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[rue] pink power


Chronologique Discussions 
  • From: stef filok < >
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  • Subject: [rue] pink power
  • Date: Mon, 7 May 2012 09:14:09 +0200
  • Importance: Normal

oui la vie est une tartine, seulement vous etes vous posé la question de savoir pourquoi quand vous venez de tartiner de la confiture sur votre bout de pain il tombe toujours du coté confiture ?  
  eh bien c'est que vous avez mis la confiture du mauvais côté,;;;


From:
To: ;
Date: Mon, 7 May 2012 02:07:05 +0200
Subject: RE: [rue] Mon pouvoir

Peut-être, mon petit frère, peut-être...
En tout cas, aujourd'hui...OUF quand même...
Pas Hourra, mais Ouf !!!
Déjà on ne verra presque plus sa sale tronche tous les jours à la télé ou dans les journaux...
J'ai l'impression d'être un peu en vacances..
Pas libéré, juste un peu en vacances...
Positivons, au moins ce soir...
Après... la vie, c' est comme une tartine... D'un côté, du beurre (salé bien entendu), ou de la confiture -voire les deux- qu'on savoure de temps en temps.
De l'autre, un truc marron nettement moins appétissant mais qu'il nous faut pourtant ingurgiter le plus souvent... Bon gré mal gré !
Tout ça dans l'espoir de goûter de temps en temps au côté beurre-confiture.
Alors, oui: OUF !

Amitiés, poète-comédien...


Fred. R
Baladin, peintre de chansons,
Chanteur de rue et des bistrots
Tel: 06 79 25 67 00

Retrouvez-moi sur:
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http://www.myspace.com/fred.r




 


> From:
> Date: Sat, 5 May 2012 12:05:42 +0200
> To:
> Subject: [rue] Mon pouvoir
>
> Trop de café, ma main qui suspend le bulletin le fait trembloter au dessus de l'urne.
> Une autre, parcheminée, aux ongles roses et vulgaires, ouvre sèchement le clapet.
> Mon coeur s'arrête entre deux battements.
> Une goute de sueur stoppe sa descente au milieu de ma tempe et me gratte légèrement.
> Je ne respire plus. Les secondes s'égrènent.
> Les sourcils levés, je souris bêtement pour tenter de récolter un sourire en retour.
> La bande de vieux cons me lorgne fixement sans ciller, avec leurs chemises moches de gros ploucs, leur rimmel au rouleau, le maire avec son costume et sa suffisance égotique écrasante, cette ambiance d'école, cette table aux pieds de métal arrondi d'un vert écaillé par les autorités successives de tant de maîtres, tout m'arrive en pleine gueule porté sur une odeur de vieux parquet rigide.
> Hou merde, mais qu'est-ce que je fous là? Devant tous ces cons avec qui je ne voudrais pas partager une seule heure d'un autre dimanche de l'année?
> Dans quelle comédie m'a-t-on projeté? Pourquoi le public est il hostile?
> Qu'est-ce que tu fais Mustapha?
> Tu es en train de donner ton pouvoir?
> Tu es réellement en train d'affirmer par ce bulletin: je vous fais solennellement confiance pour légiférer, contractualiser, présider ma vie par l'esprit qui est le vôtre, écrire pour moi le cours de l'histoire?
> Je vous donne mon pouvoir, car j'ai confiance en votre justesse d'opinion, vous n'êtes en aucune manière corrompus ni au coeur de réseaux d'influences, vous n'êtes pas aveuglés par le carriérisme et c'est dans un réel élan patriotique, humaniste et altruiste que vous vous êtes hissé là, sans ou calcul ou traîtrise?
> Je vous donne mon pouvoir parce qu'à tous les coups cette fois ci tout va vraiment super changer, et qu'un esprit de liesse, de générosité et de justice sociale vont saisir mon pays, que les souffrances des plus démunis vont cesser, que la solidarité nationale fera de nous un groupe humain soudé et partageur?
> Je ricanne intérieurement, surfant sur l'ivresse de mon beuz matinal.
> Soudain la main aux ongles roses semble gravée dans la roche.
> Plus personne ne bouge, et pourtant moi, je peux encore bouger. Sympa.
> Je me retourne, je regarde cette file d'attente aux regards gris, les isoloirs austères, les murs décrépis, la bande de vieux cons aux rictus torves, alignée derrière la table.
> Wouaw, ça fait du bien quand ça s'arrête.
> Putain, Mustapha, combien dans cette salle te sont hostiles par bêtise?
> Parce que ta peau est un peu plus foncée?
> Ben, quasi un sur cinq, déjà.
> Parce que ton père est ouvrier et que tu représentes les classes populaires?
> Alors attend, celui là, celui là, celle là... et pis tous les autres qui se font bouffer la tête, tous ces cons qui se font dresser les neurones à grands coups de télévision, et qui croient qu'il faut plus d'austérité et toutes ces conneries.
> Tu vas donner ton pouvoir à ceux qui les intoxent sciemment?
> Je m'essuie le front et m'assieds sur la table. Je dois juste être en train de bader. Ces putains de statues ne bougent pas d'un cil.
> Mon regard retombe sur le bulletin. Je me rappelle...
> La dedans il y a eu Chirac. Oui. J'ai honte. Quel bouffon, quel pantin, et j'avais voté pour lui.
> Et puis il y a eu Royal. Quelle fantoche, quelle comédie, quel scandale, de donner ainsi tout, à quelqu'un en qui on ne croit en rien.
> Et voila Hollande.
> Belle série, c'est grandiose le palmarès du vote utile, dis donc.
> Franchement, Hollande... comment un seul instant se laisser illusionner par le Flamby, même allégé et tirant la tronche?
> Comment un instant croire que nous allons sauver la France, pays puissant et fortuné, de la guerre économique impitoyable que nous font ces enfoirés de riches, avec cet homme?
> Avec l'autre gnome, cela serait sans doute pire.
> Sans doute. Deux mauvais docteurs avec deux mauvais remèdes, l'un en sirop, l'autre en suppo.
> Ca me saoule de voter pour éviter le pire.
> Je voudrais tant voter pour le meilleur...
> Franchement, est-ce respecter la démocratie, d'offrir son pouvoir à quelqu'un dont on sait qu'il va cordialement s'en foutre de vous, vos amis, votre famille, votre classe sociale, de tous les précaires et les démunis?
> Une bouffée de révolte me remonte, de cet océan de frustration et d'injustice sur lequel ma jovialité quotidienne a toujours surfé.
> Je me positionne à nouveau devant l'urne, pour reprendre le cours du temps, allez, jouons.
> L'ironie et la folie, les excès et le drapeau noir, la réflexion, la pertinence, tout cela d'un bloc, je me retrouve.
> Cette élection est-elle le seul moment de faire de la politique, pourrais-je m'engager demain avec la même force dans de vraies luttes, celles de la rue, l'esprit franc, si je me suis trahi aujourd'hui?
> Et si être un homme intègre, ne voter qu'en ce que l'on croit, militer toujours et justement, valait bien mieux, au bilan, que la trahison de cette compromission électorale là?
> Mon pouvoir, c'est mon droit, c'est ma citoyenneté, c'est mes convictions profondes, c'est ma dignité.
> La main aux ongles roses blanchit.
> "Ca ne va pas monsieur?"
> Je déglutit et souris à nouveau.
> "Non, ça ne va pas."
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