ville, les bistrotiers ne peuvent s'approprier les trottoirs. Je ne comprends d'ailleurs pas comment nos festivals peuvent faire payer l'entrée d'espaces privatisés dans l'espace public: c'est illégal, sauf accord spécifique avec la préfecture et paiement d'une taxe d'occupation, souvent en rapport avec le gain escompté.

Une libre circulation des œuvres artistiques dans une rue libre pour toutes et tous,
tel est mon credo.

Bien à touTEs,
Nicolas

PS: et en ce qui concerne les citoyens pour lesquels la valeurs d'un bien de consommation dépend de son prix, je n'aurai qu'un mot: la culture n'est pas un bien de consommation, mais un droit, comme celui à l'éducation.
 
Les Anthropologues
Arts de la rue et spectacles
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Tél + 33 (1) 55 86 01 77

Le 26 avr. 2012 à 08:34, Anna Cottis < "> > a écrit :

Analyse intéressante. Et tu places comment le pratique de passer le chapeau?

Et comment contré le fait, c'est un fait, que bien nombre de nos concitoyens pensent que ce qui est plus cher a plus de valeur?

Ou qui veulent vivre le puissance personnel de "se faire plaisir", comme on dit en français? Car quand on a peu, les dépenses excessives de temps en temps sont très important, pour se dire qu'on participe au même monde que les autres.

Je rajoute un détail historique - la billetterie payante a l'extérieur n'est pas Américaine, mais Européenne. Dans le seizième siècle, les troupes de théâtre qui jouaient dans la place public louaient des sièges pour s'asseoir, à côté des spectateurs debout qui ne payaient pas. Et ils passaient le chapeau aussi. 

Puis en Espagne on a trouvé le moyen d'avoir un meilleur revenu - elles ont commencé à jouer dans les cours des immeubles, qu'ils fermaient et faisaient payer l'entrée. Et les habitants louaient aussi des places sur leurs balcons. Ce pratique s'est vite répandu. Partout on a commencé a en construire pour pouvoir avoir aussi les revenus des balcons. Ce qui a donné la forme du théâtre "à l'italienne" qu'on connaît.

Les troupes gardaient longtemps la capacité de jouer et dans ces salles et aussi dans la rue.

Anna 


On 26 avr. 12, at 07:45, nicolas wrote:

Ce qui fait selon moi l'une des spécificités majeures des arts de la rue, c'est leur libre accès:
tu viens comme tu es habillé et tu n'as pas à débourser un cent. En ce sens, les arts de la rue s'adressent à toutes et tous, ils assurent d'une mission de service public.

Comment est-ce possible? Parce qu'ils sont financés par les citoyens eux-mêmes, à travers l'mpôt, au prorata de leurs revenus, car 10€ sur un salaire de célibataire de 5000€, ça ne représente qu'un faible pourcentage d'une somme qui ne sera pas forcément dépensée dans son intégralité sur le mois. Tandis que 10€ sur un SMIC qui sera entièrement dépensé, c'est non seulement un gros pourcntage, mais également un frein énorme à l'accès à la culture, qui reste au final financée par l'impôt.

Alors une billetterie payante (à distinguer des billetteries gratuites pour spectacles à jauge restreinte ou entresort, dans le jargon), j'y suis résolument opposé. Cela revient à une privatisation de l'espace public. De quel droit? Pour quels spectateurs ? Quand tu sors dehors, tu paies un droit d'entrée? Non, pas directement, mais oui, à travers l'impôt.

Privatiser l'espace public revient au final à considérer l'espace extérieur à l'américaine: tout y est privé. Contresens par rapport à nos pratiques. En ce sens, je pense que nos collègues responsables de festivals qui commencent depuis quelques années à faire payer les entrées d'un espace public privatisé dans leur in devraient sérieusement être interpelés, même si les instances leur demandent de générer un minimum de recettes propres, comme nos confrères de la salle. Ce sont des recettes sales.

Cependant, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain. Toutes les structures qui n'existent que grâce à l'argnet public, festivals ou lieux de type CNAR, que j'appelais précédemment "lieux publics", sont des outils, non des institutions. Les collectivités (commune, communauté d'agglo, conseil général, région) et l'état sont les institutionnels, ne nous trompons pas de combat. Ce sont les élus et les techniciens de ces institutions qu'ils nous faut continuellement convaincre (parce qu'ils se renouvellent), de la nécessité de soutenir les arts de la rue. D'où les fédérations régionales et nationale des arts de la rue, qui sont les interlocuteurs permanents des institutionnels. Les responsables de nos outils publics sont des convaincus de la rue, des mordus, des forcenés. Ne nous trompons pas de combat. Même si je pense que ces postes devraient être soumis à mandatures et à élection (justement parce que ce sont nos outils), ne nous trompons pas d'ennemi comme le disait Fred Michelet. Et même, pour aller plus loin, les institutionnels ne sont pas des ennemis, seulement des gens qui ont très souvent une méconnaissance des arts de la rue. Les élus ou techniciens qui nous connaissent, sont nos plus fidèles alliés et défenseurs.

