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[rue] spécial Boueb


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  • From: Jacques Livchine < >
  • To: Liste Liste rue < >
  • Subject: [rue] spécial Boueb
  • Date: Fri, 5 Oct 2012 09:21:37 +0100

Un jour j'ai assis la beauté sur mes genoux , je l'ai trouvée amère et je l'ai injuriée

je ne sais pas pourquoi cette phrase de Rimbaud me vient en lisant Boueb. 

Est ce que la rue n'est pas en train de tourner au communautarisme ?  J'entends Boueb qui parle de 1600 personnes inscrites sur cette liste ? On a nos codes, nos valeurs, notre uniforme, et éventuellement une petite boucle d'oreille discrète.  Nous sommes une petite communauté, avec ses qualités, et ses défauts. 

Boueb s'attaque discrètement au "pourquoi on fait du théâtre" ? 

Boueb a des bonnes notes partout pour la grève du crime  :   il a une histoire, un esprit, une dramaturgie, son propos fait réfléchir, il est un tantinet absurde, mais pas tant que ça, c'est une écriture contemporaine, il a des vrais comédiens, j'entends  "vrais" car capable de créer des personnages et de dire des textes, donc des pros du théâtre,  il gère l'espace public, pour de vrai, on voit , on entend,  il arrive à faire rire un conseiller -théâtre, il note  sur son site toutes les bonnes appréciations,  il garde le public jusqu'au bout, il se sert des fenêtres de la rue, il fait des changements de personnages assez sophistiqués , parfois il fait même une scénographie tour de France. ( le public en longueur des deux côtés de la rue,  rarement utilisé. ). 

Il met comme nous tous son "travail" sur le marché, et il attend. 

Faire du théâtre ce serait donc créer, trouver les résidences, le financement , puis présenter à ceux qui peuvent t'acheter, et puis vendre. 

Les Grooms , j'entends dire ça, n'ont jamais autant vendu. C'est mon fils Christophe qui fait ça. Il a son bureau dans la cave  de
 sa maison de Malakoff,  il a un super fichier, il sort un dépliant, une carte postale par an avec ses dates, Et les demandes affluent. "La bonheur est dans le chant"  n'est pas évident à vendre, il faut un repérage assez pointu,  squatter des fenêtres, avoir le calme, il faut une chorale locale avec des répétitions,  un gros 4X4,  une  chambre single par acteur, ils sont dix je crois. 
Il y a du texte, de la musique, du contenu. Ils ont des  solides chanteurs, des cuivres aguerris, ils jouent par coeur des musiques complexes, ils ont Pierre Samuel, excellent acteur, ils ont un auteur, Eugène Durif,  ils n'ont quasiment rien gardé du texte, mais il a été utile pour la structure,  il y a au moins huit séquences.  A l'étranger, ils jouent en Anglais.  Ils ont fait des tournées internationales à nous faire baver d'envie.  

Mais voilà, je cherche le sens de tout ça. J'ai souvent l'impression que nous ne sommes que des prostituées, nous faisons des passes, certains beaucoup d'autres moins. 
Les contacts avec les lieux d'accueil sont souvent sommaires, notre enjeu est mince. Faut que ça marche, que l'organisateur soit content que le public soit content ,que chaque représentation génère de nouvelles dates, que chaque acteur renouvelle son statut.  Et puis comme ça c'est bien, sauf que j'ai l'impression de tourner en rond.  

Alors un  jour à l'Unité on en a eu marre. On avait la sensation de s'appauvrir en jouant trop, les contacts étaient trop brefs, donc on s'est mis à assortir nos représentations de stages pour rencontrer les gens de la ville,  pour ne pas rester qu'une seule journée. Donc notre spectacle était précédé de brigades de rue à mains nues.  

Et puis même ça, cela ne nous suffisait plus, alors a commencé l'ère du "bottom up" .  Partir du bas et monter. On avait besoin de rencontrer les habitants, les gens et de construire des opérations et des pièces à partir de leurs paroles. On s'est lancé dans "les rues extraordinaires" ou "les 80 ans de ma mère".  Cela nous a passionné. 


Je ne vais pas raconter toute ma vie. J'ai besoin des tournées, ça aère, ça nous fait parcourir le pays, mais j'ai besoin en même temps d'opérations plus importantes qui s'adressent à la ville toute entière ou de grands défis, comme l'étaient les réveillons des boulons, ou la caravane passe en A.   

La Franc- comtoise -de -rue, fabriquer un repas utopiste à douze compagnies,  ça a été une belle expérience, sauf qu'on a oublié de vendre nos spectacles à Chalon

Pourquoi je dis ça à Boueb, parce que j'ai une sensation bizarre, comme si on perdait trop de temps à nous interroger sur les bonnes recettes pour trouver des dates de jeu, et que nous devrions développer ensemble nos aptitudes au rêve, à rêver le théâtre autrement. 

Sans arrêt je m'interroge sur mes objectifs. Les festivals c'est bien, mais j'ai besoin d'un autre chantier en même temps. Macbeth en forêt, c'est excitant,  on fonce tête en avant, on n'a pas encore la production, mais le désir est si fort que personne ne pourra nous arrêter. Nous voulions faire un spectacle sans s'enfermer dans les pages d'un dossier de vente A 4, cela ne sera pas possible. sans A 4 , pas d'argent. A 4 c'est le format, puis on choisit spirales ou agrafes.  On s'en fout, on le jouera, on 1 date le 31 mai et 3 lieux intéressés.

Je sais , je déblatère, je divague, c'est ma manière d'avancer, de perdre du temps, alors que je dois faire un flyer pour les cours de théâtre d'Hervée, que je dois aller chercher du combustible de chauffage pour Vania pour la séance  de Cergy, que je dois remplir une demande d'aide à la production, un plan d'auto- évaluation pour ma Drac, porter les poubelles et conclure. 


Alors,  je termine :  dans la vie, il y a la prose et la poésie, mais si on ne reste que dans la prose, on ne vit plus, on croupit.. 



Jacques Livchine
metteur en songes 

Le théâtre de l'Unité c'est toujours autre chose









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