Aurillac phosphore
bizarre, ce jardin de l'école Jules ferry à Aurillac est un nouveau verger d'Avignon.
Oui, Avignon, Vilar causait au verger, il avait de la prestance, et de la hauteur de vue.
Vilar c'est fini,
Py ,Schiarretti, Françon, Baudrillier, Pommerat, Brochen, Braunshweig, même additionnés, ce sont un peu les chefs de l'idéologie du théâtre public,
n'ont pas de vraie vision du monde, pas de hauteur de vue, pas de pensée réelle sur l'art, ils ne m'augmentent pas.
Guenoun, Renucci, Claude Régy, Stiegler, Mondzain, disent des choses,
j'ai été élevé au sens d'élévation par Kateb Yacine, Vilar, Planchon, Langhoff, Grotowski Pina Baush, Eugénio Barba, Mnouchkine, le living , il y avait de l'aspiration.
Dans l'univers de la rue, nous n'avons pas eu notre Vilar. Excuses à Michel Crespin, pas loin, mais pas Vilar.
Donc débat du verger, sur les émergences, donc discours convenus, et consensuels et ceci et cela et bla bla parce que voilà c'est bien, les résidences, la création, les diffusions les projets A 4, l'aide à l'écriture, les dispositifs, le ministère la Faiar etc.
Tant pis, les pieds dans le plat c'est pour moi.
Emergences, émergences,
je dis : au début pour nous c'était le désert, tout ce que l'on faisait c'était neuf , émergent
n'importe quoi était nouveau et neuf, donc émergent
il y avait un parfum de découverte continuel
mais aujourd'hui ça plafonne gravement , parce qu'on a atteint un seuil
on pourrait encore essayer de faire 1 million de personnes à la fois comme le pape
on est sur le plat, on ne sait plus quelle route il faut prendre
tout a été dit tout a été fait
le ciel, la terre, les sous- sols, tout a été fait
L'émergence, je ne sais pas où elle est l'émergence
il nous reste les trous du cul et la bite à explorer,
c'est à peu près tout, on commence,
Mais il faut appeler le marquis de Sade à l'aide pour que cela devienne un peu subversif
Le théâtre est comme dans un creux
le cirque c'est bien, on a le nouveau cirque ( qui commence à plafonner d'ailleurs)
mais la presse qui a toujours 20 ans de retard, est en train de le découvrir, article dans Libé sur Trotolla, sur Plume dans le Monde.
puis la danse : Pina a ouvert une brèche énorme avec sa danse- théâtre,
Le théâtre, Bob Wilson l'a rendu muet, Kantor l'a donné aux morts
Bartabas a inventé le cabaret équestre,
et puis vint la rue
Jean Marie S. doit faire appel à Pommerat Gwenaël Morin, les chiens de navarre pour nous dire là où il pense que le théâtre bouge encore
pourtant c'est de la facture assez classique assez académique, mais des valeurs sûres.
IL y a Macaigne qui fait dans le sang et le gore, ça boostait un peu, mais
personne ne veut plus de lui dans le théâtre
alors voilà,
je disais émergences , 26 000 ? Opéra Pagaï ? on me dit, ce dont des déjà vieux ceux-là
Mais qui d'autre cependant que Generik puisse clôturer le festival ?
Je sens le jean Luc Prévost sur les dents, ce vieux grincheux,
"livchine , rejoins donc le cimetière le plus proche au lieu d'étaler tes insanités". Oh Jean- Luc moi je lis avec intérêt tes chroniques sur le Djjdjikiustan, ou l'Australie, alors tes injures garde les pour Larderet.
Hier je suis allé au hasard des rues d'Aurillac, de pastilles en pastilles, toute cette misère me donnait un furieux mal de tête que je calmais au doliprane mais il est vrai que parfois il y avait foule, et je ne voyais
rien, Il y avait quelques artistes qui ne dépassaient pas 10 personnes, des solos avec un tabouret, et un nez rouge,
Le théâtre de rue aura eu ses cancers : les échasses, il ne reste plus que 2, ou 3 métastases, incroyable, 3 échassiers de belle tenue, avec sono, n'attiraient pas le moindre regard,
Les conteurs, second cancer, je n'y arrive pas, je les fuis, ils débarquent de plus en plus, avec leurs solos, le problème c'est qu'ils font des cachets avec les bibliothèques et les écoles, donc ils sont intermittents, et cela va se développer gravement , se perpétuer, pourtant le conteur est pacifique, gentil, végétarien, écolo, doux, je ne devrais pas avoir cette allergie, mais la gentillesse des conteurs me révolte, Anarkao c'était un conteur aussi mais âpre et venimeux.
