Liste arts de la rue

Archives de la liste Aide


Re: [rue] Fwd: Re: [listenationale] Dernières nouvelles de Doc Kasimir Bisou


Chronologique Discussions 
  • From: laurent driss < >
  • To: boueb < >
  • Cc: liste rue < >
  • Subject: Re: [rue] Fwd: Re: [listenationale] Dernières nouvelles de Doc Kasimir Bisou
  • Date: Sun, 24 Feb 2013 12:54:02 +0100

Salut tout le monde

En lisant ces échanges je me pose une question bête sur la nature du problème :
est-ce le manque de moyens ? Ou bien le fait que ces moyens doivent venir des caisses communes ?
Est-ce que la reconnaissance de ce que l'on fait soit reconnu au niveau de la société par sa contribution à nos travaux qui prime ou trouver de l'argent, quelle que soit son odeur ?
Il y a quelques temps Filok écrivait à propos du mécénat Sodomy, en référence à Domyos, une marque de je ne sais quelle enseigne.
Et combien répugnent à demander à Total de l'argent qui pue ?

Je me demande ça parce que plus ça va, plus j'ai le sentiment que l'argent public est soumis au diktat des Marchés, que la notion de politique, voire même de politiqueS est une belle mascarade à laquelle nous aimerions croire encore un peu.

Donc je réitère mon interrogation : Le problème est-ce l'argent ou sa source ?
Combien d'entre vous ont-ils fait des démarches auprès d'investisseurs privés ? 
(Dans le domaine de l'art contemporain il existe des gens qu'on appelle des "amateurs" et qui achètent des oeuvres d'art, non pas pour soutenir une politique culturelle d'un état, mais simplement parce qu'ils aiment ça)

bon dimanche

Le 23 février 2013 14:11, boueb < " target="_blank"> > a écrit :



Nous étions sur le port de Cherbourg avec mon bon pote Yohann, un actif militant anti-nucléiare.

Nous quittions, le temps d'une bière de retrouvailles, le cortège des plus de 10000 manifestants, qui réclamaient l'arrêt immédiat de toute activité nucléaire, en France et ailleurs. L'accident de Tchernobyl avait 20 ans, nous 10 de plus.

A la terrasse du bistrot un type au teint de pêcheur nous interpelle : "Vous n'avez rien d'autre à foutre que de nous pousser au chômage !". Ce gars était responsable syndicale de la CGT à la Hague.

Selon lui, nous n'avions rien compris, nous luttions, non pour un monde meilleur, mais contre la classe ouvrière, contre les travailleurs de sa région et de leur secteur d'activité. Il était fier de faire parti d'une grande famille à la pointe de l'innovation technique, d'être un maillon du dynamisme local, d'être un élément de la création d'une richesse partagée sur tout le territoire : sans la Cogéma, pas d'équipements sportifs ou culturels, rien pour l'enfance, leurs enfants...

Ils étaient fils de pêcheurs ou de paysans, leurs enfants sont fils d'ouvriers d'une des dernières industries françaises qui joue encore sur les premières lignes, qui embauche et se développe encore, et pour encore un moment. Ils n'ont  pas le choix d'y croire ou pas, comme une question de survie.

Nous avions alors rétorqué que nous étions désolé de le lui dire, mais qu'il nous semblait absurde de continuer ainsi à construire l'équilibre social local sur la destruction de l'humanité, que c'était une mauvaise voie, comme l'était l'industrialisation de la pêche et l'intensification de l'agriculture. Nous n'avons pas pu lui dire qu'il nous semblait plus juste et plus durable, d'investir dans l'éolien, le local, le circuit court, le coopératif, que la décroissance était positive. Il avait rougit d'avantage et éclata dans une noire colère : "Mais vous, que faîtes vous de si bon, et si on venait vous dire que vous ne servez à rien de bon, et d'abord, vous faîtes quoi dans la vie ?!".

