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Re: [rue] je ne risque pas de me glisser dans le débat... oups, ça glisse.


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  • From: "monsieursos ." < >
  • To: nathalie < >
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  • Subject: Re: [rue] je ne risque pas de me glisser dans le débat... oups, ça glisse.
  • Date: Sun, 12 Jan 2014 11:10:49 +0100

Je te rejoins Nathalie, ça va pas très bien. (Mais c'est pas nouveau, on atteint juste des zones nouvelles)
Mais curieusement j'ai envie de prendre le "geste-anti-système" au pied de la lettre. Peut être qu'il y a quelque chose d'adolescent là dedans et qu'on en veut à nos parents d'être autoritaires... L'émancipation ça se donne pas, ça se prend...

"Un citoyen c'est quelqu'un qui discute, qui écrit et qui vote lui-même les lois auxquelles il décide d'obéir." Je ne sais pas vous, mais moi je n'ai jamais eu l'occasion d'écrire une loi... (à part quand je joue, mais c'est un autre débat)
Le régime politique dans lequel nous sommes fait de nous des enfants. Qui se soumettent à la loi que d'autres on écrit pour eux. (Infans : qui n'a pas la parole... c'est un des premier trucs qu'on apprend aux étudiants en science de l'éducation ;)

C'est à la fois rassurant et inquiétant.

Je voudrais revenir là dessus...
C'est un avis, donc il est très fragile à la critique, mais je voulais vous en faire part, parce que ça fait partie des choses qui me font vibrer.
Je crois qu'on est pris (au piège) dans des logiques de pensées, et je voudrais en pointer une (ou deux) du doigt.

Pour info et pour les prochains coups, c'est un truc : je lis toujours mal.
(Ça m'évite de bien penser.)

Y a des mots que je lis mal.  BANALISATION.

Je sais pas pourquoi, il est tout frais, mais je le trouve puant ce mot. Nauséabond même.

Quand j'ai un doute, j'ai un livre de chevet pour m'éclairer dans ces cas là. Victor Klemperer, LTI, la Langue du Troisième Reich. C'est pas un nazi, c'est un juif (ouf), un linguiste qui a réchappé à l’holocauste (re ouf), et qui parle de la façon dont les mots de Goebbels se sont insinués dans la pensée d'un peuple entier (et dans la sienne sans qu'il s'en aperçoive, oups).
Un manuel de survie (ouf). Très beau (ouf). À lire pour samedi matin sans faute (oups).
(Bien sûr, j'ai rien compris.)

Allez hop un extrait pour voir si on peut en faire quelque chose encore aujourd'hui...

P40. "Le nazisme s'insinua dans la chair et le sang du grand nombre à travers des expressions isolées, des tournures, des formes syntaxiques qui s'imposaient à des millions d'exemplaires et qui furent adoptées de façon mécanique et inconscientes. (...)

Mais la langue ne se contente pas de poétiser et de penser à ma place, elle dirige aussi mes sentiments, elle régit tout mon être moral d'autant plus naturellement que je m'en remets inconsciemment à elle. Et qu'arrive-t-il quand une langue cultivée est constituée d'éléments toxiques ou si l'on en fait le vecteur de substances toxiques ? Les mots peuvent être comme de minuscules doses d'arsenic : on les avale sans y prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu'après quelques temps l'effet toxique se fait sentir. Si quelqu'un, au lieu de dire ''héroïque et vertueux'', dit pendant assez longtemps ''fanatique'', il finira par croire vraiment qu'un fanatique est un héros vertueux et que, sans fanatisme, on ne peut pas être un héros. Les vocables ''fanatique'' et ''fanatisme'' n'ont pas été inventés par le troisième Reich, il n'a fait qu'en modifier la valeur, et les employer plus fréquemment en un jour que d'autres époques en une année."



Allons bon.


Ce que le mot banalisation banalise c'est une phrase comme ça (parmi tant) :

"Le seul moyen qu'a une démocratie de faire taire ces pensées délétères, c'est de renoncer à ce qu'elle est. "

Désolé, j'ai dû mal lire.

Oups oups oups. (Je veux dire, il faut absolument que je lise mal, sinon ça craint du boudin... C'est même carrément dangereux comme phrase).

On a tous compris là où ça coince. (ça va, il y a pas mal d'articles qui en parlent)

La démocratie peut se défendre. Sauf que pour ça, il faudrait d'abord que des gens comme toi/vous/nous, (cultivés, pertinents dans leur analyse, capables de prendre la parole en public), y croient jusqu'au bout...
Parce que là, sinon, elle va devoir se défendre contre toi/vous/nous.

C'est pas une histoire de 'peut-on-rire-de-tout-mais-pas-avec-n'importe-qui ?'.

