Merci Laurent de m'offrir la parole,
je ne l'aurais pas fait sinon (pudeur mal placée certainement)
Hier on a enterré l'homme, André Steiger... j'y suis pas allé j'avais rendez-vous avec la ville pour des subventions pour ma prochaine création...
jusque dans
sa mort, il m'oblige à prendre des décisions, jusqu'à la fin ça à été mon "maître" à penser, de théâtre, dramaturge, etc.
Un grand monsieur... un brechtien pur souche !
(il n'aime la traduction "distanciation"... la sienne était meilleure de traduction... je l'ai oubliée)
Celui autour duquel et à cause duquel les "Batteurs de Pavés" se sont formés...
Un homme de théâtre,
un homme du théâtre. Il a commencé très tôt... à 16 ans il est à Paris, 3 personnes parlent à côté de lui, il ne comprend rien mais il prend les références des livres nommés, les lits la nuit et revient jour après jour. A côté de lui ? la légende veut qu'il y eût Simone De Beauvoir, Artaud, Kafka... mensonge réalité... qu'importe !
Il traduit Brecht en français parmi les premiers, il met en scène sur de la musique contemporaine les textes de Ferré, avec Léo à côté de lui... il traîne avec les situationnistes, mais de loin c'était pas un homme courageux visiblement.
Il monte, dans une cave parisienne, Les Paravents de Jean Genet pendant la guerre d'Algérie, alors que le texte est interdit ! Il tient des théâtres importants en
France...
Ces temps on finissait une longue discussion. Il disait, il y a 15 ans que le théâtre de rue n'était pas du théâtre ou de l'art, car la rue ne se théorisait pas. Pour lui, pas d'art sans théorie de l'art, par d'art sans l'intelligence de savoir ce qu'on est, ce qu'on fait, d'où l'on vient, pourquoi est-on là, à qui parle-t-on, etc... Je lui disais, depuis tout ce temps, que le cri des arts de la rue était un cri primordial de création brut, sauvage, essentiel, la base de la création ! On n’était pas d'accord.
Et lorsqu'un maître absolu de la dialectique vous prends en duel... bref j'ai souvent perdu... mais c'était tellement bien...
Et dernièrement je l'ai appelé pour lui dire que la rue se définit, se théorise depuis quelque temps... Lui, qui affirmait (provocateur perpétuel) ne pas aimer la rue, je l'ai entendu dire qu'il regrettait de ne plus pouvoir sortir de chez lui pour venir nous voir.
Annoncé mort dans un dictionnaire de théâtre lorsqu'il part en Suisse... cette fois c'est pour de bon. La vieillesse à gagner... mais son esprit jusqu'au bout était aiguisé, curieux, généreux, ouvert, amoureux. Jusqu'au bout il a formé des gens, des comédiens, des metteurs en scène, mais du public surtout...
Vendredi hommage lui sera rendu au Théâtre St Gervais à
Genève... (pendant que je joue ailleurs... encore)
Putain Dédé t'as un paquet d'artistes sur la conscience... j'espère qu'il y a un paradis pour les rouges au drapeau noir... un bout de nuage de fumée de cigares sans flics, sans état, sans cons, un vrai lieu d'art et de connaissance...
Ces lignes ne sont pas suffisantes pour parler de cet homme... elles sont écrite trop vite, sous le coup de l'émotion, merci néanmoins d'excuser les fautes, la naïveté, les facilités, les raccourcis, et merci d'avoir lu ce mot là !
manu moser
les batteurs de pavés
S'il te plait Manu raconte-nous André Steiger
pour
ceux qui ne le connaissaient pas
pour qu'il vienne aussi dans notre panthéon
pour que sa mémoire circule
pour que la mort ne mange pas tout
tu veux bien ? dis ?
nous raconter l'homme ?
Le 29 août 2012 12:48, Manu Moser
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> a écrit :
merci... je continues de trouver la mort nulle... c'est plus fort que moi
Le 29 août 2012 à 11:06, laurent driss a écrit :