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RE: [rue] l'UB j'en ai entendu parler


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  • From: Ronald Brown Lee < >
  • To: Liste Rue Jacques LIVCHINE < >, "Le Fourneau" < >
  • Subject: RE: [rue] l'UB j'en ai entendu parler
  • Date: Mon, 3 Feb 2014 19:42:20 +0100
  • Importance: Normal

Comme d'hab ou plutôt comme souvent, les propos du Vieux Jacques (vieux étant une marque de respect -loin des hypocrites "seniors" ou "3ème âge" dégoulinant de la bonne pensée occidentale ... Non être vieux, ça veut dire qu'on a vécu, qu'on a fait, qu'on a expérimenté, Qu'on a joui, qu'on a aimé....  Même si l'on continue toujours" à vouloir tout. Un vieux, un ancien, ça se respecte. Ici, on l'a presque oublié.. Peut-être à cause des vieux cons... Pourtant, "Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con..." -proposition mathématique et d'une logique éminemment scientifique- L'âge n'y est décidémment pour rien... que nos vieux soient fiers d'être vieux, la tête haute et l'esprit fort, surtout s'ils gardent encore la verdeur, l'envie, la volonté... ).

Bon je digresse, je digresse ...

Le vieux Jacques, disais-je, nous ramène une fois de plus à l'essence même de ce qui fait l'artiste, les artistes ???
Qu'est ce qui fait un artiste bon dieu ? Qu'est -ce qui fait qu'on puisse se regarder en face, avec un coeur, une âme d'artiste, nom de Bleu ???
Ne serait-ce pas de faire ce qu'on a décidé de faire, comme on le veut, avec qui on le veut, où on le veut et quand on le veut...
Sans se soucier trop des aspects économiques pour créer, des cachets, des contrats à venir...
Cela, il sera toujours temps de s'en préoccuper plus tard..
Sans cela, que serions-nous ?
De petits boutiquiers?
Des marionnettes agitées pour la propagande de groupements politico-culturels ?
Des mercenaires à la solde de mouvements véreux, à l'image d'un M'bala M'bala -pour recoller à l'actualité- ....
Je ne fais pas l'apologie du dénuement total, ce vieux mythe de l'artiste maudit,  mais il me semble que, même riche, même s'il gagne bien sa vie, l'artiste doit accepter, dans un petit coin de sa tête, accepter de vivre pauvre ou de le redevenir. Sinon, cela voudrait-il dire que, sans subventions, sans régimes d'intermittences, sans les subsides de quelque mécène, nombre d'entre nous cesserait d'être artiste ???
Nous cesserions d'écrire, d'inventer, de jouer, de peindre ???
Allons donc, c'est bien plus fort que cela !!!
Il faudra m'enterrer pour que je cesse de brailler ma guitare à la main, que je cesse d'écrire, de m'émerveiller et de me rebeller, de vouloir apprendre, comprendre et transmettre..
Il faudrait nous enterrer ou nous bâillonner. Et encore, les oeuvres de tant d'artistes perdurent depuis la nuit des temps, et bien des artistes enfermés ont continuer à s'exprimer, dans des camps ou derrière des barreaux...
Bien sûr, il est essentiel de conserver nos droits, de défendre nos positions, mais rien ne nous sera jamais acquis, sinon que deviendrions nous ??? Des fonctionnaires de la culture... Des petits chiens-chiens à son maî-maître ???
Soyons libre, c'est une condition essentielle de l'artiste.
Exigeons ce que nous pouvons exiger, en sachant que rien ne nous revient de droit.. Le droit d'ailleurs, surtout pas lui, n'est jamais un acquis . Alors, et spécialement en ce moment où le paysage social se ternit lentement mais sûrement, en ce moment où repointent de vieilles rancunes toujours mal digérées, où les rouages du capitalisme (hé oui, quand même, appelons un chat un chat) nous entraînent de façon inéluctable et récurrente vers des marasmes sociaux et "sociétaux" (que ceux qui sont sensible à la géopolitique, à la pollution, au réchauffement climatique et à la démographie (etc) me prouvent le contraire:  l'avenir montre quand même une drôle de tête (pour ne pas dire une sale gueule)...

