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[rue] libre ou concurrent ?


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  • Subject: [rue] libre ou concurrent ?
  • Date: Thu, 04 Oct 2012 22:22:19 +0200

Salut la rue !


Je vous livre une réflexion, issue d'un nouvel article sur le blog www.lesgrandsmoyens.com : grève du crime... premières

Je m'étais fixé comme objectif de parler du chemin parcouru avec notre nouvelle création. J'en ai enlevé quelques passages, pour ne pas faire semblant d'être dupe de ne pas faire de la vraie publicité. Allez donc le lire sur le blog l'article dans son intégralité.
 
[...]

Mon coach en communication (en fait mon bon et vieil ami et collègue Laurent Decherf) m'a dit : « Surtout, tu dis bien à tout le monde que vous avez tout cartonné : jauge pleine, succès dément, bien au delà de vos attentes, applaudissements assourdissants et interminables, propositions de dates qui frisent avec le doublement de l'équipe ou avec un calendrier de tournée 2013 déjà booké. Comment tu crois qu'ils font, ceux pour qui ça marche ? Ils racontent partout que ça déchire, et alors, même les gens qui n'ont pas vu le spectacle peuvent raconter partout que « c'est vachement bien... il paraît. » Tu le sais déjà Bouèb, tu es trop honnête... »

 

C'est loin d'être faux, mais est ce un défaut ? Ce n'est que ma conduite. Jean-Christophe Baudet (notre Conseillé Théâtre à la DRAC en Bretagne, que j'ai d'ailleurs vu rire, pour la première fois je crois, pendant notre spectacle aux Tombées de la Nuit.) - il me disait l'année précédente, alors que je lui présentait « GREVE DU CRIME » en projet : « C'est étonnant, Bouèb, comme vous faîtes de l'aveu de vos faiblesses avec une grande sincérité. On a envie de vous faire confiance. » Ce comportement franc et naïf semblait donc aussi bien rare dans son bureau.

 

J'ai pu en faire à nouveau l'expérience cet été : à la suite d'un message honnête sur la liste rue (liste de diffusion de mails que partage 1600 professionnels et passionnés des Arts de la Rue), un collègue et néanmoins Président de la Fédération National des Arts de la Rue, me dit, compatissant : « Alors, vous vous êtes plantés à Chalon ? » Mais non, pas du tout ! Sans blague, nous sommes passés tout proche du buzz, mais le spectacle était semble-t-il trop vert (couleur interdite au théâtre), c'est à dire trop jeune pour être victime d'un succès total dépassant tout espoir. C'était la cinquième représentation seulement de la quatrième création seulement d'une jeune compagnie de dix ans seulement. Rappelons ici qu'il serait temps que l'on admette que la création d'un spectacle vivant, qui plus est de rue, n'est pas finalisée avant la vingtième représentation ; et qu'une  compagnie devrait pouvoir émerger avant d'être vieille...

 

C'est là que ma naïveté, recouverte d'utopie, me fait oublier que, malgré un gros capital sympathique, un bon terreau de solidarité et un fort penchant à l'amitié spontanée, le milieu professionnel des Arts de la Rue est sous le joug sans merci d'une concurrence sans limite. Est-ce que la dure Loi du Marché doit dicter aux artistes ce qu'ils doivent faire ?

 

La Main Invisible du Marché indique, pour la réussite d'une Start Up du théâtre de rue (jeune compagnie qui veut émerger), le chemin vers : une création burlesque de 40 ou 50 minutes en fixe pour 600 spectateurs en famille, avec des prouesses spectaculaires et de la musique joviale (et forte), un idéal de 3 personnes maximum en tournée, un sujet prétexte, un peu anodin mais qui peut avoisiner légèrement le champ de l'éducation culturelle, un coût improbable de moins 349 € par interprètes, pourvu qu'il soit en couple et dans la même chambre d'hôtel, qu'ils n'aient rien contre les sandwichs et les chips et qu'ils voyagent en train depuis Paris avec des cartes 12-25 qui offrent 50% de réduction.

 

Et bien non ! Nous ne sommes pas fous. Nous faisons ce que nous avons envie de faire et nous le faisons du mieux que nous le pouvons (rappel : les grands moyens = l'excellence des médiocres). Car, si les artistes eux-même se mentaient, si ils écoutaient les voix vicieuses de la rude et libre concurrence et tentaient de faire des opérations commerciales, les festivals ressembleraient à des foires à neuneux de sur-consommation sous-culturelle. Alors ne me dites pas qu'il est déjà trop tard. Si nous nous soumettions à ce désastre mondial, qui d'autres que mon paysan boulanger ou mon maraîcher en AMAP pourraient éclairer l'espoir que tout n'est pas vain ??? Mon viticulteur biologique et sans souffre, peut-être...


[...]

 

Si nous n'étions pas fous de crier notre vérité, qui le serait !

 

À la rentrée, j'ai affiché une phrase dans mon bureau qui m'avait titillé les oreilles il y a quelques temps : « NOUS N'AVONS AUCUN RISQUE DE REUSSIR SANS AVOIR LA CAPACITE DE SE PLANTER. » Si quelqu'un peut me renseigner sur sa provenance, en espérant qu'il ne s'agisse pas de Bill Gates, j'en serais reconnaissant.


[...]

 

Merci (pour votre attention), Bravo (pour tout ce que vous faites pour vous, sans vous mentir), et Bon Courage (pour avancer avec le doigt de la main invisible dans l'œil) !

 

Bouèb.



PS : à Aurillac, j'avais demandé une accréditation "pro" laissé une adresse mail. C'est fou le nombre de mails de compagnies qui y ont eu un succès incommensurable !


D'autres infos, images et commentaires sur la page facebook : Les grands moyens







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