eh bien moi, j'ai besoin des vieux, 

j'ai besoin d'Edgar Morin, j'ai besoin de Claude Régy, j'ai besoin de Dario Fo, j'ai besoin de Générik, j'ai besoin de Gatti, j'ai besoin de Royal, j'ai besoin de Peter Brook, j'ai besoin de Mnouchkine, de Crespin,  j'ai besoin d'Eugénio Barba, j'ai besoin de Transexpress, j'ai besoin de Jean Luc Godart etc.  Tous au dessus de 70 ans (Pas Gil Rhodes ni Pierre de Générik)  et certains au dessus de 90 ans 

j'ai même besoin des morts  comme Socrate, Molière , Shakespeare, Aristote, Bourdieu. 

Il n'y a pas de belles forêts sans grands chênes. 

Moi ces vieux, ils m'ont aidé à grandir, à me construire, 

La croissance d'un artiste c'est carrément toute une vie,   

C'est le vieux débat, on serait un obstacle à l'épanouissement des jeunes car on prend toutes les places,  on serait une maffia, les programmations se feraient par copinage des vieux entre eux.  Alors j'en aurais des dates et des dates ...

Là cher jeune , tu te cherches un bouc émissaire, 

Il y en a qui imaginent que le chemin a été facile,   c'est sûr que lorsque je me jette dans  la  rue, nous sommes douze compagnies en tout à faire ce machin-là, nous étions en rupture, totalement rejetés par le milieu professionnel. 

Bien sûr à 12, nous nous sommes partagés tous les festivals qui naissaient sans aucun off.  

A Aix en Provence, nous étions 12, c'était en 1973, manche ou cachets insignifiants, logement chez l'habitant, en 1980 ,  à la falaise des fous, nous étions un peu plus,  disons 30 compagnies, mais c'était tout le  théâtre  de rue au complet, et on a partagé la recette des entrées sur le site. 

Cher Jeune, c'est un faux débat, une erreur d'aiguillage que tu fais là, tu te trompes de colère; 

Tu as besoin des "vieux" parce qu'ils ont ouvert des routes, déblayé les chemins, tu es obligé de te servir d'eux, en allant dans leur sillage et puis à un moment tu les quittes, tu  t'éloignes de leurs valeurs, et tu t'en vas seul, avec ta petite boîte à outils....

A longueur d'année, nous partageons notre lieu d'Audincourt,  la maison Unité, le studio des 3 oranges, on offre le logement dans un château, il n'y aucun filtrage sur dossier,  faut juste que cela soit libre, 

parce que moi je garde le souvenir du directeur de la MJC d'Issy les Moulineaux, j'avais  timidement frappé à sa porte, le 22 mars 1968,  pour avoir un lieu de répétition pour la première pièce de ma vie que je montais,  j'étais un jeune,  et il m'a montré une belle salle avec un beau parquet ciré, il m'a dit" prenez c'est pour vous".   Et si vous avez envie de jouer chez nous,  eh bien jouez, c'est comme vous voulez. 

ça m'a marqué, il n'a pas demandé "un projet", une fiche technique etc.  Il a pensé " c'est un jeune qui débute, on va mettre notre outil à sa disposition. 

Il s'appelait Michel Arbonnier, j'ai tout appris chez lui. Il avait vingt ans de plus que moi.  C'était donc un vieux, puisqu'un vieux c'est quelqu'un de plus âgé que toi. 

voilà,  cher radical brut,  cher GO, tu pourrais avoir un nom, à moins que cela soit encore une farce de Fred Toush, mais ce n'est pas grave,  c'est bien écrit c'est le principal. 

Je déteste les formules de fin toujours vides,  j'ouvre le bouquin que j'ai sous la main à n'importe quelle page. Dommage, le vieil Yffic aurait lu ce mel, ça l'aurait fait rire peut- être.  

"cette neige nous l'aimions, elle n'avait pas de chemin elle découvrait notre faim" 

Jacques Livchine

metteur en songes 

Le théâtre de l'Unité c'est toujours autre chose