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[rue] Nous sommes (dans) le monde


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  • From: Franck Halimi < >
  • To: Liste Rue < >
  • Subject: [rue] Nous sommes (dans) le monde
  • Date: Mon, 10 Sep 2012 08:00:32 +0000
  • Importance: Normal

Salut, c'est Franck de Bourgogne.

Pour info, je vous prie de trouver ci-dessous le contenu de 2 articles concernant les intermittents du spectacle dans Le Monde daté du 9 septembre.

Il m'apparaissent intéressants à plus d'un titre.

Sinon, je m'autorise à dire que je trouve les échanges dominicaux de Jacques L., Laurent D. et Gaël L. très stimulants : ils creusent à un endroit où la terre a trop longtemps été laissée en jachère et où, effectivement, elle mérite d'être retournée.

Enfin, grand salut (con)fraternel à Fred R., dont j'ose espérer que, libéré du fardeau de sa croix, le chemin à venir sera moins escarpé... 

Voili.


Ami calmant vôtre.


@+ Franck de B.

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"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple,
le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."
DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN - 1793
Article 35.

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LES CHANTIERS DE LA CULTURE (6/7)
Régler le problème des intermittents sans avoir voix au chapitre

Le brûlant dossier sera de nouveau sur le tapis en 2013

Les mots bleus qui rendent les intermittents heureux, c'est Aurélie Filippetti qui les prononce, depuis son arrivée Rue de Valois. Invariablement, la ministre de la culture prend la défense de l'assurance-chômage des artistes et des techniciens du spectacle, un dispositif plus favorable que le régime général, censé compenser la précarité de l'activité artistique.

Si ce dossier relevait du ministère de la culture, et de lui seul, alors les quelque 100 000 allocataires (106 610 en 2010) des annexes 8 (techniciens) et 10 (artistes) de l'Unedic pourraient souffler... " Ce régime d'assurance-chômage, spécifique, n'est pas un système pour les privilégiés, mais pour des gens précaires ", répète la ministre dès qu'on l'interroge sur le sujet.

Pour en bénéficier, les artistes doivent réaliser 507 heures de cachets en dix mois et demi, et les techniciens, 507 heures en dix mois. S'il faut " renforcer les contrôles et limiter les abus ", ajoute-t-elle, il ne faut pas que " quelques dérives aboutissent à stigmatiser tout un dispositif ". Car celui-ci, malgré ses imperfections, permet à des compagnies, à des théâtres et à des festivals d'exister, donc crée de l'emploi, attire des touristes qui, à leur tour, font tourner l'économie. La ministre connaît la ritournelle.

Peut-être veut-elle faire oublier, aussi, les effets dévastateurs du rapport à charge contre les intermittents, présenté en février 2012 par la Cour des comptes, présidée par un certain Didier Migaud, socialiste. Le rapport préconisait de faire basculer les techniciens dans le régime des intérimaires, l'annexe 4 de l'Unedic, aux conditions d'accès plus restrictives... Aurélie Filippetti réplique, s'étonnant que l'on puisse " créer un fossé de classe entre les techniciens et les artistes "" Un spectacle, c'est un travail collectif. Comment imaginer que l'éclairagiste soit moins bien loti que le danseur sur le plateau ? " Enfin, plutôt que d'agiter " le chiffon rouge " du déficit des annexes 8 et 10, qui dépasse 1 milliard d'euros, elle préfère souligner un autre chiffre : " Le montant des sommes reversées aux intermittents - soit 1,2 milliard d'euros - ne représente que 3 % du total des indemnités reversées à tous les salariés. "

La Coordination des intermittents et précaires (CIP), très en pointe depuis le conflit de 2003, qui avait abouti à l'annulation du Festival d'Avignon, ne peut qu'applaudir... Mais il faut bien redescendre sur Terre : ce n'est pas le politique qui tranchera ce dossier ultra-sensible : ce sont les partenaires sociaux (Medef, CFDT, CGT-spectacle...) qui vont devoir, en 2013, dans le cadre de la renégociation de l'assurance-chômage, régler les curseurs, déterminer le fameux salaire journalier des intermittents, le nombre de jours indemnisables, bref réformer le protocole de 2003 qui n'a pas atteint l'objectif essentiellement affiché, à savoir la réduction du déficit, 1,010 milliard d'euros en 2011, dernier chiffre de l'Unedic non encore publié (1,031 milliard en 2010).

Avec ses mots, Aurélie Filippetti entend montrer que le politique est là, et veille au grain. Mais pas trop quand même, prévient-on à l'Elysée : " Nous sommes d'accord sur les objectifs, et François Hollande a rappelé son attachement au régime des intermittents, cet été, à Avignon. Mais attention, si le gouvernement intervient trop, cela peut nous revenir comme un boomerang. Les partenaires pourraient nous dire : eh bien, financez-le vous-mêmes, le régime des intermittents ! ", explique-t-on dans l'entourage du président de la République.

