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[rue] RE: la rue est malade


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  • From: Ronald Brown Lee < >
  • To: Liste rue T Decoq < >, "Le Fourneau" < >, Liste Rue KKhuète < >, Ronald Brown Lee < >
  • Subject: [rue] RE: la rue est malade
  • Date: Thu, 7 Jun 2012 01:34:37 +0200
  • Importance: Normal

Title: Malade la rue est malade
Derrière la bonne analyse du gars Decoq, j'ai deux trois questions-réflexions à formuler.

Comment ils ont fait, les anciens, avant de toucher des subventions ?
Ils sont allé jouer dans la rue et un peu partout, non ?
Ils on commencé par être, avant d'avoir, non ?
En se vendant par eux-même, non ?

Aujourd'hui, la moindre compagnie cherche son, sa chargé(e) de diffusionproductioncommunicationsecrétairecomptablerégisseur(euse)général(e)graphistedéveloppeur(euse)rwebchasseur(euse)desubventionsj'enpasseetdesmeilleures sans laquelle ils ont l'impression qu'ils ne pourront exister (quid les annonces fréquentes sur la liste).
En gros, business, business and business...

Sur cette liste, entre les diverses interrogations sur "mais où sont passés les programmateurs" ?,
les propositions d'emploi de chargé de diffusionproductioncommunicationsecrétairecomptablerégisseur(euse)général(e)graphistedéveloppeur(euse)rwebchasseur(euse)desubventionsj'enpasseetdesmeilleures,
les annonces de tournées, annonce de vente ou recherche de matériel, etc...
quelle est la place occupée dans nos nombreuses discussions par ce que l'on nomme globalement "l'artistique" ?
L'interrogation, le doute, les certitudes, des visions du monde, nos imaginaires ?

Si j'étais programmateur, tu parles Charles que je fuirai vite fait cette liste ou on ne cause quasi que business (et très mal sans doute, puisque ce ne sont pas nous les pros dans le domaine).
Tu aurai envie, toi, après le boulot ou dans des moments de recherche, de flânerie internet, d'aller te miner la tête sur un forum qui va te replonger la tête dans ton quotidien, et qui plus est, dans le domaine du commerce culturel (désolé, mais il faut appeler un chat un matou, un greffier, un minou...).
Les programmateurs, s'ils sont, comme je le suppute, dans leur grande majorité des artistes contrariés (à démontrer bien entendu !), ont besoin, peut être plus que les autres qu'on les fasse rêver.
Pas qu'on les ennuie avec des considérations assez peu judicieuse quand à leur relations avec les compagnies et les artistes, leur capacité à aimer ou non un spectacle, etc...
Non ?

Je lis trop de mail de la part d'artistes qui ne rêvent plus...
Moi, j'aimerai que la liste échange plus la-dessus...
Que ça trippe bon sang...
Mais voilà... Ca ne rapporte rien !!!

Pascal, l'entend-tu:

Jackie is just speeding away
Thought she was James Dean for a day
Then I guess she had to crash
Valium would have helped that bash
Said, Hey babe,
Take a walk on the wild side
I said, Hey honey,
Take a walk on the wild side
And the coloured girls say,
Doo do doo do doo do do doo


Fred. R
Baladin, peintre de chansons,
Chanteur de rue et des bistrots
Tel: 06 79 25 67 00

Retrouvez-moi sur:
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Date: Tue, 5 Jun 2012 16:26:05 +0200
From:
To: ;
Subject: Re: [rue] Malade la rue est malade

Salut Pascal, salut la Rue,

La rue est malade sans doute, cela ne veut pas dire qu'elle est morte!

Je partage ton point de vue sur les programmateurs, on a autant besoin d'eux qu'ils ont besoin de nous. Mais leur désertion est-elle un symptôme ou la cause du mal ?

Malheureusement face à la pénurie, les compagnies sont de plus en plus aux aguets: Médias et internet aidant, elles créent un brouhaha qui doit rendre la vie des programmateurs infernale! J'en ai été témoin l'an dernier à Chalon où avec mon badge "professionnel" (j'y étais pour intervenir en tant que structure de production dans un brunchstorming): je me faisais alpaguer sans arrêt par des artistes qui me prenaient pour un programmateur, avec un discours (inutile) qui faisait plus souvent pitié qu'envie! Il fallait voir le regard plein de déception quand je m'identifiais...

Il n'est qu'à voir aussi les quelques uns qui ont carrément engueulé en public sur la liste le off de Chalon cette année parce qu'ils n'étaient pas retenus! Je comprends la déception (quand on sait l'énergie que représente une création), je ne pige pas que ce désappointement se transforme en cette colère complètement conne quand on connait un peu le festival. Désolé de vous l'apprendre, le spectacle vivant est un monde souvent cruel et parfois injuste!

Cette fièvre est un symptôme inquiétant, mais de quoi?

