Liste arts de la rue

Archives de la liste Aide


Re: [rue] réponse mijotée à Jacques Livchine


Chronologique Discussions 
  • From: JL des Goulus < >
  • To: Jacques Livchine < >, Liste Liste rue < >
  • Cc: liste nationale fédé rue < >
  • Subject: Re: [rue] réponse mijotée à Jacques Livchine
  • Date: Wed, 19 Sep 2012 12:10:01 +0100 (BST)
  • Domainkey-signature: a=rsa-sha1; q=dns; c=nofws; s=s1024; d=yahoo.fr; h=X-YMail-OSG:Received:X-Mailer:References:Message-ID:Date:From:Reply-To:Subject:To:Cc:MIME-Version:Content-Type; b=NGbCdsZwLD/EgQLDvCdSThYLp7rVnCIrtsco9I3N2Z3Ga+DXPGNCUG7S3XyIyhsccznAJ7MsnHhsHnvaqJFs7obRTCoCoW6+Hg06aY1ZTThDaTT8YRuLwIAddelDwae6xP45MyvvFQU5OVnSRNYOLH7fxvd8N0MzkYQBmJnAcI8=;

- Ici, Vieux Fielleux de la tribu des Libertaires en voie d'extinction qui se laisse parfois aller à déguster les réflexions et les sentences de vieil Egocentrique de la tribu des vieux filous à talents multiples. Juste quelques commentaires, quelques réflexions sur ce que vous écrivez, Monsieur Jacques.

Vous écrivez : " Bien sûr qu'Avignon IN, ce n'est pas populaire du tout, c'est le royaume de l'entre-soi, des professionnels, les propriétaires des résidences secondaires du Lubéron, les profs à la retraite avec un gros pouvoir d'achat (ils ont tous acheté des baraques, quand on pouvait encore) ."
- Alors que dans le réseau des arts de la rue, il n'y a pas de royaume de l'entre-soi, pas de professionnels, pas de familles ? Dans le public de Chalon ou d'Aurillac, il n'y a pas  40% de personnes de l'éducation nationale ?

Pourquoi vouloir être populaire  ?  Je réponds  que lorsque l'assistance n'est pas monocorde, n'est pas  uniforme, les représentations sont meilleures. 
Le théâtre ne peut pas se passer du peuple, il est né populaire, pour la cité toute entière, il doit rester populaire .
Quand tu joues par contre devant le flic municipal, la postière, le syndicaliste, la caissière du supermarché, le professeur agrégé, le spécialiste de théâtre, deux ou trois élus,  une dizaine d'enfants, les garçons à casquettes renversées, une femme voilée, le pasteur du coin, la vendeuse de fromages du marché, et des gens qui ne sont jamais allés au théâtre de leur vie,  il y a une sorte d'écoute contradictoire, les perceptions se mélangent, certains rient , d'autres pas, les différentes réactions finissent par former un cocktail étrange, le théâtre joue son vrai rôle social. Les dédiés, les mimis, les bobos, doivent être dans l'assistance.
- Totalement d'accord !

Cela arrive dans des villages où toute la population se retrouve.
- Est ce que ça arrive ? Oui, par exemple dans le festival "Détours en Tournugeois", festival initié et organisé par Colin Bosio (de la fanfare du Kikiristan), qui tente depuis 4 ou 5 ans de faire exister ce festival dans une ville de 8000 habitants et dans les villages environnants. Il en chie grave... pas à cause du public : les villageois, les bénévoles, le public est là, mais à cause des élus qui traînent les pieds pour donner 10 francs 6 sous en amont afin qu'il organise le festoche. On joue dans des bleds de rien, avec même pas 500 habitants, et le Maire, toujours le Maire renâcle à les lâcher. Et pourtant, il fait de son bled isolé un pôle culturel et attractif pendant toute une journée, blindé de monde et de l'ensemble des habitants, ou la convivialité l'emporte sur tout le reste. Et ce con renâcle et lâche en pleurant 500 malheureux euros ! Le Maire PS de Tournus, au lieu d'aider le festival à exister et à se pérenniser, ne trouve rien de mieux que d'organiser, via une boîte de prode de Paname, un nouveau festival "clé en main" pour 15 000 balles de "chansons françoises" et d'ouvrir les bras à un MacDo à Tournus.... (J'te dis pas ce qu'il entend en ce moment dans les réunions).
Le problème du nouvel élu (ou qu'il soit) est de marquer son mandat, de laisser une trace.... Donc, il défait ce qui à exister pour monter le "machin" dont il espère un retour sur investissement.... On peut gloser des heures sur l'incompétence des "nouvelles équipes municipales et autres...", c'est ce qui fait que dans les pays africains, les gens préfèrent toujours le vieux dictateur au jeune dictateur " Entre le vieux crocodile et le jeune crocodile, toujours choisir l'ancien, parce que le vieux crocodile a déjà mangé alors que le jeune crocodile a faim"
- Et à propos des élus, lorsque vous écrivez dans un mail plus récent : "et d'un seul coup Joël Lécussan, directeur artistique lâche une bombe. Il fait ses adieux dans une réelle émotion. On comprend tous qu'il est sur siège éjectable, et que toutes les félicitations qu'il a eues pour avoir eu Royal ne sont qu'hypocrisie, puisqu'ils sont tous prêts à s'en séparer, si j'ai bien compris. Tous au PS bien sûr.  Si seulement les moeurs pouvaient un peu changer... ", je ne peux qu'opiner du bonnet, tant les exemples de programmateurs, de directeurs artistiques, de responsables de la culture sont trop souvent tributaires des désidérata des élus. Les placardisés ont été et sont légion dans le domaine, De Mr Sélitzky à Niort à Mr François Plumet à Elancourt, de Mr Chauniac à Bagneux à Patrick Descheneaux à Arcachon...etc. Des années d'attente dans le placard pour rebondir avec une éventuelle nouvelle équipe municipale ou pour attendre la retraite. Bien sûr qu'il est bon que les postes ne soient pas inamovibles et qu'il faut du mouvement perpétuel, mais quelle brutalité parfois dans le désir soudain des élus de changer leurs collaborateurs culturels. Quelle solution ?


