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Re: [rue] Histoire de nourrir le débat


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  • From: "x.montserrat" < >
  • To: estoires < >, 'Llistacarrer' < >
  • Subject: Re: [rue] Histoire de nourrir le débat
  • Date: Sun, 22 Dec 2013 23:29:58 +0100

Estoires,

Je respecte tes opinions, mais je pense que tu n'as aucune idée de ce dont tu parles et tu t'entêtes à provoquer.

"L’art et la culture financés par l’argent public. Ça me rappelle le bon vieux temps de l’URSS et de ses protégés (Staline, Jaruzelski, Honecker…). Bref, le bon vieux temps. Une activité n’ayant qu’une source de financement est forcément inféodée à son maître !"

Tes mots me font penser à la phrase "con Franco vivíamos mejor" (avec Franco on vivait mieux). J'espère que tu connais la différence entre fascisme et communisme. Et que tu es bien conscient que dans ton pays la culture, même dans les maisons de retraite, est financée par de l'argent public. Directe ou indirectement.

Un peu d'Histoire : Sais-tu que le premier état en établir des relations diplomatiques avec l'Espagne franquiste ce fut la France ? Et qu'encore aujourd'hui l'état français ne reconnait pas la République Espagnole renversée par les militaires ? D'ailleurs, ce fut aussi le premier pays en reconnaître Juan Carlos I comme roi des espagnols sans tenir compte de celui qui l'a instauré et moins encore à qui cet arrangement a bénéficié. As-tu entendu parler de la "loi du point final", autrement dit "les pactes de la Moncloa" ? En Argentine il y a des procès. Chez nous, c'est interdit.

Je te propose de sortir de ton cocon, de renouveler ton passeport et de faire un tour. Tu verras que les sources de financement de la culture sont infinies mais insuffisantes. En même temps, la misère grandit, et la répression pour la calmer avec.

Aujourd'hui l'on nous dit que l'on a vécu au-delà de nos possibilités (je dois être le seul à ne pas l'avoir fait, c'est pour ça que depuis quinze ans j'habite en France, près de la frontière, au cas où ...).

Revenons à l'argent public :
En Espagne, contrairement qu'en France, l'intermittence n'a jamais existé et l'on ne sait pas ce que c'est.
De même que le droit à la formation pour les artistes et les techniciens, ça n'existe pas. Si tu veux te former, tu le payes. Aujourd'hui un Master peux te couter jusqu'à 6000€. Les bourses sont pour ceux qui ont des ressources et non pas pour ceux qui en ont besoin.
La retraite des artistes est financée par des fondations privées.
Les congés spectacles : quoi ?
La médecine de travail ? Aïe !
T'as eu un accident ? C'est de ta faute. Paye.

Les compagnies en Association sans but lucratif ? J'aurais dû être artiste en France depuis le début et créer ma propre compagnie plutôt que de me faire chier à créer une entreprise culturelle en Espagne (en SL. Mes amis ont dû créer une SA), perdre tout mon argent et celui de ma famille, être obligé à travailler pour 3€ de l'heure au black et au même temps, cotiser en tant que travailleur indépendant tout en payant les charges et impôts, même sans avoir des chiffres d'affaires. Travailleur indépendant même si je travaille pour un employeur.
Au cours de 2012, seulement dans la ville de Barcelone, se sont effectués 3.267 expulsions pour non payement de loyer. En même temps, les entités bancaires avouent qu'elles disposent d’un million d'appartements vides : http://directa.cat/noticia/hem-tocat-sostre-habitatge-estat-d%E2%80%99emergencia
La TVA appliquée à la culture. Elle est à 5% en France ? Merde, à moi on m'applique le 21% et je ne reçois pas de contrepartie !! Et merde encore, j'ai des créditeurs à payer et c'est moi l'entrepreneur ! (obligé)
La CAF ? Què és això ? J'imagine que la mère de tes enfants ou bien toi, avez eu la possibilité de demander des allocations qui vous ont aidé à payer la nounou.
Et je ne veux pas te vexer en parlant des scènes nationales, des centres dramatiques, des conservatoires, etc, etc, etc ; seulement te dire que en Espagne les théâtres publics sont pour la plupart gérés par des entreprises privées, toutes déficitaires.