Selon moi, donc, la billetterie tarifée, c'est la mort des arts de la rue. C'est recréer des murs, et finalement des théâtres (ou des chapiteaux). Pour prolonger la mise en place d'une privastisation, regarde la différence entre le prix d'une place subventionnée chez les les plus connus. Combien coûte une place pour Zingaro et combien pour Le Cirque du Soleil? La différence est de fois 10!!! Le Soleil n'est pas un cirque populaire, seule l'élite peut y aller.

Par ailleurs, hormis les dossiers région, ce truc du "code de langage", c'est de la foutaise. Dès que tu entres en communication avec quelqu'un, qui plus est un groupe, tu utilises un code langage. Pour la SACD tu peux répondre avec des dessins, des photos, des textes, comme tu le sens pour exprimer au mieux ce que tu ressens. Y pas plus ouvert.

Alors, un conseil, adhère à la Fédération des arts de la rue, si ce n'est déjà fait, et là tu feras avancer les choses, plutôt que tout seul avec ta billetterie et ton service de sécurité pour chasser les vilains mômes qui n'ont pas raqué et essaient de mater la culture par dessus ta clôture.

En toute amitié.
Bien à touTEs,
Nicolas SOloy

Les Anthropologues
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Le 25 avr. 2012 à 22:26, Dominique Violet < "> > a écrit :

Hello

Je me suis pas mal fait critiquer suite à mon dernier email (plusieurs email hors liste).
Et c'est vrai que c'était pas malin de ma part de citer nommément deux personnes de la liste.
J'ai seulement voulu dire que certains sujets me semblent anecdotique par rapport à d'autres (mais c'est certainement ce qui contribue au charme de la liste).
Et bien sur, mon point de vue n'engage que moi.

Je me pose une question à laquelle je n'arrive à répondre,
Voila ce qui motive mon intervention et l'envie de partager avec d'autres mes interrogations.

Faut-il persister à vouloir travailler avec les acteurs institutionnels de la rue ?
J'entends pas la : les CNAR, les festivals off promotionnels, la SACD, etc...
Alors que ça bouffe énormément d'énergie, qu'il faut intégrer un code de langage sans intérêt (à mon gout bien sur), que ça prends du temps sur le temps de création et de répétition, qu'ils ne répondent pas à mes demandes et questions, etc...
La solution ne serait-elle pas d'ignorer ce réseau, de le contourner en quelque sorte.
J'ai beaucoup aimé le courrier venant d'une circassienne qui prônait l'autoproduction comme solution.
Finalement, jouer à la billetterie, c'est une forme de liberté retrouvée et au moins on ne sert pas de caution culturelle aux élus qui nous programment et/ou nous subventionnent.
C'est le genre de retours qui me fait avancer.

Bien à vous
Dominique

Le 24 avril 2012 09:52, Dominique Violet < " target="_blank"> > a écrit :
Salut

Enfin on parle des vrais sujets dans cette liste.
C'est franchement plus intéressant que de savoir où kakahuete a bien mangé et dormi cette année. Plus intéressant que de savoir que Chtou n'a pas supporté sa première journée de stage de clown.

Je ne pense pas que le problème vienne des grand festivals off.
Il y a Aurillac pour la foire au bestiaux (Perso j'adore, d'ailleurs le spectacle de rue ça vient de là, pas de la falaise des fous), Chalon pour une ambiance plus "salon de l'agriculture", présentable aux bourgeois et Sotteville quand on veut rester entre gens du métier.

Le problème est que c'est les compagnies subventionnées qui jouent dans les festivals subventionnées qui font des résidences dans des lieux subventionnés.
Quand tu n’appartiens pas au sérail (les 40 de la falaise des fous ?) :
- On ne réponds même pas à ton courrier quand tu demandes une résidence en CNAR,
- On ne t'explique pas pourquoi on te refuse dans les festivals off.
- On te reproche de te vendre moins cher qu'une Compagnie subventionnée qui a un budget de fonctionnement faramineux.

Le monde de la rue institutionnel est en décalage total entre l'image qu'il veut donner (populaire, accessible, créatif) et sa réalité (établie, convenue, consensuel et commercial).

A plus
Il faut que j'essaye de vendre ma Batucada à 80€ net par salarié.

Dominique
Compagnie S



Le 24 avril 2012 08:36, stef filok < " target="_blank"> > a écrit :
allez y à chalons en off du off,  quand je vois le merdier que c'est d'organiser les departs de parade a aurillac qui ne doivent pas empiéter sur un spectacle à petite jauge qui demande de l'intimité, allez mettre un spectacle sonorisé près d'ilka schonbeim, faites passer une battucada près d'un endroit où je joue et je vous promets que je ne me laisserai pas faire,...
aurillac c'est aurillac, ça ressemble à un gros bordel y en a partout mais c'est calé, à part quelques uns qui jouent 4 fois par jour juste pour faire la manche et qui nuisent en off off il y a encore moyen de travailler,  faites ça à chalon et vos programmateurs chéris ne viendront plus, on parle de lisibilité, de respect du travail des autres, et si vous jouez sans vous annoncer dans un coin du parc , c'est sur vous aurez du monde mais pas de programmateur , alors à quoi bon, jouer pour jouer faites comme nous quand on a une créa en cours  on se planque pour jouer dans des plans plus ou moins intéressants pour roder , ensuite, on prend le risque de venir dans ces gros festivals,...

les festivals dont on parle sont déjà une sorte de pied de nez à l'etablishment, c'est comme si vous vouliez vous tirer une balle dans le pied, ceux qui mettent en oeuvre ces évènements sont avec nous et pas contre, ils ont de la bouteille, et ne comprennent pas parfois vos réactions de français mécontents, même si ça fait mode de gueuler, acceptez les règles ou allez jouer ailleurs.