 je suis allé voir Baffie au Palais Royal, là il n'y avait que des informaticiens fatigués de leur écran, venant se bidonner à n'importe quelle vanne minable. Horrible.
- Même avec une invitation, j'y serai pas allé... et je ne suis pas le seul ! Mais qu'allais tu faire dans cette galère ? C'était une invite Télérama ?

Aurillac est de moins en moins populaire, même si ça reste encore familial, il y a des festivaliers et peu de population, mais dans les rues il y a tout un public qui vient taire la fête, sans se soucier ni du IN , ni du Off,  ils boivent et s'amusent, le festival n'est qu'un prétexte.
- Bin oui... Aurillac : Festival International des Arts de la rue, avec même PAS UNE COMPAGNIE ETRANGERE en IN. Baléze ! Perso, j'ai adoré (et j'y avais pas mis les pieds depuis 5 ans). Quand t'en as rien à foutre du tout, des rendez vous, du résultat, que t'évites les endroits à VIP, le bar à Champagne, et que tu rencontres tes potes, que tu te limites à un secteur, j'te jure tu t'éclates. T'entends que les rumeurs, et les avis des uns et des autres, c'est cool : Adhoc cartonne, le pestacle des Haïtiens sur les poésies de Michaud cartonne, l'opéra de la Cie Off cartonne, le Royal, Klompex, et je ne sais plus qui ne cartonnent pas... En fait, on s'en fout, on est dans un autre monde.... On va voir des potes dans les différentes cours (bretonne, marseillaise...) et c'est cool ! On cherche les OVNI et on les trouve au coin d'une rue ou d'une cour (Lucie B. et son expérience à Tchernobyl, les 3 Jacques et leurs improvisations chantées, les Tout de Suite et leur tour de chant "cul", et d'autres encore). On partage, on expérimente des trucs (combats de fanfares avec au moins 10 compagnies différentes), Alex de Makadam Kannibal en Guest Star des Horsemen... On chie sur l'orga pourrave d'Aurillac, mais tout le monde dit que Sarah est super, et que depuis toujours le JMS n'en a rien à foutre du Off. Que les préalables, c'est pour éviter la pénibilité du festival aux Huiles, et qu'en plus, les bleds paient le IN... Enfin, on en dit des trucs et les oreilles de Jean Marie doivent siffler comme les oreilles de Madonna lors de son concert au Stade de France... mais on dit tellement de choses et de bêtises, et on est tellement content de se retrouver ensemble. ça c'est la force de Aurillac !
Et puis OUI cette année, il y a moins de monde sur les festivals... notable sur Chalon et Aurillac, mais aussi notable ailleurs et cette désaffection pénalise parfois lourdement des festivals qui font payer un droit d'entrée modique : c'est le cas des Monts de la Balle dans le Forez, mais aussi le cas de Pougne-Hérisson qui se retrouve avec 160 000 euros de déficit. Les deux festivals ont lancé des campagne de soutien (pour ceux que ça intéresse).


A l'époque de Vilar, les comédiens du IN allaient rendre visite aux entreprises du coin, je me suis trouvé à l'électro-réfractaire, les CE vendaient des places pour le festival, mais c'est terminé. Les CE s'en tiennent  sur le plan culture à organiser  des voyages à prix réduit à Disneyland. 
- ça fait quelque vingt ans que c'est comme ça.... Hélas ! Et on se plaint que le syndicalisme recule.... "Le rôle de l'économie, c'est de libérer l'homme du travail" Purée, on en est loin !


Le public populaire il est au Géant Casino le samedi après midi, il est à la fête de l'Huma, il est dans les campings, au marché de Malakoff. Mais dans tous ces lieux, ils se fichent bien du théâtre, j'ai fait des essais tous ratés.
Nous venons de jouer avec les Haïtiens à une fête d'Audincourt, dramatique, huit personnes qui jouent pour huit personnes du public.
Mais je ne suis pas pessimiste, les rues extraordinaires que nous faisions touchaient un public vraiment populaire. Le Tchekhov  dans les villages c'est formidable de voir  des familles de paysans observer ce que l'on fait de leur pré et de leur paille.
- C'est pour ces 3 dernières phrases que mon amour pour toi est grand et éternel !

lls nous demandent un carnaval maintenant,  avec participation des enfants.  Dur. Avec un budget minable.  C'est notre prochain combat, leur dire non. 
- Dire NON est un luxe et une jouissance (surtout quand t'as pas de fric) pour rester fidèle à ses convictions. Le combat n'en est pas vraiment un !

