Entre un 3ème Reich qui créé un musée de l'art dégéńéré, un front populaire qui pose les prémices d'un ministère des affaires culturelles ou des musées qui visent à rendre publiques des œuvres réservés jusqu'alors à l'élite. Entre les forains qui dépendaient du ministère de l'agriculture ou des arts des rue qui choisissent de s'institutionnaliser, il y a des histoires et des contextes à prendre en compte. Des questions aussi: Qu'est ce qui fait culture? Qu'est ce qu'un artiste ? Et un artiste en colère c'est quoi?
Et un ministère de la culture qui devient ministère de la culture et de la communication, ça signifie quoi? Puisque c'est celui-ci le véritable nom de notre ministère actuel !
Manto
Comédienne et diseuse de bonnes aventures Le 23 déc. 2013 à 10:56, Thierry Decocq <
">
> a écrit :
Salut à tous,
J'ai souvent entendu ce parallèle entre l'existence d'un ministère
de la culture en France et celui qui existait dans les régimes
totalitaires. C'est un raccourci facile et qui n'est pas
totalement désintéressé.
Je rappelle que le ministère que nous connaissons aujourd'hui
n'est pas né sous la 4è (et non, ce n'est pas 1954 - je ne sais
pas d'où vient cette référence) mais en 1959 sous la férule de de
Gaulle et grâce à l'influence de Malraux qui a apporté ce projet
au général et fut le premier à exercer la fonction.
Il s'agissait de réunir des compétences dispersées qui existaient
déjà au sein du ministère de l'instruction publique qui exerçait
sa tutelle sur les beaux arts. Il fallait avant tout réveiller
tout cela et tenir compte de l'importance grandissante de l'art et
de la culture dans le pays, tant dans sa diversité que dans son
développement (on ne connaissait pas la crise à l'époque). Il
s'agissait aussi, on l'a oublié, de penser le développement
culturel et du patrimoine n terme d'aménagement du territoire dans
un pays bien plus morcelé qu'il ne l'est aujourd'hui (n'en
déplaise aux bonnets de toutes les couleurs).
Je sais bien qu'une bonne partie de la gauche de l'époque
considérait de Gaulle comme un fasciste (mais pourquoi
voudriez-vous qu'à 67 ans il entama une carrière de dictateur?).
Quant à Malraux, relisez la condition humaine ou l'espoir pour
juger de ses penchants fascistes!
J'ajoute que la première tentative (avortée) de création d'un tel
ministère date de Léon Blum et du front populaire. En le sachant,
Morano s'insurgerait sans doute que le ministère émane du
bolchévisme (si elle connait ce mot), elle doit être à peu près la
seule (je suis prudent, elle a quelques copains).
Bref, les raccourcis facile nous font oublier l'Histoire, et cela
arrange ceux qui veulent nous plonger dans l'univers orwellien que
nous connaissons aujourd'hui.
Sans le travail de Malraux, il est probable que notre liste
n'existerait pas parce qu'une bonne partie des acteurs culturels
actuels n'auraient pas vu le jour. Sans le travail de Lang, la
Culture serait sans doute réservée à une élite parisienne (même si
Jack Lang contribua largement à la boboisation de la France).
On peut faire de nombreuses critiques au ministère et à ses
déclinaisons en région que sont les DRAC, mais pas celle
d'instaurer un fonctionnement fasciste de la société (ou alors par
dépit si un de vos projet a été rejeté, ça peut alors se
comprendre). Quant à reprocher la mainmise sur le financement de
la culture, je vous rappelle que nous évoluons dans un pays
largement décentralisé, où les compétences de financement public
vont des collectivités locales à l'UE voir l'UNESCO. Et le
financement public ne couvre qu'une partie de la question de
l'économie du spectacle vivant en France.
Cette question est posée an filigrane derrière la question sociale
de l'intermittence (relisez les 2 derniers rapports de la cour des
comptes si vous en doutez).