Mon pote étant slameur et moi artiste de rue, tout deux alors en état de figues sèches, n'avons pas voulu en rajouter. Nous sommes parti tout les deux, une boule dans la gorge, à nous dire "On ne supporte pas que les autres pensent que financer la culture, c'est jeté de l'argent par les fenêtres. Nous sommes indignés quand on nous dit fainéants. Nous ne voulons pas absolument être utiles, et nous voyons bien que nous ne sommes pas indispensables. Que ferions nous si l'art tel que nous le pratiquons était décrété inutile ou contre-productif pour la transformation sociale ?"

Nous avons réussi à nous convaincre que nous étions dans la bonne direction, tournés vers les gens, attachés au sens et à l'analyse des fictions sociales, que nous jouions le jeu de la contradiction, que nous apportions des rêves et des utopies, que nous étions des graines d'espoir et d'indignation.

Pouvons nous défendre des métiers qui réclament des financements publics, s'ils ne sont pas reconnus, par un arbitrage et un référentiel humanistes, d'intérêt général ? Que sommes-nous prêt à mettre sur la table pour faire gagner les personnes d'un peuple ? Notre survie peut elle se faire aux dépends de l'émancipation de nos concitoyens ?

Nous sommes allés réfléchir à tout ça dans un café rempli de militants anti-nucléaire où passait des chants de partisans : "Le peuple au collier de misère Sera-t-il donc toujours rivé ?  Jusques à quand les gens de guerre Tiendront-ils le haut du pavé ? Jusques à quand la Sainte Clique Nous croira-t-elle un vil bétail ?  À quand enfin la République De la Justice et du Travail ? Oui mais ! Ça branle dans le manche, Les mauvais jours finiront. Et gare ! à la revanche, Quand tous les pauvres s’y mettront. Quand tous les pauvres s’y mettront..."

Accoudés au comptoir, nous avons pu nous pleurire l'un sur l'autre en inventant notre plaidoyer de l'art et de la culture, et nous sommes quitté convaincus de percer-rêver tant que nous le pourrons.

Bien à vous !

Bouèb


les grands moyens






Le 23/02/2013 13:18, Lacaille Michel a écrit :
J aime ta réponse elle me plaît beaucoup et peut être serait il bien d être un amateur ( celui qui aime ) professionnel ( qui est rétribué ) merci à toi 

www.ciesdf.fr

Le 23 févr. 2013 à 12:14, Bouèb Rue < " target="_blank"> > a écrit :

Bonjour Michel,
et salut aux autres.

Que tu n'aies pas envie de rentrer dans des cases, je le conçois aisément. Que tu exerces et revendiques ta Liberté et que tu offres de l'amour et du plaisir, je t'en félicite.

Notre conseiller théâtre de la DRAC m'a lâché cette semaine alors que je portais moi-même cette soif de liberté et lui en faisais part : "Tu c'est Bouèb, le seul artiste réellement libre, c'est l'artiste amateur..." (je crois l'avoir déjà glissé dans un message précédent). Je crois que le constat est juste, mais il n'est pas acceptable. Comme tu le dis, soyons et restons libre !

Ne change rien, ne changeons rien, ne nous mentons pas, surtout pas, ne nous laissons pas corrompre ou pervertir, ni par le marché, ni par les "diktats".

La question en jeu ici, est celle des politiques publiques et donc de la répartition et l'attribution de l'argent public, pas notre liberté (mais peut être notre précarité).

Est-il bon que l’État et les collectivités favorisent seulement l'accès à LA Culture (la politique du chiffre vers les grandes œuvres de l'humanité) et hiérarchisent dans la plus grande opacité (commission d'experts sous secret) les bonnes créations et les futures grandes œuvres ?

Ne serait-il pas mieux, non pour nous, équipes artistiques et culturelles, mais pour les personnes différentes qui composent le peuple dans toute sa diversité ; ne serait il pas mieux, donc, que les politiques publiques s'attachent, elles, à faire grandir l'humanité, à s'approcher au plus près des droits de l'homme ?

