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La
Culture, c'est aussi la culture populaire, celle que produit un peuple,
et ça ne passe pas nécessairement par l'audiovisuel, et surtout, ça ne
se limite pas à une contemplation. La culture populaire, c'est la
réutilisation, l'appropriation symbolique, qui peut difficilement se
faire s'il y a un péage à chaque étape, avec des clauses restrictives
d'usage, même quand on a payé. Certes, c'est une autre forme de culture,
qui ne produit pas nécessairement de "grandes œuvres" et qui n'a pas la
visibilité de ce que peut, parfois, produire l'industrie. La culture,
ce ne sont pas que des œuvres, c'est aussi quelque part une "âme", un
"génie national". Que dire d'une culture française qui se construirait
sans les français, juste vus comme un débouché commercial prié d'avaler
sans broncher (et de payer) ce qu'on lui sert. Le droit de la propriété
intellectuelle étouffe complètement cet aspect.
Il y a aussi
l'oubli que la Culture, c'est aussi une affaire de "bien commun" et de
"non marchand". Il suffit de lire quelques anthropologues pour s'en
rendre compte. Or, le ministère de la Culture a été complètement capturé
par l'industrie, et n'est plus qu'un simple guichet, incapable de
prendre des décisions "politiques", c'est à dire pouvant aller contre
les intérêts immédiats de certains lobbies. Aurélie Filippetti est en
cela dans la lignée de ses prédécesseurs depuis 10 ans, sans la moindre
vision politique de ce que doit être une vraie politique culturelle dans
toutes ses dimensions. Il y a dans cette tribune quelques éclairs
montrant qu'Aurélie Filippetti commence à structurer une vision
politique, avec quelques intuitions qui permettent d'espérer. Il manque
juste le courage politique de se libérer de l'emprise des lobbies de
l'industrie du divertissement et des rentiers de la propriété
intellectuelle, qui se sont accaparé toute la place, faisant de la
défense des intérêts de leur industrie, l'alpha et l'oméga d'une
politique culturelle.
Via
Laure Leforestier