Alors, n'attendons rien des autres pour faire ce que nous décidons de faire...
Faisons...
Battons-nous, contre nous-même, contre toutes les forces de régression, de répression, contre toutes les formes de déshumanisation...
Et existons !
Même pas peur !!!

Merci, Vieux Jacques.
Ca fait toujours du bien...


Fred. R
Baladin, peintre de chansons,
Chanteur de rue et des bistrots


http://fanclub-fredr.over-blog.com/




 



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Date: Mon, 3 Feb 2014 16:24:10 +0100
To:
Subject: [rue] l'UB j'en ai entendu parler

J’y étais pas, parce que je pouvais pas
je pouvais pas parce qu’Amiens. 

J’ai juste un truc à  dire, hors escarmouche, et puisque vous semblez tous parler des  commissions et des Cnar etc.  

Je constate que tout ce que j’ai fait de plus neuf et de plus fou selon moi 
ne s’est quasiment jamais fait avec un co- producteur.

Je pense à tous nos premiers spectacles de rue, nés quasiment dix ans avant les festivals, 
On montait le spectacle, avec quasiment zéro moyen, ensuite on le montrait, à perte bien sûr, 
ensuite il y avait des mairies, des fêtes municipales qui le prenaient, quand il y a eu trop de demandes, on a augmenté le prix. 

Aucun des projets de l’Unité n’aurait jamais été accepté par qui que ce soit, parce que, parce que, c’était trop bizarre, 
Qui nous aurait co- produit le théâtre pour chiens ? 
T’imagines Picasso avec son marchand  qui lui dit, j’ai un client, il veut lire ton projet, le client il voudrait quelque chose de pas trop politique, pas trop agressif etc. 
Ou Artaud à la Drac, en rendez- vous, complètement allumé,  il n’aurait jamais de rendez- vous, et se ferait refouler dès l’entrée. 

C’est formidable tout le réseau qui se met en place, mais c’est dangereux pour la création. 

Une fois on a eu 4 co- producteurs, on n’a joué que chez eux, parce qu’on avait écrit le projet, on ne pouvait pas rebrousser chemin en cours de route, c’était une fausse bonne idée, mais on ne pouvait pas reculer, on avait voulu faire comme tout le monde, comme des grands, il y avait les dates un an à l’avance. C’était pas du rater mieux, c’était du raté. 

Le projet A 4 tue la création (cf Frank Lepage). 

On a besoin d’être libre, d’expérimenter sans arrêt des trucs et des machins, voir ce que cela donne, on fait sans arrêt des ateliers des stages, on tâtonne, on va  d’échec en échec et parfois, un des spermatozoïdes s’échappe et trouve l’ovule,  et il y a quelque chose qui naît, pas tous les jours.  
 
Alors l’expertise ?  Le public ?  Il est très mauvais juge, même dangereux, il nous pousse à la facilité.   Les critiques de théâtre, hmmm, les directeurs de théâtre ?  Ils sont rares ceux qui osent. 
J’ai envoyé 300 lettres. “ Vous oseriez prendre notre prochaine pièce, sans avoir lu aucun dossier, sans savoir ce que c’est, juste en nous  faisant confiance” ? Une seule réponse positive  : Serge Noyelle.quand il dirigeait Chatillon;  

Alors nos pairs ?  Oui, mais c’est dangereux, on pourrait faire comme les concours d’architecture, juger le projet sans savoir qui le signe ?  Mais comme j’ai dit plus haut, je ne crois pas aux projets qui disent tout d’avance, le théâtre ça se crée pendant qu’on  le fait. 

Souvent je me dis que si les couples avant de faire un enfant se mettaient à faire un budget prévisionnel sur le coût  général de la naissance, du berceau et des vingt ans d’éducation et d’entretien du gosse, eh bien ils renonceraient. 

En conclusion je dis quoi ?   Je crois qu’il faut ruser, tenter, chercher, et surtout FAIRE , et une fois que le plateau t’a dit oui, alors là tu fais ton dossier, certainement pas avant.

Sacré marécage heureusement il nous reste le désir,   

 


Jacques Livchine
metteur en songes 

06 76 02 08 81

 
L'homme descend du songe






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