L'éducation publique a un traitement pareil que l'éducation privée et concerté, qui est pour la plupart de fois, en mains de l'église Catholique (qui d'ailleurs, ne paye pas d'impôts).
Aujourd'hui l'on a un ministre qui veux que l'on revienne à l'école d'il y a quarante ans. Si à cela l'on rajoute la nouvelle loi de sécurité mise en place par le ministre de l'intérieur et l'interdiction de l'avortement approuvée la dernière semaine, je te laisse réfléchir ...

"Le « sans culture » n’existe pas. Même dans les contextes les plus extrêmes, les hommes et les femmes se cultivent. J’ai rencontré des résistants de la première heure qui sont devenus des prisonniers politiques. A l’intérieur du camp, les gens n’avaient pas assez à manger mais ils se cultivaient. Il en é été de même dans certains camps de concentration et l’ors de la fameuse bataille de Stalingrad. La culture était une arme et une raison de vivre. La culture, c’est ce qui nous reste quand on a plus rien. Nous, les petits enfants gâtés de la société de consommation, avons encore du chemin à parcourir pour avoir la force de travailler sous une dictature."

En Espagne on n'a pas besoin d'aller trop loin dans le temps pour parler des camps de concentration, de tortionnaires, de résistants et de prisonniers politiques.
Des camps de concentration, on en a eu jusqu'en 1975. Maintenant on les appelle camps de rétention et les occupants sont les immigrés, les sans papiers.
Les tortionnaires, les plus jeunes ont actuellement la soixantaine et ont des postes dans la police et la guardia civil. Ils sont intouchables grâce à la constitution. Leurs victimes ont du mal à se faire entendre. Il a fallu qu'ils voyagent en Argentine pour que un juge s’intéresse à eux. Le gouvernement espagnol s'en fout.
Enfin, pas besoin de voir des filmes sur Hitler ou Mussolini pour savoir ce que c'est une dictature fasciste. Nous avons eu notre cher Paco, qui a régné pendant longtemps et qui est mort tranquille dans son lit (même si on l'avait entubé). D'ailleurs, tous les "démocrates" ont assisté aux funérailles.

C'est pour tout cela que je ne me sens pas être un "petit enfant gâté de la société de consommation" et continuerai à me battre pour des conditions de travail dignes et pour le droit à la culture comme pour le droit à la santé et à l'éducation.

Xavier Montserrat




El 22/12/13 13:22, estoires ha escrit:

 

 

De : "> [ ">mailto: ] De la part de Xavier Montserrat
Envoyé : samedi 21 décembre 2013 23:42
À : Llistacarrer
Objet : [rue] Histoire de nourrir le débat

 

Bonsoir,

Déjà que l'on se debat pour debattre, allons voir comment se passe ailleurs...

Parfois, j'ai l'impression que l'on a plutôt tendance à cracher dans la soupe qu'à se battre pour ce qui nous permet de vivre de ce que l'on aime. 

N'attendez pas le FN pour vous rendre compte.

Xavier Montserrat


 

De la Culture de la Transition à la mort de la Culture

http://coordinadoradelespectaculo.blogspot.com.es/2013/05/de-la-cultura-de-la-transicion-la.html#more

 

Beaucoup s'est parlé de la Culture de la Transition. Une _expression_ qui définit le pacte social, mis en scène dans les pactes de la Moncloa, sur lequel il fallait édifier un nouvel état du bien-être en partant des ruines du Franquisme. La conséquence de ce pacte a été la démobilisation et une institutionnalisation progressive des principales organisations de la gauche antifranquiste. Institutionnalisation qui a été liée à un processus d'assimilation à une monarchie parlementaire constitutionnelle, bien qu'il faudrait plutôt dire libérale que constitutionnelle et qui, si elle a cédé certaines quotas de pouvoir à cette gauche apprivoisée, elle a maintenu intactes les aspirations de ceux qui détenaient le pouvoir durant la dictature.