C'est sur ce chemin de crête que la majorité de gauche prépare le terrain. Une idée a vu le jour : le député socialiste Patrick Bloche, nouveau président de la commission des affaires culturelles, a proposé de créer une mission d'information parlementaire sur l'emploi culturel. " Plutôt que de compter les mois, travaillons en amont, allons au-delà d'une simple vision comptable, évaluons le système, soyons plus forts avant le débat ! ", précise Patrick Bloche.

La mission est présidée par un élu UMP, Christian Kert, son rapporteur est un socialiste, Jean-Patrick Gille, issu de la commission des affaires sociales. " Nous allons commencer les travaux fin septembre. Dans un premier temps, nous allons mener des auditions, écouter les propositions des uns et des autres. Nous rendrons les propositions aux alentours de mars 2013 ", indique Jean-Patrick Gille.

Il y a du matériel. Les pistes de réforme commencent à circuler. Faut-il moduler les cotisations des employeurs selon leur recours plus ou moins vertueux à l'intermittence ? Faut-il plafonner les indemnités journalières des intermittents bénéficiant des revenus les plus confortables, pour rendre le dispositif plus équitable ? Le protocole alternatif défendu par la Coordination des intermittents, revenant à un système mutualiste (507 heures en douze mois), va ressortir des tiroirs.

De quoi faire frémir le Medef et la CFDT ? Interrogé par Le Monde, le secrétaire général adjoint de la confédération, Laurent Berger, choisit ses mots, lui aussi. " Que ce soit bien clair, il est hors de question de toucher aux annexes 8 et 10. Cela dit, ce n'est pas aux salariés du privé de financer le déficit généré par les intermittents. Il faut que l'Etat et les entreprises du secteur prennent leur part. " Le pavé est lancé, mais le ton n'est déjà plus le même qu'en 2003.

Clarisse Fabre
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A Pôle emploi, portraits d'artistes avec têtes de fraudeur

IL Y A LES GRANDS CHANTIERS... et aussi les petits chantiers qui peuvent paraître à première vue secondaires, et qui transforment pourtant la vie quotidienne. Celle des intermittents du spectacle s'est passablement détériorée ces dernières années.

Est-ce le climat politique, la complexité croissante du régime de l'intermittence, le manque d'information dans les antennes de Pôle emploi ? Beaucoup d'artistes et de techniciens le constatent : parfois, il ne suffit plus de détenir les contrats de travail de ses employeurs successifs, ni de réunir les " 507 heures ", pour ouvrir un droit à l'assurance-chômage.

Ils se gardent bien de généraliser ou de jeter la pierre à quiconque. Il s'agit avant tout de témoigner. Car il reste encore un an avant que la renégociation des annexes 8 (techniciens) et 10 (artistes) ne démarre... Certains observateurs estiment qu'il suffirait d'une directive ministérielle ou de quelques textes bien ciblés pour " changer la vie " de milliers d'intermittents.

Dans sa " tour de contrôle ", Christine Nissim observe la situation depuis des années. Cette ancienne comédienne, actuellement administratrice d'un établissement culturel en banlieue parisienne, assure des permanences à la Coordination des intermittents et précaires d'Ile-de-France (CIP-IDF). Au-delà de son militantisme, depuis neuf ans, la Coordination est devenue objectivement le lieu d'expertise du protocole signé en 2003, lequel avait complètement bouleversé la logique d'indemnisation et déstabilisé la profession.

Christine Nissim fait partie de ceux qui ont piloté la rédaction du manuel intitulé Les Règles d'indemnisation du chômage des intermittents du spectacle. Les comprendre pour se les approprier et les faire appliquer - téléchargeable sur Internet. Le titre en dit long. Des gens défilent dans son bureau, ceux qui n'habitent pas à Paris lui exposent leur cas dans un courriel. Christine Nissim a une " vue panoramique ", comme elle dit." Si je devais résumer, je dirais qu'il faut arrêter de considérer les intermittents comme des fraudeurs en puissance. Et cesser d'interpréter les textes dans un sens restrictif. "L'une des tendances lourdes, souligne-t-elle, consiste à faire basculer un peu vite un intermittent dans le régime général, moins favorable, tout particulièrement lorsque son dernier contrat, avant d'arriver en fin de droits, relève du régime général.

Parfois, l'atmosphère est kafkaïenne. Cela donnerait presque des idées de spectacle. Deux chanteuses lyriques présentent leurs cachets. Elles ont été embauchées par un évêché pour chanter dans une église. " L'agent a estimé qu'une messe n'est pas un spectacle. " Un musicien ayant donné des cours dans un conservatoire fait valoir son contrat. Son employeur a simplement écrit : " enseignant vacataire "" Qu'est-ce qui nous prouve que vous êtes musicien, que vous n'avez pas enseigné la cuisine ? " A chaque fois, il faut faire preuve de pédagogie, ou apporter le texte réglementaire qui manquait pour instruire le dossier. " Souvent, les agents de Pôle emploi ne disposent que d'un condensé des textes applicables, une sorte de Reader's Digest ", déplore Christine Nissim. Même dans les antennes spécialisées dans le spectacle, précise-t-elle.

Cl. F.

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  • [rue] Nous sommes (dans) le monde, Franck Halimi, 10/09/2012

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