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[rue] discours de Alexis de Tocqueville du 28/01/1848, un mois avant la révolution française de 1848…


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  • Subject: [rue] discours de Alexis de Tocqueville du 28/01/1848, un mois avant la révolution française de 1848…
  • Date: Mon, 24 Mar 2014 14:27:33 +0100

Bonjour la rue,

Face au taux d'abstention aux urnes, et aux décisions alarmantes du gouvernement concernant les chômeurs, intérimaires et intermittents, nous avons eu envie de partager avec vous ces quelques extraits du discours de Alexis de Tocqueville, prononcé à la Chambre des députés, le 28/01/1848, un mois avant la révolution française de 1848… 
Pour les plus intéressés, vous trouverez l'intégralité de ce discours sur le lien suivant: 

"Messieurs, je ne sais si je me trompe, mais il me semble que l'état actuel des choses, l'état actuel de l'opinion, l'état des esprits en France, est de nature à alarmer et à affliger. Pour mon compte, je déclare sincèrement à la Chambre que, pour la première fois depuis quinze ans, j'éprouve une certaine crainte pour l'avenir ; et ce qui me prouve que j'ai raison, c'est que cette impression ne m'est pas particulière : je crois que je puis en appeler à tous ceux qui m'écoutent, et que tous me répondront que, dans les pays qu'ils représentent, une impression analogue subsiste ; qu'un certain malaise, une certaine crainte a envahi les esprits ; que, pour la première fois peut-être depuis seize ans, le sentiment, l'instinct de l'instabilité, ce sentiment précurseur des révolutions, qui souvent les annonce, qui quelquefois les fait naître, que ce sentiment existe à un degré très grave dans le pays. [...]

Si je jette, messieurs, un regard attentif sur la classe qui gouverne, sur la classe qui a des droits et sur celle qui est gouvernée, ce qui s'y passe m'effraie et m'inquiète. (…)

Ce que j'y vois, messieurs, je puis l'exprimer par un mot : les moeurs publiques s'y altèrent, elles y sont déjà profondément altérées ; elles s'y altèrent de plus en plus tous les jours ; de plus en plus aux opinions, aux sentiments aux idées communes, succèdent des intérêts particuliers, des visées particulières, des points de vue empruntés à la vie et à l'intérêt privés.(…)

(…)si le nombre de ceux qui votent pour eux par opinion politique ne décroît pas sans cesse ?(…)

(…)C'est parce que l'intérêt a remplacé dans la vie publique les sentiments désintéressés, que l'intérêt fait la loi dans la vie privée.(…)

(…)Sans doute, le désordre n'est pas dans les faits, mais il est entré bien profondément dans les esprits. Regardez ce qui se passe au sein de ces classes ouvrières, qui aujourd'hui, je le reconnais, sont tranquilles. Il est vrai qu'elles ne sont pas tourmentées par les passions politiques proprement dites, au même degré où elles ont été tourmentées jadis ; mais ne voyez-vous pas que leurs passions, de politiques, sont devenues sociales ? Ne voyez-vous pas qu'il se répand peu à peu dans leur sein des opinions, des idées, qui ne vont point seulement à renverser telles lois, tel ministère, tel gouvernement, mais la société même, à l'ébranler sur les bases sur lesquelles elles reposent aujourd'hui ? Ne voyez-vous pas que, peu à peu, il se dit dans leur sein que tout ce qui se trouve au-dessus d'elles est incapable et indigne de les gouverner ; que la division des biens faite jusqu'à présent dans le monde est injuste ; que la propriété y repose sur des bases qui ne sont pas des bases équitables ? Et ne croyez-vous pas que, quand de telles opinions prennent racine, quand elles se répandent d'une manière presque générale, quand elles descendent profondément dans les masses, elles amènent tôt ou tard, je ne sais pas quand, je ne sais comment, mais elles amènent tôt ou tard les révolutions les plus redoutables ? Telle est, messieurs, ma conviction profonde ; je crois que nous nous endormons à l'heure qu'il est sur un volcan (Réclamations.) ; j'en suis profondément convaincu. (Mouvements divers.)

(…)ce qui fait les grands événements, messieurs, c'est l'esprit même du gouvernement. Gardez les lois si vous voulez ; quoique je pense que vous auriez tort de le faire, gardez-les; gardez même les hommes, si cela vous fait plaisir, je n'y fais aucun obstacle ; mais, pour Dieu changez l'esprit du gouvernement, car je vous le répète, cet esprit-là vous conduit à l'abîme ! (Vive approbation à gauche.)"


L'équipe de la compagnie Les Coulisses à Ressorts,

en colère,

Grenoble.

 



  • [rue] discours de Alexis de Tocqueville du 28/01/1848, un mois avant la révolution française de 1848…, lescoulisssesaressorts, 24/03/2014

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