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[rue] Edito Revue "Mouvement"


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  • From: Franck Halimi < >
  • To: Liste Rue < >
  • Subject: [rue] Edito Revue "Mouvement"
  • Date: Wed, 4 Jul 2012 22:23:15 +0000
  • Importance: Normal

Salut, c'est Franck de Bourgogne.

Ce message pour vous informer que l'édito de Jean-Marc Adolphe pour le dernier numéro en date de la revue "Mouvement" parle des intermittents et précaires.

Voir ci-dessous.

Voili.

Ami calmant.


@+ Franck de B.

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"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple,
le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."
DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN - 1793
Article 35.

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Les festivals, par intermittence
L’éditorial de Jean-Marc Adolphe

En 2003, le mouvement des intermittents avait conduit à l’annulation des principaux festivals de l’été. Neuf ans plus tard, de nouvelles attaques se profilent contre le régime d’indemnisation chômage des professionnels de la culture. Avis de perturbations à venir ?

"J’ai entrepris d’endormir, pour être tranquille. Je laisse le bébé à mon successeur, qui sera très heureux de s’en occuper."
 Ainsi s’exprimait Frédéric Mitterrand, au micro de France Inter, le 12 mai dernier. Le bébé en question, du genre encombrant, c’est le dossier des intermittents, bête noire des ministres de la culture, qui coûta en 2003 son avenir gouvernemental à Jean-Jacques Aillagon. Cette année-là, on s’en souvient, la réforme de l’indemnisation chômage des artistes et techniciens du spectacle et de l’audiovisuel, engagée au sein de l’Unedic par le MEDEF et la CFDT réunis, provoqua un conflit social avec lequel sombrèrent les principaux festivals de l’été. Après des mois de guéguerre et d’actions spectaculaires, menées notamment par la Coordination des Intermittents et Précaires et par la CGT Spectacle, la réforme fut entérinée.

Le durcissement des conditions d’accès au régime de l’intermittence aurait entraîné, depuis lors, l’exclusion de plus de 30 000 bénéficiaires, et pourri la vie de tous les autres, d’autant que Pôle Emploi (cette formidable usine à gaz née de la fusion de l’ANPE et des Assedic) semble s’ingénier à égarer des dossiers, à chicaner sur la définition des emplois (ainsi, les heures d’enseignement, d’animation d’ateliers, sont-elles
 a priori considérées comme suspectes), et autres joyeusetés du même acabit. Pour réussir à frayer un chemin dans cette jungle administrativo-bureaucratique, la Coordination des Intermittents et Précaires d’Ile-de-France vient d’éditer une précieuse brochure : "
Les règles de l’indemnisation chômage des intermittents du spectacle. Les comprendre pour se les approprier et les faire appliquer

Rappelons qu’en 2003, l’objectif conjointement avancé par l’Unedic, le MEDEF et la CFDT (et complaisamment repris par le ministère de la Culture) était de réduire le « déficit » des annexes 8 et 10 de l’Unedic, qui régissent le statut de l’intermittence. La belle affaire : ce « déficit », estimé à l’époque à 700 millions d’euros, serait aujourd’hui passé à un milliard ! En ces temps de rigueur à peine dissimulée et de réduction à la hache des « déficits publics », l’intermittence est à nouveau dans le collimateur. De nouvelles négociations sur l’assurance-chômage étaient prévues en septembre 2013. Des informations concordantes font état d’un avancement du calendrier à septembre 2012. Bras zélé du Medef, Le Figaro a donné le ton le 6 juin dernier, avec un texte d’Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation
iFRAP (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publique), dénonçant le « scandale du financement des intermittents » et appelant « le nouveau gouvernement à avoir le courage de réduire les indemnités chômage de cette catégorie professionnelle ». Certains syndicats annoncent d’ores et déjà des actions et perturbations pendant les festivals de l’été 2012.

Comme promis par Frédéric Mitterrand, Aurélie Filipetti risque donc d’avoir très bientôt sur la planche le pain pas bénit de l’intermittence. Le hic, c’est quelle que soit sa bonne volonté et sa détermination, elle n’y pourra pas grand-chose… Elle pourrait d’ailleurs reprendre un joli slogan inventé par les intermittents en 2003 :
 « Tout(e) seul(e), je ne suis pas assez nombreux. » En d’autres termes, comme ce fut déjà le cas en 2003 – où le sort des intermittents avait été in fine décidé par Jean-Pierre Raffarin et François Fillon (1) – le dossier de l’intermittence ne saurait relever du seul ministère de la Culture. Et hors tout corporatisme, cette question ne sera résolue que si l’indemnisation chômage de toutes les formes du travail discontinu fait l’objet d’un vaste examen législatif. En 1969, lorsque les fameuses annexes 8 et 10 ont été instituées, l’intermittence était encore une « exception culturelle ». Aujourd’hui, de CDD en contrats d’intérim, d’emplois précaires en chômage subi, le travail discontinu est devenu une réalité qui concerne de très nombreuses branches d’activité.

Dans un rapport préparatoire au Ve Plan, une commission présidée par Jean Boissonnat avait rendu ses conclusions et préconisations sur « Le travail dans vingt ans » (publié sous ce titre aux éditions Odile Jacob). C’était en… 1995, il y a donc quasiment vingt ans. Les propositions de ce rapport auraient mérité d’être étudiées, débattues… Elles ont fini au fond d’un tiroir. Aurait-il été trop difficilement, politiquement, d’envisager les réponses à donner aux mutations de la « valeur travail » ? Que cela serve de leçon : ce qui se paie aujourd’hui (et dont ce sont toujours les plus fragiles qui font les frais), ce sont les lâchetés d’hier…



  • [rue] Edito Revue "Mouvement", Franck Halimi, 05/07/2012

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