Nous ne sommes certainement pas fait pour entrer dans des cases, mais pour les tordre, les ouvrir, les éclater, les traverser, les dissoudre. Les politiques, elles, ne devraient pas être là pour constituer des cases et nous faire entrer dedans, leur rôle est par contre de favoriser les directions, les mouvements, les démarches, les gestes, qui vont dans le sens d'un intérêt général et durable.

Bonne continuation !

Bouèb


les grands moyens



Le 23/02/2013 12:17, Lacaille Michel a écrit :

Je n ai aucune envie de renter dans des cases seul le fait d être un Être humain qui fait ce qu il a envie me suffit suis je utile à la société ? sans doute pareil à tout Être humain qui est , et si j ai quitté le théâtre pour la rue c est pour ma liberté et offrir aux autres de l inutile , du rire , de l amour de l autre , toi , non à ces diktats étatiques , soyons et restons libres , 


Le 22 févr. 2013 à 20:35, Bouèb Rue < " target="_blank"> > a écrit :

la réponse contributive du Doc' Kasimir :

Salut , Ok,
quand je lis
" Quand chacun aura compris comment remplir le dossier, aura décrypter la nouvelle grille de lecture, saura rentrer dans ces nouvelles cases, se vantera d'être un acteur utile à l'humanité, prouvera par quelques circonvolutions qu'il offre de la dignité à des personnes, au lieu d'offrir, comme avant, un produit artistique de qualité et bon marché au plus grand nombre... Quand chacun aura trouver sa liberté au sein de se cadre, somme toute absolument souhaitable, quand on en sera là, qu'inventerons-nous ?

Le défi c'est l'arbitrage, en continu."

C'est bien cela et c'est exactement la conclusion de SEN : la permanence du débat démocratique  à toutes les échelles du vivre ensemble, pour une société un peu moins injuste !!!

Mais voilà ! malgré la légion d'honneur , le  projet de loi qui circule sur la décentralisation ne va pas du tout dans ce sens là . Il est encore sur le béton des équipements culturels du 20 ème siècle. .( et un tout petit peu sur les langues régionales).

Autant dire que l'utopie va le rester encore dans cette république qui, culturellement,  ne change pas dans ses pouvoirs (publics) alors qu'elle change dans les pratiques de terrain.
ça pourrait  être décourageant !!
Oui à 50 % , Non à 50 % !!!
mais les fédérations,  c'est fait pour y croire !.
Bon courage aux collectifs !!!!!! .
Cordialement

JMLucas

/02/2013 11:20, Bouèb Rue a écrit :
Salut,

On ne peut que se réjouir de ces orientations.

Nous avons toujours tenté de nager dans le cadre qui nous était donné, d'y trouver notre liberté et de garantir notre survie. Ce cadre était LA Culture, alors nous voulions leur prouver que nous faisions de l'Art, des Œuvres. Ce cadre, se faisant contraindre par le libéralisme et SA Crise, nous tentons, en plus, de les convaincre que nous sommes non seulement rentable, mais créateurs de richesse, d'emplois, de retombées fiscales, d'attractivités. Pour ne pas boire la tasse, nous avons ajouter que nous étions utile, pour l'urbanisme ou le commerce, pour panser les plaies sociales, pour pacifier les révoltes frémissantes, pour divertir sans discrimination.

Alors, si les Droits Humains constituent la nouvelle approche, le nouveau référentiel, nous pouvons sauter de joie et nous rouler par terre en riant, tellement c'est beau.

Mais, en effet, j'ai du mal à y croire. Hollande et son gouvernement sont partis pour faire ce que Sarkosy n'a pas osé faire. Le club Le Siècle l'a peut être convaincu (probablement sans peine) que c'était la dernière fois que le PS gagnerait une présidence et une majorité parlementaire. Alors, ils en profitent pour sauver leur monde.