Date: Mon, 23 Apr 2012 22:09:28 +0200
From: " target="_blank">
To: " target="_blank">
Subject: Tr: Re: Re: [rue] Refus des festivals


la

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Message du : 23/04/2012 22:08
De : " target="_blank">
A : "Thierry Decocq" < " target="_blank"> >, "rue" < " target="_blank"> >
Copie à :
Sujet : Re: Re: [rue] Refus des festivals


Je ne crois pas qu'à l'origine du théâtre de rue, les compagnies demandèrent à qui que ce soit si elles avaient le droit ou non de se produire à tel ou tel endroit.
Certes, Pour une compagnie, c'est une perte sèche de faire des off sans être invitée car elle ne reçoit aucun défraiement. Cela étant dit, la situation des compagnies  invitées à se produire dans les off n'est pas radicalement différente puisqu'elles ne sont pas payées.
La réputation des festivals se construit aussi sur ces compagnies off qui ne coûtent presque rien aux organisateurs et qui participent à construire leurs renommées.
Pour moi, si il y a un système critiquable, c'est celui de la sélection dans les off ! Une compagnie a besoin de montrer son travail. C'est la base. Si elle ne le montre pas, elle meurt. Oui, il y a une question de visibilité du travail et c'est sûr que lorsqu'il y a trop de compagnies la visibilité est moins bonne. Donc, la sélection peut se défendre du point de vue des festivals ou des programmateurs mais pas du point de vue des compagnies qui ont besoin de montrer leur travail ! C'est sûr que le mieux, c'est de montrer son travail en étant directement programmé mais quand le travail n'est pas encore suffisamment reconnu. Comment on fait ?

Si une compagnie a besoin de montrer son travail qu'elle y aille, sélectionnée ou pas. Après tout quelle différence ?
Et si toutes les compagnies non sélectionnée y allaient ! Là, au moins, il y aurait un mouvement d'envergure.
Pour ce qui concerne la déclaration et la rémunération des artistes, c'est un problème intéressant mais qui, de mon point de vu, n'a rien à voir avec le fait d'être sélectionné ou pas dans le off d'un festival. En effet, ce problème est inhérent à toutes les compagnies qui se produisent dans les off.

Tout notre système de diffusion et de programmation s'est construit sur une tolérance qui faisait que les artistes travaillaient  parfois (et notamment pour beaucoup de compagnies dans les off) sans être payé. Les contrôles vont obliger les compagnies à changer. Mais, c'est donc tous le système (compagnies, programmateurs, spectateurs) qui va être touché par ce changement.

Claire Lise

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Message du : 23/04/2012 11:03
De : "Thierry Decocq " < " target="_blank"> >
A : " target="_blank"> , " target="_blank">
Copie à :
Sujet : Re: [rue] Refus des festivals


Le 23/04/12 10:45, " target="_blank"> a écrit :
> Salut,
> Tu fais pas des raccourcis rapides?
> Je pense que c'est un peu plus compliqué que ça...
> Félicitation si toutes tes dates sont payées, si tes projets sont
> achetés avant même d'être vu! Tu vis dans un super monde, ça a l'air
> trop bien! c'est où la porte,stp! ça m'intéresse! et ya des bisounours
> aussi?
> Tu sais quoi c'est pas une si mauvaise idée, en fait, de payer ton
> plombier que si le boulot est réussi...Tiens j'y repenserai!
>
> bonne journée à toi combattant libre
>
> gaëlle
>
Salut Gaëlle,

Le problème est que ce que tu appelles le pays des bisounours sera
bientôt la règle, et qu'il est plutôt calqué sur le modèle du darwinisme
économique le plus sauvage façon Jurassic Parc! Je te rappelle qu'il est
déjà illégal de jouer ou même de répéter sans être payé: La rafle
d'Avignon de cet été nous rappelle que la tolérance (ou la complaisance)
est déjà du passé.

La mise en place d'une nouvelle convention collective du privé va venir
renforcer les moyens de répression en fixant (entre autre) les cachets
des spectacles "promotionnels". Une compagnie doit avoir les moyens de
payer son plateau avant même de vendre son spectacle. Et ce, même (et
surtout) si on ne touche pas un centime de subvention !

Il va falloir de gros moyens financiers pour ne serait-ce que
s'autoriser à imaginer le moindre projet de spectacle.

Faites descendre la DIRRECTE et l'URSSAF sur les festivals: La question
de l'engorgement des off ne se posera définitivement plus! Pas sûr que
ce soit la solution.

@+

Thierry





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