Je rêve parfois de faire des mélanges de public sophistiqués.  Avoir dans un festival des arts de la  rue de la Musique classique ou des petits opéras, mélanger du public bourgeois aux Oua Ouaches,  je voudrais bien que l'on greffe les arts plastiques, dans le temps, les villes s'habillaient de toute une déco, il y a Andrieu qui continue, c'est bien.
- Mais ça existe déjà ! Il y a de tout dans la rue, et c'est ce qui fait sa force... Musique classique, artistes lyriques, plasticiens, bidouilleurs de génie, clowns hors catégorie, mécaniciens de la mort, marionnettistes de toute forme, circassiens, écrivains, intellectuels, ingénieurs, crucifiés, crucifieurs, coiffeurs, danseurs, chorégraphes, plasticiens, vendeurs de cartes postales, récolteurs de phrases, minuscules formes, énormes formes, vieux, jeunes, il y a de TOUT. C'est notre Grande Force. Les Arts de la rue sont les Arts de la Vie. En cela nous sommes attractifs, vivants, nous sommes la vie.... Cette année, j'ai rencontré une ancienne instite belge qui a profité de sa retraite pour faire (dans la rue et dans les festivals) ce qu'elle aime faire : des chapeaux ! C'est ça que l'on ne voit pas dans les IN, cette différence énorme entre nous tous et en même temps ce qui nous rassemble tous. Quand je cause des IN, ça me fout les boules, parce que c'est exactement ce que nous combattons : une hiérarchie, une méritocratie, un qualitatif étudié, un copinage éhonté, les Premières des TGV contre les Secondes de la populace. C'est de la Bourgeoisie. Je donne les moyens à quelqu'un de faire, pendant que l'autre doit se démerder avec ce qu'il a.... C'est insensé et ton combat doit porter là dessus, pas sur ce qui existe déjà. Et j'associe les CNAR et les différents réseaux crées qui cherchent la tune de l'Europe en créant des machins événementiels pas toujours géniaux. Bien sûr j'exagère, les tentatives de collaboration du Fourneau avec les anglais, l'aide de l'Abattoir aux slovènes, tout ça c'est du bon, mais méfions-nous quand même. Comme dans le Théââââtre, c'est le Dossier qui fait la différence.... Blabla bla... Faut trouver autre chose ! ça sert à quoi de faire de la Rue, si c'est le même fonctionnement, moins un ou deux zéro, que le théâtre ?
- Les compagnies prétentieuses ?  _expression_ de JMS... Allons, allons, c'est entrer dans l'Institution. Nous nous fourvoyons en acceptant des codes, au lieu d'imposer les nôtres. Nous ne fonctionnons pas de la même façon, et tes mots, tes phrases, Jacques, le prouvent... Alors, c'est quoi ce merdier ? C'est quoi d'autre que céder à l'Institution que d'intituler "la cour des déambulations", "cour des parades urbaines" ? Plus ridicule, tu meurs. Là, tu peux interpeller sur le travail de la Fédé et surtout t'y mettre... parce que la Fédé, c'est aussi ta pomme !

Je trouve que les fédés devraient se mêler  d'artistique,  faire des propositions aux directions de festival sinon ça va s'endormir , on commence à avoir le phénomène de festivals qui s'imitent eux -mêmes.
- Oui, d'accord, bien sûr..... mais est ce là son rôle ? Tu trouves pas que la régionalisation devient casse couilles ? Chacun faisant son truc dans sa région pour ses troupes de sa région ? On en est là ? A se replier sur soi même parce qu'on est aux abois ? Parce que nul n'est prophète en son pays et que si t'es de la région, t'as aucune chance d'être programmé près de chez toi ?  A part Françoise de Nevers, Morizur, Bosseur au Fourneau, Pedro de Chalon et d'autres quand même.... Oui, c'est pas facile, mais de là à se focaliser dans son coin, ça craint !
Le mélange se fait rare.... Oui, il y a à inventer, mais élargir, élargir, élargir ! C'est marrant que la réputation des français à l'étranger est de systématiquement parler de la politique dans leurs spectacles (on le fait aussi), mais du coup, les spectateurs et autres organisateurs étrangers disent "c'est trop français".  Et si tu trouves que la Fédé devrait .... faire quelque chose, investis toi encore et toujours, comme tu l'es au jour le jour et depuis toujours. Je vote pour toi si tu te présentes à la prochaine Présidence de la Fédé.

Hugues Vieufielleu !


Les GOULUS
34, rue Gaston Lauriau
93100 Montreuil
Tél Bureau : 01 48 58 78 78 (79 pour le fax)
Portable JL : 06 80 73 94 40
mail :











Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.

Top of page