La plaie la plus grave, le troisième cancer de la rue, ce sont les clowns, je sais bien, il y avait deux filles, au niveau le plus bas du clown, quatrième jour de stage, eh bien elles arrivaient à faire rire trois vieilles sur un banc, trois vieilles qui passent l'après midi place st Géraud, et qui étaient ravies de se faire chiner par les clowns, donc puisqu'on fait rire les 3 vieilles on continue.
Sois tolérant, Jacques, tout ça ce sont des jeunes qui se lancent et qui essayent, Aurillac c'est une immense expérimentation.
Oui, mais c'est trop, je sature,
je voudrais être surpris et étonné.
Mais je l'ai été en fait, mais je n'ai pas envie de pointer ça , ça et ça, parce que cela serait trop facile , tu comprends, il y a ceux qui mangent les tripes, les rognons et les andouillettes, et ceux qui ne supportent pas. Il y a ceux qui adorent les lectures, les clowns les conteurs, et ceux qui ne supportent pas, il y a ceux qui écoutent Bach et ceux qui trouvent ça chiant.
J'adore les impostures, par exemple, réussir une imposture à Aurillac, là où tout se dissout et tout s'évente, faut le faire, quelqu'un l'a fait, si je dis qui, c'est foutu, mais les gens se sont vite passés le mot, cela devient le spectacle où on doit arriver une heure avant pour voir quelque chose, mais ceux qui y vont ne savent pas qu'ils vont être sur une énorme imposture, moi qui ai côtoyé les 26 000 , je devrais être un peu expert en imposture, il m'a fallu au moins 40 minutes avant de comprendre que j'avais été grugé, mais quel bonheur , quand c'est si bien fait.
Hervée dit qu'elle déteste les impostures, parce que c'est un dosage subtil et il faut laisser entrevoir par des signes adéquats, qu'il y a imposture. Moi cela m'intéresse beaucoup, mais voilà, hier rue des buis un clown s'écroule, tout le monde rigole, mais on sent qu'il reste à terre et que c'est moins drôle que prévu, pas mal de gens continuent leur chemin en évitant le corps, sauf un homme qui veut en avoir le coeur net, et dix minutes après j'entendais le klaxon de l'ambulance. Infarctus, oui à Aurillac tu ne distingues pas le vrai du faux.
Alors où ça va la rue ? Quelqu'un me dit, il y a festival d'un côté et implantation territoriale, ce n'est pas pareil.
Est ce que la Rue est en panne ? On nous dit que c'est bientôt la fin du pétrole, et juste après on nous dit que les USA exploitent d'énormes gisements de gaz de schistes en pleine mer et qu'ils ont devenir premier producteur du monde avant l'Arabie saoudite.
La Rue va t-elle rebondir ? Tel le pétrole.
Boueb veut savoir si Aurillac 2013 est une bonne cuvée ? Comment évaluer ? 700 propositions par jour, en 4 jours , on en voit une quinzaine. Je peux juste dire qu'en matière de bière, ça a beaucoup bu. j'ai pris une navette parking à minuit, 150 personnes totalement bourrées, impressionnant. Ils hurlent, tapent des pieds, c'est Aurillac la teuf.
Et puis moi sur cet énorme tas de fumier, j'ai découvert deux petits bijoux, cela fait du bien, bon ce ne sont pas des événements artistiques majeurs, ce ne sont pas de nouvelles pistes pour l'avenir, mais voilà.
Et puis, tout le monde se parle, échange, la Rue reste un milieu bien sympathique.
A ce propos la co- directrice de Pommerat me fait passer le message, 36 000 € ce sont 13 représentations du petit chaperon rouge, pas 3 comme j'ai dit, et la compagnie n'a absolument pas deux ans de tournées prévues. J'ai fonctionné sur des rumeurs de queue. Merci Anne
Mon dieu, que c'est dur de réfléchir, de penser, d'imaginer la suite, le temps est gris, les canards du hameau croassent, les poules brament, les tiques attendent dans les arbres, Le jour il fait 26°C, le soir 15°C, pas facile de bien s'habiller. Le cantal vieux est à 12,90 € le kg, moins cher que le comté, l'épicerie Vival près de la place Gerber a fermé, On a aperçu Jean Marie directeur avec son bébé dans les bras.
J'ai croisé une fille aux yeux bleus dont je ne me souviens plus du nom, peut être la copine de Didier Super, pouvez- vous me le dire ? Le soir, je dois jeter tous les tracts récoltés dans la journée, j'essaye de donner 5 € aux manches quand cela me plaît, 2 € quand c'est moche.
J'ai demandé à un groupe déambulatoire combien rapportaient leurs manches : premier jour 6 € , second jour 12 €.
J'arrête de vous ennuyer, je ne comprends pas ma manie de vouloir partager mes états d'âme, mais je vous rappelle que je n'ai jamais été en psychanalyse, sans doute parce que je vide mon cerveau tous les jours,
Jacques Livchine
metteur en songes
L'homme descend du songe