Face aux programmateurs, il y a des compagnies à poil de trésorerie qui ne se perçoivent pas toujours comme des entreprises (ce qu'elles sont pourtant, quel que soit leur statut). Est-ce que leur projet est un "produit" suffisamment abouti au moment de la présenter (ça demande du temps et donc des moyens) ? Est-ce que la compagnie est assez structurée pour offrir des garanties suffisantes?  Quel est le "plus-produit" ou la valeur ajoutée que la compagnie propose?

Face aux programmateurs, il y a des chargés de diffusion. Est-ce que tous font preuve du professionnalisme nécessaire? Et les compagnies qui les engagent ont-elles les moyens de ce professionnalisme? Par manque de ressources, combien de compagnies confient leur diffusion à des contrats aidés ?

L'emploi aidé a un effet d'aubaine, mais on est dans le très court terme. Un CUI-CAE est en permanence sur un siège éjectable. Sa précarité n'a rien à envier à celle de la compagnie qui l'a engagée. J'ai entendu à plusieurs reprises lors de débats ou rencontres pro que l'intermittence permettra de consolider un poste d'emploi aidé à terme. C'est du délire! Le chargé de diff. n'a pas le temps de se former. Il pallie souvent un vide dans le structure et devient vite chargé de diffusionproductioncommunicationsecrétairecomptablerégisseurgénéralgraphistedéveloppeurwebchasseurdesubventionsjenpasseetdesmeilleures... Ce profil de poste n'est pas repris dans la nomenclature de pôle emploi. Et tout cela à 800 € par mois !

Comment envisager un avenir dans ces conditions, que ce soit pour le chargé de diffusion ou pour la compagnie?

Le CUI-CAE ne peut pas se former correctement (beaucoup sortent d'écoles - généralement master1 ou 2 en développement culturel, peu ou pas de pratique), ils ne peuvent pas se construire un vrai carnet d'adresse personnalisé et efficace, c'est à dire son outil de travail qu'il faut des années pour bâtir. Il faut faire vite, donc on pare au plus pressé: un mail sur la liste Rue qui sera dans le meilleur des cas lu distraitement par les quelques programmateurs qui finissent par se désinscrire, des envois d'e-mail sur un répertoire pas toujours à jour de festivals... Les plus chanceux pourront tenter de contacter les villes où la compagnie s'est déjà produit par le passé... Ce n'est pas par paresse (pas toujours): tout cela demande une dépense d'énergie qui ne rapporte pas grand chose car elle se disperse dans les limbes.

Voilà ceux que les programmateurs ont en face d'eux pour construire leur saisons ou leurs événements! Et on parle de leur désertion?

Tout cela est sclérosant! La rue est malade en effet...

Toujours le manque de moyens. On a une économie, un modèle social à réinventer.

Le système de subventions n'est plus adapté: il manque un maillon essentiel de transfert des charges à moyen ou long terme pour consolider l'emploi. Il faut rendre des comptes, on détourne pour le fonctionnement (le long terme) des subventions destinées à l'aide au projet (le court terme). C'est du bricolage, les subventions tombent à contre-temps et encore une fois, on n'a pas la trésorerie pour supporter l'attente... quant au refus d'une subvention, il est une menace permanente, une épée de Damoclès. Combien de compagnies construisent ainsi leurs fondations sur des sables mouvants?

Le spectacle ne se vend pas à sa juste valeur. Face à la profusion d'offres non structurées, il y a un véritable dumping. L'urgence oblige parfois (souvent?) à accepter des conditions indignes et non viables qui créent une baisse structurelle du prix des cessions. Les compagnies sont maintenues sous pression et sont du coup pressurées. Les organisateurs souffrent autant que les compagnies de la diminution des budgets. Et voici que se pointent les appels d'offres et les règles des marché publics qui demandent à nos chargés de diffusionproductioncommunicationsecrétairecomptablerégisseurgénéralgraphistedéveloppeurwebchasseurdesubventionsjenpasseetdesmeilleures de sortir de l'ENA pour remplir les dossiers...

La mutualisation des postes de gestion (structurants) est un outil présenté comme une panacée. Ca tombe bien, puisqu'on est malades! Mais là encore, on ne dispose pas des outils d'accompagnement et ce n'est pas facile de mutualiser un poste. Il y a pourtant un potentiel de construction d'emplois considérable avec d'énormes économies de fonctionnement à réaliser.

Et quand il s'agit de mutualiser la production à grande échelle comme je le fais avec Hempire Scene Logic, Je me prends tout le monde sur la gueule (administrations, caisses sociales, syndicats...) au prétexte inepte que je ferais en fait du "portage salarial illégal", alors que mon asso contribue à la consolidation des carrières et des compagnies en proposant dès le début un environnement très professionnel et un accompagnement efficace... A écouter mes détracteurs, ça fait près de 10 ans, 3 licences et 8 contrôles en tous genres (sociaux, fiscaux...) que l'on est dans l'illégalité. Pas très futés les contrôleurs!