Pourtant, parmi eux, beaucoup, presque tous probablement, sont animés par une grande soif de Droits Humains, d'égalité, de liberté, de fraternité, de dignité, d'émancipation... Que leur éthique les guident à affirmer de belles choses qui font grandir l'Humanité, et qu'ils le fassent sincèrement, je veux le croire.

La difficulté c'est l'arbitrage.

Le risque c'est la perversité, la dérive des volontés, la porosité des gardes fous, la péremption du sens des mots, la densité de la langue de bois.

Être républicain en 1900, c'était être de gauche. Être libéral dans les années 20, c'était l'égalité des droits et la liberté d'entreprendre. Être socialiste dans les années 80, c'était être anti-capitaliste.

Inventer un nouveau référentiel, "Co-construire" c'est indispensable, mais joie-perdue sans co-gestion des nouveaux outils ainsi mis en place.

Alors, qu'un nouveau cadrage, que de nouvelles orientations apparaissent, nous devons y contribuer et le célébrer.

Mais, quand chacun aura compris comment remplir le dossier, aura décrypter la nouvelle grille de lecture, saura rentrer dans ces nouvelles cases, se vantera d'être un acteur utile à l'humanité, prouvera par quelques circonvolutions qu'il offre de la dignité à des personnes, au lieu d'offrir, comme avant, un produit artistique de qualité et bon marché au plus grand nombre... Quand chacun aura trouver sa liberté au sein de se cadre, somme toute absolument souhaitable, quand on en sera là, qu'inventerons-nous ?

Le défi c'est l'arbitrage, en continu.


Bouèb,

PS : Je ne voulais pas réagir, puis j'ai voulu faire court, garder du temps pour rappeler des "distributeurs" pour "vendre" des spectacles (euh, pardon, des camarades pour transformer la société... euh, non... des partenaires pour agir ensemble pour l'humanité... euh... des lieux de diffusion pour jouer nos spectacles... j'en perd mon latin)... Pfff... sur mon temps de travail, je manque de moment pour inventer le monde, pas vous ?

PPS : Il y a 1000 ans, en latin, "concurrens" (qui a donné concurrence) signifiait : se rejoindre, courir ensemble vers le même point... puis prétendre à la même chose en même temps, toujours dans une sens de convergence... puis, aujourd'hui, une course sans pardon, ni merci, où seul le premier est le meilleur et remporte la mise.

PPS : Le pâté Henaff (leader finistérien du porc en boite) avait comme slogan "seul le meilleur est bon !", mais ça n'a rien à voir.


les grands moyens



Le 20/02/2013 19:50, Serge CALVIER a écrit :
Objet : Une bonne raison à valoriser !

Bonjour, 
comme un twitt : 

François Hollande a remis la légion d'honneur à Amartya SEN.. La France honore donc l'auteur de "L'idée de Justice".  Le Doc Kasimir Bisou (dont les lecteurs  savent l'attachement à l'approche par les capabilités)   se félicite  de cette initiative présidentielle. Le Doc en déduit, en toute logique, que les projets  ABDH seront privilégiés partout dans la République française et, notamment, au ministère de la culture ( qui va devoir apprendre rapidement  ce que recouvre "l'approche basée sur les droits de l'homme en développement" !!!). La  "démocratisation" de LA  culture devrait ainsi disparaitre du langage ministériel pour faire place au développement de droits  culturels de la personne ! ! ! 

Vous avez le droit  de répondre que vous n'y croyez pas du tout !!

Mais il faut bien vivre d'un peu d'utopie dans ce monde diplomatique, si cruel aux invendables.....

Bien cordialement à toutes et tous.

JM Lucas et Doc Kasimir Bisou











Pour acceder aux archives, a l'aide, a la conversion de mail, a la page de desinscription : http://www.cliclarue.info/#tabs-8
Et pour tout probleme, vous pouvez raler aupres de ">








--
laurent(-)driss
+33 620 654 643



Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.

Top of page