Cette monarchie parlementaire a promu et fomenté une culture de la corruption, du coup de balle, et du copinage et le trafic d'influences. La culture que la crise globale a mis en évidence.

Maintenant ils nous disent que, pour sortir de cette crise, il faut promouvoir une culture de l'austérité, du sacrifice et de l'esprit d'entreprise.

Les travailleurs et travailleuses du spectacle, qui ont eu un rôle important dans la production des contenus artistiques et culturels qui ont servi à articuler cette Culture de la Transition, ne sont pas étrangers aux conséquences de ce processus que subissent aussi le reste des travailleurs et travailleuses et les couches populaires dans son ensemble.

L'art et la culture sont financés avec de l'argent public, ce qui doit garantir sa richesse et pluralité, en la faisant accessible à toute la citoyenneté et en la dotant des valeurs qu'une société démocratique requiert. Ou ainsi il devait être.

L’art et la culture financés par l’argent public. Ça me rappelle le bon vieux temps de l’URSS et de ses protégés (Staline, Jaruzelski, Honecker…). Bref, le bon vieux temps. Une activité n’ayant qu’une source de financement est forcément inféodée à son maître !

Dans ce sens, les politiques d'austérité appliquées par des gouvernements successifs, ont énormément affecté le secteur, qui voit diminué le volume de production avec une augmentation spectaculaire du chômage.

En même temps, les successives réformes du code du travail ayant comme but d'aider les entreprises à maximiser les bénéfices aux dépens des conditions de travail, ont fragilisé un marché de travail déjà extrêmement précaire.

Mais si nous parlons de la mort de la culture nous ne le faisons pas parce que la culture va disparaître. L'on continuera à produire culture de la même façon que des hôpitaux et des écoles vont continuer d'exister.

Ce que l'austérité, le sacrifice et l'esprit d'entreprise menacent ce sont les valeurs que la culture doit promouvoir dans une société démocratique. Des valeurs qui se rapportent à la santé comme un droit, à l'éducation comme un droit, aux conditions du travail comme un droit, et à la démocratie comme un outil fondamental pour défendre ces droits devant les privilèges des pouvoirs économiques.

C'est celle-là l'importance de la culture et l'importance de la défendre comme l'on défend la santé ou l'éducation, et la défendre depuis la perspective des travailleurs et les travailleuses de la culture, qui ont la responsabilité de lutter pour leurs conditions de travail et en même temps ils ont la capacité d'édifier une nouvelle culture basée sur la solidarité, l'engagement et la démocratie.

Comme le dit l'un de nos slogans : sans culture, cela s'appelle dictature. À cela nous sommes acculés. Pour ce motif, nous ne nous résignons pas, et nous voulons contribuer à encourager une Marée Rouge de la Culture qui mobilise les gens du secteur pour quelques demandes basiques pour la culture, dans un plus ample contexte de lutte contre l'austérité et les découpages. ...

Le « sans culture » n’existe pas. Même dans les contextes les plus extrêmes, les hommes et les femmes se cultivent. J’ai rencontré des résistants de la première heure qui sont devenus des prisonniers politiques. A l’intérieur du camp, les gens n’avaient pas assez à manger mais ils se cultivaient. Il en é été de même dans certains camps de concentration et l’ors de la fameuse bataille de Stalingrad. La culture était une arme et une raison de vivre. La culture, c’est ce qui nous reste quand on a plus rien. Nous, les petits enfants gâtés de la société de consommation, avons encore du chemin à parcourir pour avoir la force de travailler sous une dictature.

 

 





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