La formidable (et sans doute unique dans le monde) liberté de créer une compagnie dont on dispose en France n'est pas assortie de l'encadrement qui permet d'accompagner les projets pour les viabiliser les structures à terme. J'ai essayé timidement de voir ce qui pouvait être construit en Nord PdC avec la DRAC. Mon association était prête à mouiller la chemise. Je laisse tomber (pour le moment du moins): "cela n'entre pas dans le cadre de la mission de la DRAC". A quoi ça sert alors d'avoir des délégations du ministère en région si structurer le spectacle vivant n'entre pas dans leurs missions? J'attends un vrai changement de politique, j'espère qu'on en laissera le loisir au nouveau gouvernement.

Construire, structurer, s'adapter... Je ne parle pas d'avoir toujours plus de moyens (des sous, des sous!), je parle de mettre les moyens dont on dispose aux bons endroits. Je parle de remplacer les lourdeurs administratives par des partenariats reposant sur la confiance. Il n'est pas impossible que l'on fasse des économies à terme, aux dépends de ceux qui se goinfrent en temps de crise sans doute! Je parle aussi de la reconnaissance et de la valorisation par les pouvoirs publics de ce que l'on apporte comme richesses pour que ces pouvoirs publics mettent intelligemment des moyens à disposition, comme un investissement et non pas comme des aides à fonds perdus (plus ou moins teintés d'arrières pensées politiques).

On a des idées, des outils (dont les CNARs qui sont pour toi Pascal les fossoyeurs de la Rue, la Fédé, Hors les Murs, la liste...), des moyens (et oui!). On revendique 1000 compagnies créatives. Il y a de vrais auteurs (et une réflexion sur l'écriture). Les murs qui enfermaient le théâtre ou la musique de la rue sont en papier Japon et leur porosité est source de création et d'innovation.

Il n'y a jamais eu autant de possibilité de communiquer sur ses spectacles. Internet, réseaux sociaux... Les outils informatiques permettent à toute personne motivée, un peu créative et travailleuse de construire des outils de communication qui étaient il y a peu l'apanage de quelques structures fortunées. Jamais la chaîne graphique a été aussi accessible. Le tout est de faire bon usage de ces moyens, ce qui ne passe pas forcément par la quantité (qui asphyxie les programmateurs).

Le public est présent comme jamais. Ce public qui en a marre de cette "culture" télévisuelle prédigérée destinée à fournir des cerveaux lobotomisés aux annonceurs qu'on leur offre. Il est réactif, exigeant... La rue crée une proximité sans égal avec le public. En ces temps de crise, la rue est un des lieux de culture qui reste accessible à tous. J'ai renoncé à un concert de Lou Reed que j'adore pourtant face aux 88 euros qu'il fallait débourser par place à l'Aéronef !

Il manque sans doute une mobilisation de beaucoup. Combien de compagnies ne sont pas inscrites à la Fédé, relai pourtant essentiel de cette capacité de mobilisation? Je ne sais pas si tout le monde réalise le boulot qui est abattu, mais on a besoin du poids des mille compagnies que revendique la rue (de leurs cotisations aussi, avouons-le).

La rue qui a vu naître KKhuète ou l'Unité est peut-être morte (je ne m'inquiète pas pour vos compagnies), mais si on accepte de dire que ce système a vécu et que les règles ont changées, la guérison n'est peut-être pas si lointaine et douloureuse...

Il faut peut-être accepter de dire que ce n'est pas uniquement à cause des programmateurs si tout va mal car sans le consentement du malade, il sera dur d'établir un véritable diagnostic.

@+

Thierry

Le 05/06/12 13:05, Pascal a écrit :
">
La rue est malade.

Le Steph Albédo a raison et le pire c'est qu’apres tous ces appels au secours depuis 2 ou 3 semaines sur la liste je n'ai pas lu une seule réaction des personnes suceptibles d'apporter une réponse ou un début de solution à ces questionnements vitaux pour la profession.
A savoir les programmateurs, ils sont où les mecs qui font la pluie et le beau temps ?
Oui c’est vrai ils ont désertés la liste rue depuis belle lurette, une poignée sont encore inscrits à celle de la fédé certes une poignée seulement mais la liste rue est celle qui reflète l’état de la profession, celle ou les débats sont posés.
Se couper de la base est un symbole fort d’aveuglement du pouvoir et d’autosatisfaction personnel, c’est le début de la fin en général.
J’ai écrit à la fin du bouquin Cacahuete
“Aujourd’hui 2 fevrier 2005 à midi je déclare l’histoire des arts de la rue terminée”
C
ette date est l’annonce officielle de la création des CNAR et du temps des arts de la rue chez Lieux Publics à Marseille par le ministre Donadieu De Vabres.
L’histoire à n’en pas douter confirmera cette déclaration au même titre que les CDN et les CCN ont largement contribué à cliver leurs domaines artistiques respectifs et à fabriquer des seigneuries et des serviteurs à leurs bottes.

Aujourd’hui nous avons dans les arts de la rue d’un coté les petits roitelets de province décisionnaires d’à peu prés tout ce qui importe y compris de qui à le droit de passer en off et de l’autre ceux qui se battent avec 3 francs 6 sous dans leur coin et la démerde.

Et comme je pense qu’il n’y a aucune raison objective de penser que cela va changer dans un avenir proche, nous allons vers la fin de l’Histoire.

Pascal Larderet Cacahuete




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