Je n'ai jamais vu les financements publics comme infamant ni
compromettant. Nous devrions, alors que les compagnies de Rue se
produisent le plus souvent en espace public ouvert et sans
billetterie y être particulièrement sensibles, les financements
publics ne sont que la contrepartie naturelle d'une mission
d'intérêt général que nous portons dans l'_expression_ artistique
(la campagne l'Art est Public n'est pourtant pas si lointaine).
Rien d'une aumône ou d'un asservissement, sauf si vous l'abordez
comme tel.
J'ai toujours tenu ce raisonnement, il est vrai que je fus
rarement subventionné ;)
Bref, il ne faut pas réécrire l'histoire à l'aune de notre société
actuelle. Cette Histoire est bien trop mal enseignée (est-ce un
hasard) alors qu'elle est le fondement de nos droits. Soyons
critique face au ministère comme face à toute institution, mais
sachons aussi en reconnaître l'utilité, sinon nos critiques sont
démagogiques et inutiles. Je prendrais le contrepied de
Beaumarchais: sans liberté d'approuver, il n'est point de critique
pertinente.
@+
Thierry
Le 23/12/13 02:26, monsieursos . a écrit :
Bonsoir,
sans prendre part ouvertement aux ébats sur le
franco-fachisme,
je voulais citer un truc qui me trotte dans la tête
depuis le début de ce fil de discussion :
"un « ministère de la Culture » en 1954 (en France),
c’'est
très-très culotté ! Parce qu'’il n'’y a eu, à ce moment de
l’'Histoire, que
trois ministères de la culture dans le monde. Un chez
Hitler, un chez
Mussolini et un chez Staline. Pour une raison assez simple
à
comprendre : c’'est que la notion même de ministère de la
culture est
totalement incompatible avec l’idée de démocratie.
Je ne vous parle pas d’'un secrétariat d'’Etat aux Beaux
arts, qui
pensionne des artistes officiels comme c'’est le cas
aujourd'’hui ! Je ne
vous parle pas de ça. Je vous parle d’'un vrai « Ministère
de la Culture ».
Parce qu'’un Ministère de la Culture, cela veut dire que
l'’état dit le sens
de la société… et ça, c'’est la définition du fascisme.
Mais eux se disent qu'’il doit y avoir moyen d'’avoir un
ministère de la
culture démocratique. Ce sera forcément un ministère qui
va travailler la
question démocratique en permanence. Ce serait un
ministère de
l’'éducation populaire…..."
Croire que la culture est financée exclusivement avec de
l'argent public, c'est rendre les armes.
Croire que ce sont les professionnels de la Culture qui
font la Culture. C'est participer à l'effacement de
l'intégralité des pratiques artistiques de la population.
"Et c'est bien pour ça que l'Art fait l'objet d'un
ministère".
Croire que l'autorité est dépositaire de la culture,
c'est continuer d'accepter une suggestion puissante qu'on
nous a fait gober depuis qu'on est gosses.
Il y a ceux que ça arrange.
Il y a les autres.
Faire croire que la Culture est un mot singulier, c'est
une entreprise à laquelle s'applique l'État depuis un demi
siècle.
Il y a les cultures, nom commun, pluriel. Financées par
les populations, par leur pratiques collectives et
individuelles, par leur argent (mais d'où il vient
l'argent public ???), leur temps, leur énergie et leur
regard.
(Allez, Olé ! un fable et au lit.)
Jean de la fontaine : les cultures et la culture.
Un Loup n'avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.
"Il ne tiendra qu'à vous beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée
:
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. "
Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse. "
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
"Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien
? - Peu de chose.
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?
- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
"
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.
Solen
Briand
Auteur
de cirque et organe (d'un) des sens
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Pour acceder aux archives, a l'aide, a la conversion de mail, a la page de desinscription : http://www.cliclarue.info/#tabs-8Et pour tout probleme, vous pouvez raler aupres de
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