Camarades qui n'êtes pas à Aurillac, dommage pour vous,

c'est l'année où il fallait y être 

Pourquoi  ? 

Parce qu'il fait beau et toutes les filles sont en short, ont des décolletés laissant apparaître des seins pulpeux, 

les peaux  des garçons sont tannés,  ils marchent pied nus ou torse nu, exhibent des tatouages insolents, dont Jean -georges fait remarquer que dans  40 ans cela paraîtra bizarre

Pas besoin de se dépayser  au Tibet , 

t' y es

C'est le tiers -monde,

les gens mangent vautrés par terre, 

 des chiens, des chiens, des chiens 

partout des chiens

rue des carmes on a un coiffeur improvisé, il te coupe les cheveux, tu lui donnes la pièce

rue des carmes  Marrakech 

tous les 3 mètres il y a un un spectacle improbable 

le type est nu- pied, 

se met en robe,  je ne sais pas, 

je crois voir un héroïnomane réclamer une seringue  au stand anti -drogue, je voudrais essayer l'ectasy, ils n'en distribuent pas. Juste essayer Madame, pour savoir.  

ça sent l'herbe un peu partout, 

Les tendances 2013. 

Cela se lâche sur le cul.Partout des pancartes annoncent des interdictions aux moins de 14 ans, 15 ans, 17 ans

Les chiens de Navarre, miam, 

Thomas étire sa verge, fait des noeuds, l'entoure sur une baguette, 

la cie tout de suite, l'acteur se déculotte et étale ses fesses nues et son trou à 20 cm d'une spectatrice ravie,  

et bien -sûr Manon, n'a pas de culotte, par éclairs on voit sa sensuelle chatte

le théâtre de rue se décomplexe, l'ère  sexuelle a commencé

Les photo des Cacahuètes  sont en 4X3 dans l'espace pro.  Nus bien- sûr,mais avec de vrais corps, ni athlètes, ni miss France, que de la vraie chair normale.

Ensuite les écouteurs, on sent que c'est l'avenir, les spectacles à écouteurs où le passant se mêle sans le savoir à des danseurs. 

Et moi ce qui m'attire le plus   "c'est complet, y a plus de places "

Parce que quand il n'y a plus de places,  la tentation est forte c'est là que cela fait envie d'y aller, 

alors il faut essayer d'avoir des places, et si t'en as, t'es trop content d'être dans le happy few qui aura vu. 

Moi je ne veux voir que des spectacles où il n'y a plus de place/

D'ailleurs le secret, c'est ça, y a plus de place. 

Comme les gens sont trop contents  d'avance, ils n'exercent pas de critique. 

Y a plus de place pour les chiens, y'a plus de place pour la battue, y 'a plus de place pour Trotolla,  y a de l'appétit partout !

on y va tout droit au payant c'est trop tentant.  Pommerat, 20 € y a plus de place. 

Question public , tout le monde est content de tout 

il fait beau, on trouve tout bien, 

les applaudissement sont énormes partout

parce qu' on applaudit  les efforts,  le courage, l'atmosphère, la dernière semaine de vacances etc. 

On aime , on est enthousiaste partout, 

les artistes sont contents, 

Les vieux d'Aurillac sortent vers 19 H, espérant voir un petit bout de cul. lls sont heureux, parce que c'est joli tous ces bronzages.

ça c'est la rue, 

mais ce que tu rates, c'est l'univers pro.  

ça fait du bien, les chaises longues Télérama, 

toutes  les cousines, tous les cousins y sont, 

ils décortiquent tout, déconstruisent, démolissent 

leur refrain " y a pas de quoi fouetter un chat"   en parlant des chiens (de Navarre)

Pommerat ?  Beaucoup de foin pour pas grand chose . C'est ce que j'ai entendu juste après la première.  Ah c'est lui le Nadal du théâtre ?  3 ans de contrats assurés, ne serait -il pas un peu surcôté ?  C'est mon micro trottoir. 

 

On fait vite le tour du IN , environ 12 propositions par jour contre 626  pour le off.  Pardon, ici on dit,  les compagnies de passage.

Pommerat bouffe tout l'argent. Combien ça coûte Pommerat,  c'est  le chiffre le plus tabou du festival, 

on peut juste le trouver sur Wikileaks, mais si tu le publies tu peux prendre 35 ans de prison. 

Au lieu de discuter pendant des heures sur les 3 sous de la SACD, on pourrait se demander si un artiste à lui tout seul peut bouffer 50% du budget d'un festival.  Je n'en sais rien, c'est une supposition,  je sais juste que si je veux le petit chaperon rouge, spectacle léger, cela me coûtera 36 000 € .  Entendu ça dans une queue par un directeur de scène conventionnée. Là on ne rêve plus. Adieu la poésie. 

Ah , Aurillac 2032. 

Agitation de neurones.

festival de la pensée

on a une conférence, avec interro écrite, 

c'est quoi l'avant garde ? etc

Tables de 8. 

Gentiane, Anne et Charlotte animent ça avec coeur. 

Ruptures esthétiques. 

Lénine, Que faire ? 

La rue c'est nouveau ou c'est vieux ?

Nous planchons à une quarantaine, démocratie participative, 

les résultas seront sur Internet

Objectif 2032 

Je vais vous dire 

ça n'a l'air  de rien ce petit séminaire, 

mais tu prends conscience  que t'en as marre  d'être spectateur, 

d'être pris en otage par des artistes qui s'auto- proclament artistes et qui t'emmerdent profondément 

que t'as envie de vivre le théâtre autrement 

t'as envie d'éprouver le théâtre 

c'est à dire de ne plus être devant mais dedans, 

en fait 

les gens veulent être partie prenante, 

oui, ils veulent passer la nuit du soulier de Satin, les 8 H 30 de Faust,  les 18 H  de Wagner, 

ils veulent s'user, s'épuiser, 

vivre des vraies sensations. 

et moi ça je le sais

pourquoi tant de monde au marathon de New york,  ils veulent de l'exploit du défi, sentir leur corps affronter l'obstacle, s'épuiser. 

c'est bien de l'a rue, le marathon, eh bien il y a autant d'acteurs que de spectateurs.  

j'ai vu ça à Trinidad aussi

il faut  que les directeurs se bougent,   prennent un peu d'avance sur l'époque 

comprennent bien  qu'il faut inventer quelque chose. Quoi ? Directeurs, allez  lire objectif 2032,  y aura  la réponse.  On s'y est mis à plus de 40, et il y avait même Bruno de Beaufort, et le reste du gotha de la rue. 

  

Oh là là, faut que j'y aille, où, je n'en sais rien;  

Mon désir de théâtre ressemble à tous ces volcans éteints qui surplombent Auriilac.

Eh, j'ai déjà vu 3 spectacles, c'est déjà énorme, car il faut les trouver, marcher dans les rues surbondées.

J'ai l'application I Phone,  Aurillac, mais j'ai pas la motivation, 

j'habite une chaumière au dessus du Lot, j'y suis trop bien, isolé, tranquille, 

je regarde les canards qui s'ébrouent dans une petite marre, ils sont drôles, les poules les regardent, étonnées, une petite brise rend la chaleur supportable, 

j'ai acheté 3 livres, la thèse de la Coréenne, Anne Gonon, et le dictionnaire de Jean Georges.  Je ne l'ai pas dit à l'imperturbable Paco Bialek. 

Faut que j'y aille. 

Jacques Livchine