Pour paraphraser Livchine " Chassepierre relève du symbole des arts de la rue ".

Ce festival fêtait ses 40 ans ce week end.

Qui ne connait pas Chassepierre est un bien piètre voyageur, puisque ce village (presque hameau) est situé à moins de 20km de la frontière françOise et à 50 km de la frontière luxembourgeoise.

Sa particularité ? un "trou du cul" du monde ou les vaches sont plus nombreuses que les humains.

Il y a 40 ans, une femme fait le pari de faire venir du monde dans ce désert belge....

ça tatonne entre comices agricoles, groupes de jazz, artisanat pluri disciplinaire et autres joyeusetés.

La sauce prend et tout le bled prend fait et cause derrière l'initiatrice du désenclavement.... Et ça marche !

Deux ans plus tard le comité d'organisation nomme Alain Schmitz comme directeur artistique.

Il faudra quelques années avant que le festival de Chassepierre devienne un festival international des arts de rue.

Tout le monde s'y met dans le bled.... granges prêtées, champs laissés en prairies, bénévolat spontanée et enthousiaste.

Alain est loin d'être couillon, et le comité non plus... les demandes de subs partent à la région (5 parlements différents en Belgique, il y a de quoi faire...)

et ça fonctionne.... Les arts de la rue, ça a l'avantage d'être vachement moins cher que bien d'autres arts et les vedettes n'en sont pas vraiment et n'en ont surtout pas la mentalité.

Chaque année, un thème différent décliné dans un circuit de 2 ou 3 km de ballade au milieu de nulle part. Une rue principale (y en a t il d'autres ?) engorgée, et des champs autour d'une rivière bucolique,

un cadre idyllique.

Les artistes ? Mal logés, serviteurs consentant d'une anti désertification d'un territoire oublié, conditions à l'arrache et pas vraiment choyés, mais présents ardemment.

Pendant que les artistes bouffent un repas moyen, les anciens se tapent sur les cuisses, se congratulent de leur succès, discourent à tout va (en envolées lyriques) et se tapent la cloche.

La considération est moyenne. Mais bon, si l'on compare Chassepierre à Aurillac, il n'y a pas photo....

Pas de Off à Chassepierre, et si Alain Schmitz est un anti SACD primaire, il a une vision internationaliste bien terrienne avec du bon sens.

Chassepierre serait l'un des festivals les mieux dotés de Belgique (90 000 euros).

Il y a un côté "tunes" dans cette opération. Il y a un côté malin chez Alain, c'est tout aussi indéniable et son entregent ne lui a pas ramené que des amis...

Cependant, malgré son Ego certain, il a toujours été fidèle à sa région, à son bled et à son équipe.

Plus de 30 000 spectateurs en deux jours, dans un bled de moins de 450 habitants. Cette année, 27 euros d'entrée pour les deux jours, pour voir 62 compagnies et quelques 80 spectacles.

Tous les spectacles ont des jauges insensées. Le public est incroyablement éduqué. Il vient d'Allemagne, de Hollande, de France, de Belgique Flamande et Wallonne. On a l'impression

que l'étouffement est proche, mais ça circule hyper bien. Aucun déchet au sol (le tri des déchets est une habitude ici). Il y a la queue partout, aux chiottes, devant les stands de bouffe et devant les spectacles, et le

tout avec la bonne humeur.

Une colonne de covoiturage possible est pleine d'annonces et de demandes. Les campings sont pleins. Tout cartonne. Les installations plastiques sont super appréciées : en contrebas de la nouvelle passerelle, il y a deux caravanes (dont on se demande comment elles ont atterri là) accolées à la rivière. Sur la fenêtre de l'une d'elles, il y a un film d'une foule de gens qui souhaiterait sortir de la caravane, comme coincée à l'intérieur.

Côté artistes, c'est le pied... On se croirait à une réunion de vieux clowns internationaux : Léandre, Wurre Wurre, Irrwisch, Mister Jones, La Chouing, PasPartout, Le Petit Monsieur, Avec ou Sanka, Gregor Wollny, 

les Zwoelie trolies, Bernard Massuir, le manège à Jipé, Joseph Collard, De Stilje Want, etc... on se connait tous. Il en manque et on le remarque, mais quand même, ça fait longtemps qu'on ne s'est tous vu dans un festival et on se marre bien. Heureusement que Outre Rue assure avec sa bière et son sens de la convivialité, parce que le festival, question "bien être des artistes" n'assure pas un cachou.

Le Alain, on l'a jamais vu aussi en forme... Finalement, on comprend quand il nous annonce qu'il passera la main dans deux ans à Charlotte (qui bosse avec lui depuis 4 ans). Il a fait son taf,

et n'a plus rien à prouver que de passer le flambeau. Cette année, les festival a battu des records... Comme d'hab'

Les trois plus gros festivals de Belgique : Gand (vieux de 1898), Teater op der Markt, et Chassepierre, passent la main à trois jeunes femmes (le tout en 3 ans).

Jluc

 

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