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[rue] Chouette, une polémique ! Merci Jacques !


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  • From: Christophe Vignal < >
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  • Subject: [rue] Chouette, une polémique ! Merci Jacques !
  • Date: Tue, 27 Aug 2013 09:10:05 +0100 (BST)
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Bonjour !

     Je suis Tof, de Portez-vous bien cie! 18 Aurillac(s) au compteur. Participé au premier (?) lieu collectif d'Eclat avec Tapis Franc, Les Chercheurs d'Air, les Deux Pas Sages, la Salamandre, Okupa Mobil, les Mange Cailloux, Chantier Mobil, Gino Rayazzone, Paulo Anarkao... nombre d'autres suivront. Bref, Pas encore un dinosaure, mais déjà un vieux con.
C'était un chouette lieu en bord de Jordanne. Ne cherchez pas la pastille, maintenant c'est un parking tout moche.

         Je n'étais cette année à Aurillac ni avec le Propre de l'Homme, ni avec Parlons Cash !, ni avec Vente Aggravée, ni Captain Zed (voilà pour la pub). Je ne ferai pas le déplacement les années suivantes.


Mes raisons:

          J'avoue que mes spectacles ne sont pas assez bons pour retenir l'attention d'une personne qui en aura vu déjà quatre à cinq avant le mien dans la journée (et je ne vous parle pas des 3 et 4eme jour...); et sans doute trop médiocres pour être jugés recevables par les acheteurs qui les jaugent en 3 à 8' (les pauvres!).
Et puis pour mon travail, ça n'en vaut plus la peine. Un seul exemple: Lors de mon ultime passage, "Le Propre de l'Homme" reçoit sur quatre jours deux standings ovations et 0 contacts dans un lieu plutôt pas trop excentré, et prend 21 options en deux représentations un lundi la semaine suivante au Grand Bornand (Festival au Bonheur des Mômes).

      Par orgueil. Combien coûte l'aventure ? Vous avez fait vos propres additions. J'ajoute que ça me fait mal aux fesses d'acheter le programme, de payer pour être dans le catalogue (une page par spectacle obligatoire !), et de me faire entuber par les CEMEA.

      Par avarice: difficile de déclarer toutes les heures de mon équipe et les droits qui vont avec.

      Par envie... de transparence. Je regrette l'omerta sur les budgets, les cachets, les salaires les frais de bouche et de réception, ça me rappelle trop la Vème.

      Par colère: Si vous divisez la jauge par la manche, vous obtenez une moyenne de 20 à 30 c d'euros par spectateur. Le festivalier qui a vu trois spectacles dans la journée aura dépensé moins de 1 euro pour les artistes... et combien en aligot, bière, camping, essence, fariboles au "marché artisanal", drogue, etc ?... Pas envie d'engraisser à mes dépends les commerçants UMP du centre ville (en tout cas pas ceux d'Aurillac).

      Par luxure. Les filles sont moins couvertes quand il fait beau et chaud que sous une pluie glacée... et puis on emballe pas fort quand le plan se termine sous une tente mouillée, un camion crado ou une chambre de foyer Cemecotra.

      Par gourmandise: J'aime manger du frais... même après le 2 ème jour de festivités !

      Par paresse: Pas envie d'arriver deux jours (trois) avant l'ouverture dans l'angoisse de trouver une place pour mes affiches.

      Parce que je n'aime ni les grand messes, ni les papes, les cardinaux, les dogmes et l'appareil liturgique.

      Par panache. Dénigrer le saint des saints est véritablement contre productif commercialement.
Par amour pour Eclat. Je me dis que si un max de cies trouvent le moyen de ne plus y être, peut-être que le festoche retrouvera un semblant de convivialité.

      Par jalousie. C'est connu, la cie la mieux payée du festival, en IN à chaque édition, c'est la Cie des CRS.

      Par amitié pour les copains. Fatigué du choix cornélien de chaque soirée: dois-je prendre le temps de profiter d'un ami que je n'ai pas vu depuis longtemps et rater tous les autres; ou bien passer un bref moment superficiel avec chacun le temps de lui imposer la couleur de mon succès et nourrir mon buzz ?

      Par respect pour les acheteurs de spectacle. Pas le goût de chasser le pro pour lui fourguer l'envie de se déplacer jusqu'à ma pastille en moins de 3'. Pas la force de faire semblant de croire à son enthousiasme fatigué.
      Par respect pour les saltimbanques. Vous savez, cette espèce en voie de disparition qui gagne sa vie à la manche, subit le mépris de notre profession et ne trouve plus d'espace pour se produire entre nos parades calibrées et nos déambulations tractales.
      Par respect pour mon travail: lassé de jouer dans des conditions détestables si je n'ai pas tout misé sur une cour.
      Par respect de ma parole: A quoi bon se rendre sur place pour participer au chœur des critiques les plus avisés de notre hôte ?

      Par esthétique: les rues couvertes d'affiches, les sols de tracts, ça m’écœure. Ca va au contraire des valeurs que je défends dans mes créations.
 
      Par citoyenneté. Assumer l'accueil qui est fait aux authentiques oua-ouaches, la réponse policière, et la figure que prend la rue cette semaine là, bof.

      Par équité. J'ai tenté avec un collectif une fois de puiser dans le chapeau des cies pour payer au service de tous un technicien, une chargée de diff, le logement et une bouffe décente pour nos bénévoles; en bref tous ceux qui n'avaient rien à vendre pendant le festoche. J'ai dû affronter l'ire d'une bonne partie de mes collègues (heureusement pas tous). Cette année ça nous a fait un peu de pub, nous étions "la cour des enculés", "Scandale: les artistes doivent payer pour jouer" lisait-on... c'est bien ce qu'on fait tous là-bas, non ? C'est le sens du partage de la recette qui m'échappe.

      Par sécurité. Impossible pour moi de signer une décharge de responsabilité quand l'équipement du site par les services techniques débordés est défectueux.

       Par manque de courage: dur d'affronter l'amertume générale si jamais on rentre bredouilles.

      Par renoncement. J'ai tenté sur place de participer aux débats, de monter d'autres façons de vivre ce festoche et me suis épuisé sans résultat.
 
      Par ennui. Il est fini le temps où l'on se retrouvait avec quelques cies pour inventer une grosse connerie d'un soir, un bon gros bordel show à l'arrache, à oser dans la rue ou au bar à champagne. Plus personne ne veut risquer d'être ridicule alors qu'il a un spectacle -souvent comique- à promouvoir sérieusement.

       Par manque de goût pour les arnaques foraines. La champagne est amer quand je le paie -cher- deux fois. Une fois par la présence de ma cie qui sert la notoriété du festival et une seconde avec ma manche quand elle s'assèche au bar où il faut être pour tenter de se saoûler avec un gros poisson pas frais.

      Par dégoût. Je n'aime ni les férias, ni l'odeur de la pisse mêlée à celle de la friture et du vomi.

      Par égoïsme. Elles sont magnifiques ces cours collectives. Pourquoi les offrir à Eclat plutôt qu'ailleurs ? Moi je préfère ailleurs, d'autant qu'il y a des tas de chouettes ailleurs plus près de chez moi.

     Surtout, parce que je n'en ai pas besoin, car comme nombre de cies je vis très bien de mon travail sans passer par la case supermarché.

      Et enfin: Par manque de temps ! J'ai trouvé bien mieux à faire à la même période.

Je vous raconte ça dans une prochaine bafouille...

En attendant, cordiales salutations !

Tof



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