Cette vieille (banale ?) histoire de liberté d'_expression_ (dont sur cette liste même, certains ont l'air de se foutre) ça ne sert pas aux artistes à pisser sur scène ou à chier dans leur tutu pour faire croire à la démocratie.
Ça sert au corps social à trouver des solutions nouvelles sans écarter a priori les idées opposées à la pensée dominante : parce qu'on ne sait jamais ce qui sera pertinent dans le futur.
La liberté d'_expression_ c'est une nécessité VITALE pour la collectivité sur le plan politique  (pas une déco culturelle de noël pour créateur narcissique.)


Avant qu'on se fasse gober par le mot BANALISATION, citation pour mémoire (le cas est différent, la situation est la même) :

"Je répète ma question principale, (qui me semble rédhibitoire : on ne peut pas y répondre sans tuer la République) : QUI VA DÉCIDER du prétendu « cordon sanitaire » ?

De mon point de vue, le concept même de « cordon sanitaire » est ANTIPOLITIQUE, antidémocratique, despotique : des institutions vraiment démocratiques, par définition, nous imposent de parler précisément à ceux que nous détestons le plus, et elles nous forcent ainsi à démontrer publiquement, de façon construite et argumentée, convaincante pour tous les citoyens spectateurs de cette mise en scène des conflits, l’inanité ou la dangerosité des thèses que nous combattons.

 Ceux qui défendent ce « cordon sanitaire » (le leur, bien entendu…) voudraient gagner la bataille politique sans avoir à prouver qu’ils ont raison à l’occasion de débats publics permanents et variés. C’est la négation même de l’idée démocratique. Que ses défenseurs en soient conscients ou pas, cette position est parfaitement antidémocratique.

 Chacun fait comme il veut, bien sûr, mais pour ma part, je trouve dans cette affaire de nouvelles raisons de me réjouir de n'appartenir à aucun parti, à aucune de ces armées politiques où règne une telle police de la pensée. Homme libre, libre de soutenir toute idée que je trouve utile à l'intérêt général, je ne risque pas de me plier à ce genre d’injonctions comminatoires infantilisantes."

(toujours Étienne Chouard, le monsieur dont je vous ai mis un lien sur un précédent mail ; pour le dernier paragraphe, c'est une autre discussion, à moins que...)


Si problème à régler il y a (oui oui, il y a !) c'est à mon sens dans cette région que ça se passe (certainement pas sur le terrain de l'antisémitisme-sionisme-racisme-terrorisme-complotisme qui pue la vase et la régression politique).


Je vous souhaite une journée sans trop de banalisation de la banalisation et plein d'Isegoria à toutes et à tous ;)





Le 11 janvier 2014 20:14, nathalie < " target="_blank"> > a écrit :
Bonsoir à tous

J'ai bien envie de me glisser tout doucement aussi dans ce débat qui m'a laissé pantoise un bon moment.
Mais à présent une reflexion me vient en tête : tant qu'une société aura besoin d'exutoires racistes et/ou anti quelque chose, sous forme d'humour ou autre, c'est que certains graves problèmes n'ont pas été réglé.
Alors à mon avis le problème est posé sur tout ce que notre belle république n'a toujours pas digéré ou ce qu'elle n'a toujours pas nettoyé dans sa grande culpabilité.
Pour moi l'humour "noire anti-tout" à la Desproges, Coluche, et à la Dieu sait quoi, est le miroir de toutes ces gangrènes non soignées. Après que ce soit interdit ou pas, que cela plaise ou pas, tout cela ne soigne pas les gangrènes, d'après moi.
L'holocauste, la guerre d'Algérie, la création d'Israël, l'esclavage, l'homosexualité, etc...
Notre république est malade, gravement malade, non pas par ce qu'il y a interdiction sur la liberté d'_expression_, mais parce que il y a un besoin d'exprimer de l'ironie, de l'humour noire.
Ca n'enlève pas le talent ou la piètrerie de ceux qui le font.
Les artistes sont le reflet de ce miroir.
Pourquoi on en est encore à caricaturer le juif, le noir, l'arabe ?
Est ce qu'on caricature avec ironie, est ce qu'on fait la satire, des gens qu'on aime ?
Honnêtement ?
En ce qui me concerne, lorsque je vois un couple qui se lance des vannes ironique je me dis au fond de moi qu'il y a surement des problèmes non réglés.
Lorsque je vois un enfant qui se moque d'un autre c'est qu'il y a un soucis : jalousie, besoin de pouvoir, etc...
Si le problème n'est pas réglé la moquerie continue et dégénère.



C'est tout pour l'instant.

Nathalie Paillet



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Solen Briand
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Cie Monsieur Solen
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